Editorial du n°2 Mars-Avril 1990
Couleur dominante
Par Jean-Pierre BORY
Il est tard. La table est recouverte par de multiples papiers, textes, illustrations, qui dans quelques jours constitueront, tous ensemble, un journal. Mais pour le moment, sous la lampe de bureau, tout cela ne forme qu’une sorte de grand patchwork, un assemblage de pièces disparates, de textes sans rapport les uns avec les autres.
En effet, qu’y a-t-il de commun dans ce que vivent les églises en Amérique latine en 1990, Mary femme de pasteur, une communauté d’Asie au 1er siècle, une épouse abandonnée, etc. ? Et pourtant, tout cela n’est-ce pas la vie ? Des moments de vie qui peuvent différer autant que tes couleurs de l’arc-en-ciel ?
Mais parmi ces couleurs, celle de la souffrance semble dominer : solitude, maladie, deuils, tentations…
Dans le Psaume 27, David aussi passe par des phases bien diverses : il commence par clamer sa certitude : « Dieu est ma lumière, mon salut, mon refuge ; de qui aurais-je crainte ? » Dans la 2e strophe, sa joie le transporte au septième ciel ! Mais la chute est rude : le 3e couplet est un appel désespéré : la souffrance s’est installée en lui sous forme de doute, de sentiment d’abandon, de culpabilité ; Dieu l’entend-il encore ?
Pourtant, dans la nuit, il se souvient en quel Dieu il s’est confié : et sa plainte s’interrompt sur un cri inachevé, une supposition dont il n’ose même pas tirer la conclusion tant elle serait désespérante : « Si je n’étais pas sûr de contempler la bonté de l’Eternel sur la terre des vivants… »
Une hypothèse absurde ! La bonté de Dieu ne s’efface, ni ne faiblit jamais ; l’horizon de David s’est éclairé quand il s’est souvenu de la permanence de la miséricorde et de l’amour de son Dieu : « L’Eternel me recueillera » (v. 10) ; alors la conclusion vient d’elle-même : « Fortifie-toi, espère en l’Eternel. »
Dans la mosaïque de nos vies, les incertitudes de l’avenir, une réalité présente d’un noir d’encre peut-être, le secours plein de bonté de notre Dieu nous est assuré : voyez plutôt 36 15 code Job !
Jean-Pierre BORY