3615 code JOB
par Francis Bailet
Non, ne branchez pas votre minitel…
Ouvrez plutôt votre Bible au chapitre 36 du livre de Job, versets 15 et 16.
Ce texte est difficile à traduire, comme nous pouvons nous en rendre compte en examinant les nombreuses variantes proposées par les différentes versions. La transcription suivante exprime l’essentiel des différentes leçons habituellement proposées :
« Mais Dieu délivre le malheureux dans son malheur. C’est par la souffrance qu’il lui parle et l’avertit. Il te retirera aussi de la détresse pour te mettre au large, en pleine liberté, et ta table sera chargée de mets succulents. »
Ce texte nous enseigne deux choses : la grâce de Dieu dans l’épreuve et le rôle éducatif de l’épreuve. N’opposons pas ces deux enseignements que nous retrouvons par ailleurs dans toute l’Ecriture. Recevons-les de la part du Seigneur et nous serons vraiment ses disciples.
La grâce de Dieu dans l’épreuve et sa puissance pour nous en délivrer
L’épreuve est au programme de la vie du croyant. Le Seigneur a averti ses disciples : « Vous aurez des tribulations dans le monde » (Jn 16.33). Les apôtres exhortaient les nouveaux convertis à persévérer dans la foi et les avertissaient que « c’est par beaucoup de tribulations qu’il faut entrer dans le royaume de Dieu » (Ac. 14.21-22). La foi ne nous épargne pas les difficultés. Bien au contraire, car la foi est aussi un combat que nous menons contre les puissances du Mal. La promesse du Seigneur est d’autant plus précieuse : « Ayez bon courage, j’ai vaincu le monde ». Dieu ne nous laisse jamais seuls dans l’épreuve. Nous pouvons toujours être assurés de son intervention, de sa protection et de sa bénédiction.
C’est l’expérience de Job. Sept malheurs vont l’atteindre en trois vagues successives. Mais Dieu veille. Job est porté par la grâce du Seigneur et dans son immense douleur il peut dire avec sérénité : « L’Eternel a donné, l’Eternel a ôté. Que le Nom du Seigneur soit béni ».
Nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ?
Plus tard, alors qu’au plus fort de l’épreuve il souhaite mourir et crie sa détresse dans des termes forts et durs, Dieu ne le laisse pas sombrer. Il intervient pour changer les mots du désespoir en paroles d’espérance. Job s’écrie : « Dieu m’a dépouillé… m’a brisé… a arraché mon espérance comme un arbre. Je suis abandonné… je suis oublié… je suis méprisé… » Mais brusquement les mots changent, le Saint-Esprit prend le relais et l’homme brisé par la souffrance et l’humiliation de ses amis peut proclamer comme un chant d’allégresse : « Je sais que moi Rédempteur est vivant et qu’il se lève Quand ma peau sera détruite je verrai Dieu, je le verrai et il me sera favorable ». (lire tout le chapitre 19).
Ainsi, dans sa détresse, Job a été soutenu. Dieu est intervenu à plusieurs reprises en faveur de son serviteur et l’a gardé du désespoir.
Nous savons enfin qu’un terme a été mis à son épreuve. Dieu l’a retiré de la détresse et l’a comblé de bénédictions. Oui Dieu délivre, guérit et sauve. Ses promesses sont certaines. Nous pouvons nous les approprier avec confiance. « Le Seiqneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux » (2 Pi. 2.9). Sa puissance pour guérir et opérer des miracles en faveur de ses enfants est toujours la même.
A tous ceux qui souffrent et pleurent nous pouvons dire avec force et compassion : « Prenez courage, Dieu est là. Vous n’êtes pas abandonné, ni oublié ». Ce n’est pas en vain que nous ferons appel à lui. Au jour de la détresse, nous pouvons crier, il nous répondra et nous le glorifierons (Ps. 50.15).
Le rôle éducatif de l’épreuve
Cependant la délivrance de l’épreuve n’est pas une garantie absolue. Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux nous rappelle qu’un grand nombre de croyants sont morts sans avoir obtenu ce qui leur était promis. Leur foi était grande et pourtant ils n’ont pas été délivrés. Certains ont été lapidés, torturés, persécutés, maltraités, chassés… Dieu avait en réserve quelque chose de meilleur pour eux (Héb. 11.13, 37-40).
Dieu est souverain. S’il permet l’épreuve c’est certainement pour notre bien. Les difficultés que nous rencontrons sont utiles pour notre éducation. L’école Dieu c’est aussi l’école de la souffrance. Dieu nous traite comme des fils et comme tels nous corrige pour notre bien (Héb. 12.4-9). L’apôtre Jacques nous encourage même à « regarder comme un sujet de joie parfaite les diverses épreuves auxquelles nous pouvons être exposés, sachant que l’épreuve de notre foi produit la patience » (Jac. 1.2).
L’apôtre Paul apporte le même enseignement quand il déclare : « Nous nous glorifions même dans les tribulations sachant que la tribulation produit la persévérance » (Rom. 5.3).
Nombreux sont les croyants qui peuvent rendre témoignage des bienfaits de l’épreuve. Au travers des difficultés matérielles, de la maladie, du deuil, Dieu leur a parlé et leur a fait du bien. Comme Ezéchias ils pourraient dire : « Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut » (Es. 38.17). C’est dans l’adversité que se manifeste la réalité de notre foi. C’est dans l’affliction que nous apprenons à nous connaître. Par son épreuve Job — homme intègre, droit et fidèle — a découvert l’état véritable de son cœur. Il a appris à se connaître. Il a appris à connaître Dieu. « J’avais entendu parler de toi, dira-t-il, mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 42.4-6). l’épreuve a fait son œuvre en profondeur. Job, enfin vaincu, sort vainqueur, pleinement vainqueur.
Oui, Dieu nous parle par la souffrance et nous avertit. Les épreuves façonnent notre être intérieur. Elles nous permettent aussi de démontrer comme l’a fait Job que nous aimons Dieu pour lui-même et non pour les bienfaits qu’il nous accorde.
Ne négligeons donc pas cet aspect important de l’enseignement des Ecritures. Auprès de nos frères ne soyons pas des médecins de néant. Ne les trompons pas en leur annonçant un Evangile de vie facile, de prospérité magique, comme le font aujourd’hui certains groupes à la périphérie des milieux évangéliques. Annonçons tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher. Soyons remplis de compassion devant toute détresse, disponibles entre les mains de Dieu pour guérir et délivrer par sa puissance et par sa grâce, humbles et sages aussi pour comprendre que les voies de Dieu sont parfaites et « que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui l’aiment » (Rom. 8.18).
Ne regardons pas seulement aux choses visibles, les afflictions, les détresses, les souffrances du temps présent. Regardons à ce qui est éternel. L’important c’est que notre être intérieur se fortifie, s’édifie, et se transforme toujours plus à l’image du Christ devant lequel nous allons bientôt paraître Nous ne sommes sauvés qu’en espérance. Nous attendons encore la rédemption de nos corps. Mais une certitude est dans nos cœurs, qu’aucune circonstance ne peut nous enlever : « Quand il paraîtra nous lui serons rendus semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». (1 Jn 3.2).
F.B.