Des fleurs pour le dire, l’amour pour le faire
Frédéric et Danielle Sturm
interviewés par Esther Buckenham
Frédéric et Danielle Sturm habitent dans une banlieue parisienne. Ils sont mariés depuis 24 ans et ont trois grands enfants. Frédy est ancien dans son assemblée, et président de l’association cultuelle qui couvre administrativement les activités de cette assemblée. Aidé de façon admirable par sa femme, il rend des services qui ne se limitent pas aux contours immédiats de son église. Ensemble, en une équipe harmonieuse où la bonne humeur et le rire sont à l’honneur, ils sont toujours prêts à « mettre la main à la pâte ».
Frédy, depuis longtemps tu fais partie de l’Assemblée des Gobelins, et depuis de longues années tu as beaucoup de responsabilités. Peux-tu nous parler un peu de tes débuts à Paris ? Pourquoi as-tu quitté ta région d’origine, l’Alsace ?
F.S. : Mon apprentissage d’horticulture s’est effectué dans la banlieue de Strasbourg. Je me suis converti à Strasbourg, suite à une campagne d’évangélisation de la Ligue pour la Lecture de la Bible.
Pour acquérir d’autres connaissances j’ai « roulé ma bosse ». Après un séjour de deux années en Suisse, ma curiosité florale m’a amené à Paris. Depuis, je suis détaché physiquement de l’Alsace !
On me dit que, jeune homme, tu évangélisais souvent par le moyen du flannellographe : où et comment ?
Au début de ma vie d’église aux Gobelins, l’assemblée avait organisé des cours sur l’enseignement des enfants. Nous avons uni nos connaissances ainsi acquises et les avons mises en pratique : tous les dimanches après-midi, nous nous rendions à Pantin, dans une grande cité HLM. En plein air, le flannellographe était très apprécié par les enfants. Ensuite, il a été utilisé à l’école du dimanche, dans l’église.
Ta profession m’a toujours intriguée ! Tout jeune tu as choisi d’être fleuriste, et toute ta vie tu es resté fidèle aux fleurs (ton jardin en est le témoin). Tu as d’abord travaillé sur les Champs-Elysées – puis, pendant dix ans, fleuriste dans un des hôtels les plus connus et les plus « chics » de Paris.
Comme chrétien, quel effet cela a-t-il eu sur toi, de rendre encore plus beaux ces lieux de passage pour tant de visiteurs illustres du monde entier ?
Les fleurs, créées par Dieu, nous montrent une face du Créateur. Elles l’expriment par leur beauté, leur pureté, et leur variété, par leurs couleurs et leurs formes. Sans le savoir, l’homme artiste imite le Créateur en construisant des palais luxueux.
Penses-tu que les fleurs peuvent sérieusement porter un témoignage à Jésus-Christ ?
Dieu créa l’homme à son image (Gn 1.27). Ce qui est étonnant, c’est que les fleurs sont toujours installées à la fin de la décoration : c’est la « dernière touche ». C’est ainsi que Dieu introduit l’homme dans sa création divine – pour couronner en beauté ce qu’il a réalisé.
Comment expliques-tu que chaque année ton jardin est un rêve ? As-tu des « doigts verts » – ou est-ce parce que tu parles à tes plantes… ou quoi ?
Je pense que ce n’est ni l’un ni l’autre ; mais je vis avec mes plantes, et je connais leurs besoins (emplacement, nourriture, arrosage, etc.). Pour revenir un instant à la question précédente, je crois que, de même que je vis avec mes plantes, Jésus vit avec nous. Il connaît tous nos besoins. L’apôtre Paul écrit : « Nous sommes devenus une même plante avec Lui ». Dans Matthieu, II dit précisément, en comparant les lys des champs aux habits royaux de Salomon, que lui, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.
Danielle, est-ce que tu es Parisienne ? Où as-tu rencontré ton mari ?
J’ai quitté « mes Cévennes » quand je suis « montée » à Paris pour travailler. C’est à l’assemblée des Gobelins que j’ai découvert une autre région de la France : l’Alsace ! (mon mari…)
Pendant combien d’années as-tu enseigné l’école du dimanche. A ton avis, quel est le besoin prioritaire des enfants ?
J’ai fait l’école du dimanche pendant environ une douzaine d’années. J’ai aussi travaillé, avant mon mariage, en maison d’enfants. J’en ai vu, des enfants ! des enfants de toutes sortes de milieux, avec des quantités de problèmes différents. Tous ont besoin d’amour, de tendresse, de justice. Mais tout cela n’est pas suffisant : j’ajouterai encore quelque chose qui va faire sourire ceux qui me connaissent ! Les enfants ont besoin de sentir au-dessus d’eux une ferme autorité. Ce n’est pas toujours facile de tout réunir, mais je crois que ça vaut la peine d’essayer !
Tu as été aussi mère nourricière pendant longtemps. As-tu compté le nombre d’enfants que tu as aidé à élever ? Aurais-tu des impressions à partager ?
Plus d’une quinzaine d’enfants sont restés chez nous pendant un minimum de deux années. Une bonne trentaine d’autres ont fait des séjours allant de quelques jours à quelques mois. Pendant près de 20 ans, la maison a retenti des cris et des rires des enfants. Depuis trois ans maintenant ces cris et ces rires ont disparu – mais c’est vrai que parfois cela me manque ! Heureusement que les « anciens » viennent nous voir de temps en temps !
Depuis plusieurs années tu as des problèmes de santé. Penses-tu qu’il est « normal » que les chrétiens souffrent ?
Je suis persuadée que Dieu permet la souffrance. Ce n’est jamais très agréable, mais je dois reconnaître que c’est dans ces périodes difficiles que la communion avec Dieu devient plus étroite. Qu’elle soit physique ou morale, la souffrance aide à nous rapprocher de Dieu.
Maintenant que tes trois enfants travaillent, que fais-tu pour « faire passer le temps » ?
Je n’ai pas besoin de « faire passer le temps », tellement il va vite ! Il paraît que notre téléphone sonne souvent occupé ! J’ai aussi un « contrat » avec ma chaise-longue, et je me suis mise à la broderie… et maintenant, mon mari et moi pouvons aller ensemble aux réunions !… et avec nos enfants aussi !
Avez-vous des rêves, des projets, pour votre retraite qui vient de commencer ?
Nous n’avons pas de rêve, ni de projet spécial – mais nous souhaitons rester disponibles pour les besoins qui se présenteront, dans la mesure des possibilités que le Seigneur nous accordera.
Actifs pendant des années parmi les enfants et les jeunes, vous vous occupez aussi de personnes âgées. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune couple qui commence sa vie ensemble, et qui voudrait servir le Seigneur, quelles seraient les trois premières priorités que vous leur recommanderiez ?
1. Vivre le quotidien dans la vérité, la transparence et l’humilité.
2. Rester dépendant de Dieu, sachant qu’il est le pourvoyeur de toutes choses.
3. Marcher ensemble dans sa paix, en étant toujours disponibles.
Merci Frédy et Danielle !
E.B.