Un conflit doctrinal et sa résolution1
lire Actes 15.1-35
par Paul TRAENKLE
L’Eglise primitive… unité et conflits. L’Eglise primitive… une histoire extraordinaire ! Des actes puissants, libérateurs du Saint-Esprit dans le cœur d’hommes et de femmes de la même nature que nous.
L’Eglise primitive… une nouvelle communauté de vie, des têtes de pont de la grâce de Dieu dans un monde qui va à la dérive.
Devant cette réalité, Satan tremble et contre-attaque. Il affirme : Oui, oui… vous avez raison, elle a toujours été combative, joyeuse, pure. Par contre, regardez dans quelle Eglise vous vivez ! Pauvre, infidèle, aveugle, avec des frères et sœurs critiques, insupportables. Ce ne sont pas de vrais chrétiens.
Que faire ? Quitter son Eglise locale, en fonder une nouvelle ? Vivre seul sa foi ?
Béni soit le Seigneur qui ne nous trompe jamais. L’Eglise primitive, oui, une vie et une histoire extraordinaires : des faits réels. Mais le livre des Actes ne nous cache pas une autre réalité, plus complexe, moins triomphaliste et moins ensoleillée, mêlant victoires et défaites, guérisons et maladies, générosité et égoïsme, harmonie et problèmes, unité et conflits.
A. Un conflit doctrinal éclate à Antioche (Ac 15.1-2)
Nous sommes à Antioche, capitale de la Syrie. Ville de plus de 500 000 habitants, appelée « Antioche, l’admirable », la « Reine de l’Orient », la « Troisième capitale de l’Empire romain ». On y côtoie des Juifs, des Grecs et des Romains.
I. Une Eglise florissante
Une Eglise florissante existe dans cette ville, grâce avant tout au témoignage des chrétiens fuyant la persécution après le martyre d’Etienne. La parole est annoncée d’abord aux Juifs, puis aux Grecs (Ac 4.21). Pendant une année, Paul et Barnabas enseignent une foule nombreuse (souvenons-nous que c’est dans cette ville que, pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné aux disciples par les habitants de la ville).
Une Eglise en paix où cohabitent et témoignent ensemble des Juifs convertis, des judéo-chrétiens et des païens convertis, les pagano-chrétiens, ces derniers d’ailleurs de plus en plus nombreux (Ac 14.27). Dieu avait ouvert aux païens la porte de la foi. Par Barnabas, homme droit, rempli d’Esprit Saint et de foi, envoyé à Antioche, l’Eglise de Jérusalem a approuvé pleinement la prédication de l’Evangile aux païens. L’harmonie ! Nous sommes dans les années 49-50 après Jésus-Christ.
II. Un séisme dans l’Eglise locale
Mais voici que quelques hommes descendent de Judée et prennent la parole pour… exhorter ? Non, mais pour enseigner ou, d’après la TOB, pour endoctriner. Ils pointent du doigt les chrétiens issus du paganisme : « Si vous ne vous faites pas circoncire selon la règle de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (traduction de la Bible TOB). Mais eux-mêmes n’avaient-ils pas cru en Jésus ? Si ! A leurs yeux, l’observation de la Loi n’était pas la cause du salut, mais une condition absolue : « Christ » toutes les prescriptions de la Loi.
Comment expliquer cette doctrine ? Pourquoi ces frères troublent-ils ainsi l’Eglise ? Seraient-ils des ennemis déclarés de l’Evangile, de nouveaux Saul de Tarse, prêts à la purifier par la violence ?
Non, la suite prouve qu’ils sont des faux-frères, égarés sans doute, mais tout de même encore des frères.
Alors, pourquoi annoncent-ils « Christ » ?
Première raison : Comme pour Pierre à un moment donné, de fortes résistances intérieures subsistent encore en eux, quant à l’absolue nouveauté de l’Evangile. Relisez Actes 10 : c’est par une vision que Dieu intervient auprès de Pierre et le prépare à rencontrer Corneille. « Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé » (v. 28). Vous savez qu’il est interdit à un Juif de se lier avec un étranger et d’entrer chez lui.
Cette difficulté restait réelle chez beaucoup de Juifs convertis. Ils n’étaient point opposés à l’entrée des païens dans l’Eglise, mais convaincus de la perpétuité et des droits divins du judaïsme. Faut-il s’en étonner ? Par sa conversion, on ne se débarrasse pas d’un coup de baguette magique de tout son passé religieux. Il y a une croissance dans la connaissance de la vérité. Une conversion est une rencontre de la grâce avec Jésus-Christ et non, en premier lieu, un examen doctrinal : reçu, recalé…
Deuxième raison : Une réaction d’orgueil national, racial, des réactions de jalousie (Ac 13.43). Nous, le peuple élu… notre chrétienté maintenant ex-chrétienté, devrait le comprendre : nos frères d’autres races ont-ils toujours été accueillis comme des frères par nous, les blancs ? Oublions-nous la longue lutte d’un pasteur Martin Luther King en Amérique ?
Troisième raison plus ou moins consciente ou calculée : par une telle exigence, la circoncision, on était encore perçu par les Romains comme un Juif, avec tous les privilèges de son statut particulier. Exemple : ne pas être obligé d’adorer l’empereur… donc moins de risques de persécution.
Leur doctrine s’expliquait donc sans doute à la fois par des raisons autant religieuses que très humaines et terre à terre. Dans tous les conflits – et doctrines – il y a souvent une interaction continuelle entre les deux. Bien des fois, la doctrine sert de paravent à l’humain. Vrai ou faux ?
III. L’enjeu du conflit
« II se produisit de l’agitation » (Bible de la Colombe). Le mot signifie soulèvement, sédition. Il y eut « vif débat, une violente discussion » (TOB). Relisez l’épître passionnante aux Galates, écrite par un homme passionné, quelques années plus tard. Paul y dénonce l’exigence de la circoncision comme un autre Evangile, une perversion de l’Evangile.
En effet, il y va :
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de l’universalité du salut : on veut remplacer la porte de la foi, largement ouverte aux païens par Dieu par un tout petit portillon à peine entrouvert, gardé par des sentinelles dures, impitoyables.
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de la liberté nouvelle acquise en Christ, du don de l’Esprit à tous. Savoir que l’eau est polluée ne suffit pas pour la purifier.
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de l’unité du corps de Christ : un seul corps, une seule citoyenneté,
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de la communion fraternelle sans hypocrisie.
Paul et Barnabas s’indignent, une sainte indignation, pour Dieu. En pareille circonstance, peuvent-ils leur répondre par un gentil sourire béat ? Non ! Les deux serviteurs souffrent, parce qu’ils ont une vision très forte de l’amour de Dieu, de sa sainteté, du caractère exceptionnel du don de Dieu. Jean 3.16 : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ».
Ce conflit, ils n’avaient pas le droit de l’ignorer, de le minimiser, de le fuir, de le couvrir par l’amour. Pas de compromis à négocier, pas « d’accord de Munich » doctrinal à signer, car ce conflit a été déclenché par Satan.
IV. Permanence des conflits dans l’histoire de l’Eglise
De tout temps, l’Eglise de Christ a été menacée, secouée, ébranlée par des fausses doctrines, même vaincue parfois localement. Le diable ne désarme jamais, jamais.
B. La résolution du conflit : l’assemblée de Jérusalem
Qui résoudra le conflit à Antioche ? Comment ? Dans quel état sera l’Eglise après ? La réponse se trouve au verset 28 : « L’Esprit Saint et nous-mêmes, nous avons décidé… » (TOB)
L’Esprit Saint, c’est la part de Dieu. Nous-mêmes (les apôtres, les anciens, l’Eglise), c’est la part de l’homme.
« Ensemble, nous avons décidé. » Frères et sœurs nous avons un tel prix aux yeux du Seigneur, qu’il nous a élevés à la condition d’ouvrier avec lui, de collaborateur, d’ami.
I. La part de Dieu : l’action du Saint-Esprit, un don
Un conflit d’une telle nature, d’une telle ampleur et importance ne peut se résoudre sans le Saint-Esprit : « Ce n’est pas à l’homme que nous sommes affrontés, mais aux autorités, aux pouvoirs, aux dominateurs de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux ». (Ep 6.12,TOB).
Relisez les Actes : enlevez de chaque événement l’action du Saint-Esprit. Que reste-t-il ? Très peu, pour ne pas dire rien. Le livre des Actes n’est pas le récit historique des exploits des chrétiens, mais celui des actes du Saint-Esprit en eux, avec eux. « Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, leur promit Jésus avant son ascension, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans toute la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1.8).
Nous avons déjà tous vécu des conflits doctrinaux. Que c’est difficile de ne pas céder à la colère qui monte, de maîtriser ses nerfs et sa langue, de rejeter la loi « œil pour œil, dent pour dent ». Qui le nierait ? Lorsqu’on nous agresse, le vieil homme bondit, mobilise à fond ses énergies naturelles. Le nouvel homme au placard, avec le costume du dimanche ! Plus d’une fois, il m’est arrivé de penser : si je n’étais pas chrétien, combien ce serait plus facile pour moi, maintenant, dans l’immédiat.
II. La part de l’homme : « Nous, les apôtres, les anciens, l’Eglise »
L’Esprit Saint et nous-mêmes… Le Saint-Esprit agit en nous, avec nous, dans le respect de notre personne. Avec notre collaboration libre, active, affective, volontaire. Il nous inspire des attitudes et démarches fondamentales nouvelles : nous marchons selon l’Esprit et plus selon la chair.
Voici d’après le récit, cinq décisions et actions selon l’Esprit. Elles gardent aujourd’hui toute leur actualité.
Première décision et action selon l’Esprit
« On décida que Paul et Barnabas et quelques autres monteraient à Jérusalem trouver les apôtres et les anciens à propos de ce différend » (v. 2). Décision sage, l’Eglise se souvient sans doute de l’exhortation de Jésus : « Etre simple comme une colombe et prudent comme un serpent ».
Prudence vis-à-vis des soi-disant délégués de Jérusalem. Simplicité : aller directement à la source.
Deuxième décision et action selon l’Esprit
Paul accepte de se joindre à la délégation (v. 2). Il aurait pu refuser. Ayant reçu directement son apostolat – dans plusieurs de ses lettres, il le rappelle – avait-il à se soumettre au contrôle des autres apôtres ? Il pouvait directement trancher à Antioche… Jérusalem n’est pas Rome ! Pierre n’est pas le pape ! Dans cette situation, dire oui à la délégation pour Jérusalem c’est dire non à la susceptibilité, à l’orgueil, même à ses droits spirituels. Il ne fausse pas le conflit, ne le complique pas en le personnalisant. Le souci de l’unité, la volonté d’éliminer tout malentendu possible l’animent.
Refus de la personnalisation du conflit, souci de l’unité, sont des preuves de la marche selon l’Esprit
Troisième décision et action inspirée par l’Esprit
Réunion en conseil des apôtres et des anciens et convocation de toute l’Eglise (v. 6). Elle ressort clairement du texte (v. 12), « Toute la multitude garda le silence » et (v. 22) : « Alors, il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu’à l’Eglise entière ». Par là, ils reconnaissent, non pas en paroles et avec la langue, mais en vérité, la nature et la vocation spirituelle de l’Eglise toute entière.
Chacun – tous ! Bien des problèmes concernant l’identité profonde de telle ou telle Eglise locale se règlent en dehors d’elle, entre quelques spécialistes. Le Saint-Esprit ne parlerait que par eux seuls ? Ou, alors, les associe-t-on ? C’est un peu comme au parlement. On recrute des partisans pour soutenir sa thèse. La recherche de la vérité dégénère en campagne électorale. Lorsque l’Eglise se réunit, les clans se durcissent et on entend : « Moi, je suis de Paul, moi d’Apollos, moi de Christ ». Les votes, s’il y a vote, ne sont que des pseudo-choix.
Convoquer toute l’Eglise pour un problème qui la concerne au premier chef, la respecter est fruit de l’Esprit.
Quatrième décision et action inspirée par l’Esprit
Liberté d’expression accordée à tous, écoute vraie ! « Après une vive discussion, Pierre se leva… » (v. 6). Les judéo-chrétiens, les apôtres, les anciens, toute l’Eglise, tous ont le droit à la parole.
Oui, au risque de la liberté d’expression. « Toute la multitude garda la silence et l’on écouta Paul et Barnabas » (v. 12).
Elargissons cette leçon : le climat général des réunions de membres d’une Eglise locale est un très bon test spirituel. Comment réagissons-nous à des critiques, interventions qui nous gênent ? Y a-t-il le respect de l’autre ? Chacun peut-il s’exprimer sans crainte d’être rabroué, humilié ? Une bonne réunion de membres est une réunion où chacun s’est préparé devant Dieu et reste sous le contrôle du Saint-Esprit.
Liberté d’expression, vraie écoute : des fruits de l’Esprit.
Cinquième décision et action selon l’Esprit
Tout le déroulement de cette rencontre prouve que les responsables, l’Eglise, veulent régler ce problème à fond, tant sur le plan doctrinal que sur le plan relationnel : les multiples interventions durant le débat, le soin apporté à une lettre, l’envoi d’une délégation à Antioche… Bien examiner, bien conduire, bien communiquer… On donne tout son temps à la recherche d’une vraie solution spirituelle.
Marcher selon l’Esprit, ce n’est pas improviser, refuser toute réflexion et préparation préalables sérieuses.
Marcher selon l’Esprit, en pareille situation, c’est prendre tout son temps.
L’adversaire nous presse toujours. « Vous ne pouvez pas vous réunir en Assemblée Générale pour régler votre différend doctrinal, ai-je conseillé à quelques responsables d’une Eglise en crise, préparez-vous d’abord, vous bousculez les membres qui ne sont pas prêts. Vous leur faites porter votre problème de responsables. Accordez toute votre attention à la préparation de votre rencontre sur tous les plans. »
… Refus, fuite en avant, quel gâchis !
Jeûner et prier pour bien résoudre un conflit doctrinal ? Oui ! Trois fois oui ! Mais pour AGIR ensuite.
III. Les différentes interventions : la lettre
Comment le débat évoluera-t-il ? Le récit nous présente trois interventions remarquées et remarquables.
1. Trois caractéristiques s’en dégagent :
a) Ces interventions sont faites par des hommes qualifiés, préparés par le Seigneur.
Pierre en particulier, par son expérience personnelle avec Corneille comprend avec son cœur toutes les difficultés des frères judéo-chrétiens.
Paul, Saul de Tarse, pharisien légaliste, orgueilleux. Sur le chemin de Damas, le Christ a d’abord dû le jeter à terre. Le salut par grâce et non par les efforts, une rencontre inoubliable pour lui.
Barnabas, homme droit, rempli de l’Esprit.
Jacques, le frère du Seigneur, un des piliers de l’Eglise de Jérusalem, très respecté pour sa vie spirituelle et son intercession.
Dieu a en horreur le bricolage doctrinal. N’importe qui ne peut résoudre n’importe quel conflit sous prétexte qu’il aime le Seigneur. Dans les années 50, la Bonne Nouvelle a traversé une crise de croissance profonde. Les tout jeunes responsables et toute la jeune Eglise ont eu la sagesse de faire appel à un médiateur expérimenté et l’Eglise a repris sa marche en avant.
b) Toutes les trois interventions sont théocentriques. Les grands faits historiques et spirituels du plan divin sont fortement soulignés. Vérifiez-le : Dieu a fait, Dieu a agi.
Interventions christocentriques et non égocentriques. En d’autres termes, ils ne se placent pas, eux, au centre, pour convaincre les judéo-chrétiens par la supériorité de leurs expériences personnelles. Ils ne les citent que dans le cadre du déroulement objectif du plan rédempteur de Dieu.
Frères et sœurs, que d’interventions égocentriques pour donner du poids à ses doctrines particulières. On les justifie par son vécu. Où est Christ ?
c) Nous retrouvons cette troisième caractéristique chez Jacques (v. 14-15) :
« Frères, écoutez-moi ! Simon a raconté comment pour la première fois Dieu est intervenu pour prendre parmi les nations un peuple consacré à son nom. Et les paroles des prophètes s’accordent avec cela ». Il cite Amos 9.11-12. Il donne donc à son intervention une base scripturaire. L’Ecriture, Parole de Dieu, a annoncé par les prophètes, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, le salut par grâce, à tous.
2. Rédaction de la lettre
Au verset 23, nous lisons que toute l’Eglise décide d’envoyer une lettre à Antioche, en Syrie, en Cilicie. Elle marque la fin du conflit doctrinal. En voici les points essentiels (v. 23-29).
a) Oui, sans ambiguïté au salut par grâce en Jésus-Christ
Ni « Christ + », ni « Christ – », mais Christ et Christ seul. Il n’y a pas d’autre Evangile, la porte reste grande ouverte aux païens. L’exigence de la circoncision est une fausse doctrine. « Quelques frères de Jérusalem vous ont troublés mais nous ne leur avons donné aucun ordre » (v. 24).
b) Après cette prise de position claire, on règle aussi le problème relationnel entre les deux composantes de l’Eglise
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Que les pagano-chrétiens s’abstiennent des souillures des idoles. D’après le v. 29, cela signifie des viandes sacrifiées aux idoles. On en faisait des festins qui dégénéraient en orgies. Manger de ces animaux était aussi aux yeux de plusieurs participer au culte païen.
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Que les pagano-chrétiens s’abstiennent de l’immoralité (v. 20), de la fornication, de l’impureté. On pense qu’il s’agirait de mariages prohibés par la Loi (Lv 18).
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Que les pagano-chrétiens ne mangent pas des animaux étouffés et du sang. La loi de Moïse l’interdisait aux Juifs. Lors des sacrifices, les païens buvaient le sang des victimes. Insupportable pour beaucoup de Juifs convertis.
Toutes ces exigences ne se placent pas sur le plan doctrinal, comme condition du salut. Parce qu’ils sont sauvés, les païens, arrachés à des milieux immoraux, pervers, pouvaient et devaient vivre d’une manière nouvelle. Par leur passé religieux, les judéo-chrétiens avaient une sensibilité plus grande qu’eux à cet égard.
Le conflit est donc résolu sur les deux plans ; tout est clair. Il n’y a ni vainqueur, ni vaincu. Aucune fraction de l’Eglise n’est asservie ou piétinée par l’autre.
3. Vérité dans l’amour et amour dans la vérité
L’Eglise d’Antioche accueille cette lettre avec joie. L’unité a été sauvegardée dans le respect des différences, le respect de l’Evangile.
C. Conclusion
Chers amis, chers frères et sœurs, jusqu’au retour du Seigneur, l’Eglise sera toujours en guerre contre Satan. Conflits de personnes, conflits de doctrine, mélange des deux… Rien ne sera définitivement réglé. Mais Christ est Roi, l’Eglise doit combattre avec un esprit offensif et victorieux.
Voici quatre versets fondamentaux :
2 Timothée3.16 : « Toute écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice afin que l’homme de Dieu soit adapté et propre à toute bonne œuvre. »
Les grands faits historiques et spirituels du plan de Dieu se trouvent dans la Parole de Dieu et nulle part ailleurs. Tout est accompli, il n’y a rien à ajouter, rien à retrancher. Sous ce rapport, nous sommes des privilégiés : l’Eglise primitive n’avait pas encore cette référence écrite complète de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Notre attitude fondamentale devant l’Ecriture doit être respect, humilité, foi, obéissance, effort et étude, ouverture du cœur et de l’intelligence. Par-dessus tout, la certitude que Dieu l’illuminera par l’action de son Esprit, afin que nous comprenions de mieux en mieux l’Evangile.
Hier, aujourd’hui, demain : clarté et fermeté quant aux fondements de notre foi. Dans l’Ecriture, il y a des vérités fondamentales et des vérités secondaires. Toutes inspirées par Dieu, laissons-les à la place que Dieu leur a donnée. Il y a des limites et des barrières doctrinales concernant les vérités essentielles que nous n’avons pas le droit de franchir ou de déplacer. Non, à la confusion, non à la « religiosité salade russe », non au mépris de la doctrine, à la suprématie du vécu et du ressenti. Cela n’exige nullement de notre part sectarisme ou condamnation orgueilleuse des autres Eglises ou mouvements. Le Seigneur juge, nous voulons nous définir par rapport à lui.
1 Corinthiens 16.13 : « Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous. »
Ephésiens 4.15 : « En disant la vérité avec amour, nous croîtrons à tous égards en Celui qui est le chef de l’Eglise, Christ. »
Philippiens3.15-16 : « Nous tous donc qui sommes des hommes faits, ayons cette pensée, et si sur quelque point vous avez une pensée différente, Dieu vous révélera aussi ce qu’il en est. Seulement, au point où nous sommes parvenus, avançons ensemble » (« dans la même direction », précise la traduction TOB).
P.T.
NOTE
1. : Message donné à la Bonne Nouvelle de Strasbourg le 17 avril 94, tiré de Partage n » 50, avec permission.