Le Royaume ici et maintenant !
par Esther BUCKENHAM
« Préoccupez-vous d’abord du royaume de Dieu, et de la vie juste qu’il demande – et Dieu vous accordera aussitôt le reste » (Matthieu 6.33, la Bible en français courant).
« Accorder la priorité aux intérêts du royaume ici et maintenant, c’est tout simplement garder en vue le but… la gloire, et la justice de Dieu » (John Stott).
Quand Dieu choisit son peuple – il y a près de 4 000 ans – pour être un exemple pour les autres peuples, II en attendait un témoignage non seulement dans l’exercice du culte – sa vie « religieuse » – mais aussi dans sa vie sociale. Aujourd’hui encore, notre vie chrétienne est certes orientée vers Dieu Lui-même en tout premier lieu – mais elle s’adresse aussi, tout naturellement, aux autres.
En relisant dernièrement le livre du Deutéronome, j’ai été frappé par l’actualité de ses prescriptions et de ses recommandations, dont chacune mériterait tout un chapitre d’étude ! Il y est question des objets trouvés, de la protection des oiseaux et des animaux, des règles agricoles, des dispositions à prendre pour la protection du public à proximité des bâtiments en construction, de la propreté dans les villages. « Car l’Éternel est au milieu de vous. »
Nous y trouvons aussi les lois sur le mariage et le divorce, le sursis du service militaire pour les jeunes mariés, sur les taux d’intérêt… ou plutôt sur l’absence d’intérêt à demander dans le cadre de la famille. Les maladies contagieuses (quel sujet d’actualité !) ainsi que les relations sexuelles y sont également traitées. La réglementation des salaires, les droits des immigrés, les soins aux orphelins et aux veuves trouvent aussi leur place. On peut affirmer que Dieu s’occupe de tous les aspects de la vie de Son peuple. Même les « découvertes » relationnelles modernes y ont leur place, telles les « réunions d’expression » en dehors des heures de travail, aux portes de la ville.
Il me semble que Jésus Lui-même a apporté ce même souci à l’organisation des détails de notre vie quotidienne. L’exemple qu’il nous a laissé est si riche en enseignement, qu’il nous faudrait longtemps pour en épuiser les réserves. Je ne ferai pas ici la liste complète de ces activités, mais j’essaierai simplement de dégager quelques principes essentiels.
Nous savons tous qu’à l’âge de 12 ans, Jésus était apte à dialoguer avec les docteurs de la loi. Il avait les connaissances d’un docteur en théologie, l’assurance et « l’aplomb » d’un maître-enseignant – un digne interlocuteur pour les conducteurs du peuple ! Et pourtant, jusqu’à l’âge de 30 ans, sa vie s’est trouvée remplie de « petites choses » – si petites qu’aucun journaliste, aucun historien, ne nous en a laissé le récit. Malgré ses connaissances approfondies de la loi et des prophètes, de la poésie et de la philosophie, c’est le silence ! Ensuite, nous sont rapportées les « petites histoires » qu’il a racontées… simples ? Oui, mais chacune de ses paroles était imbibée d’une telle réalité que l’effet en est bouleversant jusqu’au fond de nos êtres.
1. Jésus ne s’isolait pas dans ses connaissances
Ses amis étaient des pécheurs, des prostituées, des huissiers, des pauvres, des riches, des justes et des mécréants, des brigands, des hommes, des femmes, des enfants… Jésus n’a pas reconnu de barrières sociales, de distinctions de classe. Ce qui l’intéressait c’était la personne, non le rang social. Et dans chacune de Ses rencontres, il a manifesté un respect profond pour chacun, sans tenir compte de ses origines, de son arrière-plan social ou politique. Puissions-nous, comme Lui, offrir au monde une amitié désintéressée.
2. Jésus a appliqué la thérapie de l’accueil
II n’avait pas de foyer, pas de bureau, pas de téléphone. Il n’avait pas d’ordinateur, pas de Minitel, pas de secrétaire, pas de salle d’attente. Mais là où II se trouvait, Jésus recevait… Il recevait jour et nuit. Quelquefois c’était sur la plage, quelquefois dans un jardin, dans les champs de blé, ou dans la maison d’un ami. Même sur la croix, au milieu de Ses souffrances, II a su recevoir et sa mère et le disciple qu’il aimait, pour les mettre dans une nouvelle relation de vie. Puissions-nous, comme Jésus, offrir au monde une oreille qui écoute, des mains qui donnent, un coeur qui aime !
3. Jésus n’a pas toujours pris la place de donateur : II a accordé aux gens la joie de donner !
Lisez les Évangiles ! Vous serez peut-être étonnés de voir combien Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, le Roi de la terre, acceptait de recevoir. Il serait intéressant d’étudier les dons qu’il a reçus : de l’eau, du parfum, un repas, du poisson, du pain, un lit… Il a accepté qu’on Lui prête une ânesse, II a accepté tant d’expressions d’amour – une main forte pour l’aider à porter la croix. La liste n’est pas exhaustive !
Dans notre vie sociale de tous les jours, savons-nous accepter des autres ? Faut-il que nous soyons toujours en position forte – de donateur ? Puissions-nous, comme Jésus, recevoir avec reconnaissance, joie et humilité, les dons de nos frères, de ceux à qui nous aurions voulu donner !
4. Le comportement de Jésus avec les personnes qui l’entouraient n’était pas influencé par leur réaction à ses paroles
Comme nous sommes sensibles… pour ne pas dire susceptibles ! Si nous ne sommes pas appréciés, si nous sommes critiqués, brusqués, blessés, combien vite nos coeurs deviennent durs, et notre attitude négative.
– Jésus a aimé le jeune homme qui refusait de le suivre.
– Jésus a parlé du mystère de la sainteté avec une femme pécheresse.
– Jésus refuse le moment psychologique pour saisir la gloire.
– Jésus confie à Pierre – qui vient de Le renier – une tâche « clef ».
– Jésus accepte que Thomas, avec toutes ses faiblesses et ses doutes, Le touche.
– Jésus accepte, sans amertume, d’être délaissé par ses disciples dans ses moments d’angoisse.
Puissions-nous, comme Jésus, fonder notre comportement non sur l’attitude de l’autre, mais sur les exigences de Dieu, dans la sainteté et dans l’amour. L’aide du Tout-Puissant nous est promise pour y parvenir.
5. Jésus insistait sur l’importance de la famille et de l’entourage
Nous ne pouvons pas tout faire, pour tout le monde. Malgré les appels que nous recevons de « l’extérieur », nous avons à commencer chez nous, et à prendre soin de notre vie de famille, de notre vie locale. Ce que Jésus nous demande n’est pas toujours simple ou évident : André doit s’occuper de Philippe, Pierre de sa belle-mère, Zachée des personnes qu’il a escroquées, la femme samaritaine doit s’occuper de tout son village, les disciples de la nourriture et des moyens de transport. Tout cela prend du temps, de l’argent, de la patience – et aussi de la grâce.
Puissions-nous, comme Jésus, savoir nous occuper d’un enfant en détresse, d’une femme malade ou solitaire, d’un handicapé, ou de quelqu’un qui hésite à s’approcher du Seigneur – ou même de nous. Puissions-nous, comme Lui, avoir un coeur tendre, pour que ceux qui sont sur notre chemin de tous les jours, se trouvent en Sa présence !
6. Jésus Lui-même nous dit : « Allez partout dans le monde… »
Notre tâche ne s’arrête évidemment pas à notre famille, à notre rue, à notre église ! Le Dieu qui s’occupe des détails de propreté de l’environnement – des relations familiales – des attitudes que nous adoptons – s’occupe aussi des nations. Il s’occupe des étoiles, des anges, des armées célestes ! Il ne faut jamais perdre de vue la grandeur de Dieu, tout en appréciant ses tendres soins pour chaque détail de notre vie. Pour être des chrétiens équilibrés il faut retenir ces deux visions de Dieu, qui en sa personne réunit tant d’attributs et de splendeur.
« Qui donc a méprisé le jour des petits commencements ? » (Zacharie 4.10).
Les petits commencements ? Oui – et les détails de la vie- qui nous conduisent à la vision de Jean lorsqu’il écrit au sujet de la nouvelle Jérusalem : « Je n’y vis pas de temple, car le Seigneur Dieu Tout Puissant est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville n’a pas besoin ni du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l’éclairé, et l’Agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. » (Apocalypse 21.22-24).
Puisse la gloire de Dieu éclairer nos vies dans leurs plus profondes ténèbres, afin que la vie juste qu’il demande nous préoccupe avant toute chose. Là où la gloire de Dieu éclate, les hommes marcheront à sa lumière, et les grands de la terre apporteront leurs offrandes.
E.B.