La première épitre de Jean
(3ème partie)
par Alain KITT
Le chrétien et les commandements
Un débat toujours actuel, et un débat qui n’est pas nouveau puisque des avis contradictoires exprimés dans les églises du 1er siècle se laissent deviner par certains propos de l’apôtre Jean dans cette lettre. L’enseignement qu’il donne est précieux pour nous garder de l’une des deux erreurs suivantes : dire « je suis sauvé par la grâce, je peux me comporter comme je veux », ou faire des commandements de Dieu un fardeau contraignant, lourd à porter.
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La précédente étude a été centrée sur le commandement « aimez-vous les uns les autres ». L’apôtre Paul dit que celui qui met en pratique ce commandement-là accomplit la loi (Rm 13.8-10). Cela ne suffit-il donc pas ? Pourquoi aurions-nous besoin de nous préoccuper des commandements s’ils sont tous résumés dans « tu aimeras ton prochain comme toi-même » ?
Nous pouvons écarter immédiatement l’idée que l’apôtre Paul négligerait les commandements contenus dans les Ecritures, ou qu’il encouragerait les chrétiens à ne pas en tenir compte : il avait lui-même le plus grand respect envers ces commandements, et ses propres lettres contiennent énormément d’impératifs. Pour vous en convaincre, lisez par exemple Rm 12.9-21 ! Il est vrai que « l’amour est l’accomplissement de la loi ». Mais nous avons toujours besoin d’être guidés dans le détail par la parole de Dieu. Le péché est encore présent (le nier revient à vivre dans l’illusion : 1 Jn 1.8, Bible du Semeur) ; ne nous croyons donc pas au-dessus du besoin de la direction précise de cette Parole dans les différents domaines de notre vie.
Voyons donc ce que cette lettre nous enseigne concernant les commandements. Nous avons déjà remarqué que tout comme l’amour et la doctrine, l’obéissance aux commandements est une des preuves de la réalité de notre profession de foi. Pourquoi l’apôtre y attache-t-il autant d’importance ?
1. Le Seigneur lui-même y a attaché beaucoup d’importance
« Demeurez en moi / demeurez en mon amour », sont synonymes de « gardez mes commandements » (Jn 15.4, 7, 9-10). Se dire disciple de Jésus sans obéir à ses commandements est un mensonge. Prétendre à une connaissance du Seigneur est une tromperie si cette connaissance ne conduit pas à une vie qui ressemble à celle du Seigneur (1 Jn 2.3-6). Le chrétien aura le plus grand respect pour les commandements de Dieu, car son Seigneur lui-même les a respectés (Mt 5.19). Ces commandements sont le reflet du caractère moral de leur auteur, l’expression de sa volonté pour notre véritable bien. Énoncés tout au long des Ecritures, ils trouvent leur accomplissement parfait dans la vie du Seigneur Jésus-Christ sur terre.
Jésus-Christ y a non seulement obéi en subissant à notre place la peine méritée par notre désobéissance, mais il y a aussi constamment et parfaitement obéi dans sa vie de tous les jours, sous le regard de son père et sous le regard de ses ennemis. Le silence de ceux-ci quand il leur a posé la question « qui de vous me convaincra de péché ? » est éloquent. Comme l’est le témoignage du père à son égard (Jn 8.46, Luc 3.22) où « objet de mon affection » signifie littéralement « en qui j’ai pris plaisir ». Ainsi est-il non seulement notre substitut, mais aussi notre modèle. « Celui qui prétend qu’il demeure en Christ doit aussi vivre comme le Christ lui-même a vécu » (1 Jn 2.6, Bible du Semeur).
Nous n’atteindrons pas la perfection tant que nous sommes dans ce monde. Mais la vie du chrétien sera caractérisée par le combat contre le péché sous toutes ses formes, le désir réel de s’en détourner, la confession et le recours au sang de Jésus (1 Jn 1.7,9). Nous ne pouvons pas demeurer dans le péché et permettre à celui-ci de régner en nous (Rm 6.1,12). Le Seigneur est venu pour ôter les péchés (1 Jn.3.5). Nous allons donc fuir ceux-ci, et éviter tout ce qui peut gâcher notre communion avec Dieu : communion que Jésus est venu rétablir.
2. L’obéissance nous permet de prier avec assurance
Combien il est important d’avoir de l’assurance quand nous prions ! C’est la volonté du Seigneur que nous en ayons, et nous en aurons si nous vivons dans l’obéissance (1 Jn 3.21-22).
Attention, il ne s’agit pas d’un marchandage, comme si le Seigneur était obligé de nous répondre favorablement à cause de notre comportement ! Dieu est un Dieu de grâce ; il agit par grâce en ce qui concerne notre salut, et il ne revient pas au principe des oeuvres dès que nous sommes chrétiens. Si donc il répond à nos prières, ce n’est pas parce que nous le méritons. Mais par notre propre faute, nous pouvons manquer d’assurance. Prenons l’exemple d’un enfant qui veut demander quelque chose à ses parents : si l’enfant est conscient d’une faute qu’il a commise et qu’il a gardée sous silence, il va manquer d’assurance, il sera gêné.
L’amour de ses parents pour lui n’est pas en question, ni leur désir de lui faire du bien, mais il faut d’abord qu’une relation saine de confiance soit rétablie : et cela passe par la confession et le pardon. Il en est de même dans notre vie de prière. L’expérience de David, rappelée dans le Psaume 32, reste l’expérience de tout chrétien qui pèche : le rétablissement d’une relation de confiance passe par la confession au Seigneur et à ceux à qui nous avons causé du tort. Alors notre coeur ne nous condamne plus, nous pouvons rejeter les accusations de Satan qui nous rappelle nos fautes, et nous approcher du Seigneur avec cette pleine confiance qui est d’une valeur inestimable.
3. Notre comportement et notre espérance sont liés l’un à l’autre
En parlant de notre espérance concernant le retour du Seigneur, et de la transformation glorieuse qui s’accomplira à ce moment-là, Jean écrit : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui (le Seigneur) est pur » (1 Jn 3.3). Autrement dit, l’attente du retour de Jésus-Christ n’est pas une attente passive, loin de là ! Une attente passive où nous nous contenterions de notre salut acquis, sans nous préoccuper activement de notre sanctification, n’est pas ce que le Seigneur attend de nous.
Au contraire, le Seigneur nous a mis en garde contre tout laxisme, et nous demande d’être vigilants (Lc 12.35-48, par exemple). Nous trouvons exactement la même pensée chez les apôtres Pierre et Paul (2 Pi 3.9-13 ; 1 Th 1.10, avec cette séquence de verbes impressionnante : se convertir, se détourner des idoles, servir Dieu, attendre son Fils). Veillons donc : demeurons en lui (c’est-à-dire, gardons ses commandements) afin de ne pas avoir honte lors de son avènement : 1 Jn 2.28).
4. Ses commandements ne sont pas pénibles (1 Jn 5.3)
Bien au contraire, ses commandements sont enracinés dans l’amour de Dieu. Le commandement est saint, juste et bon, nous dit l’apôtre Paul qui y prenait plaisir dans son être intérieur (Rm 7.12, 22). Il y a toute la différence du monde entre une soumission malgré soi à une loi imposée de l’extérieur par une puissance étrangère et hostile, et l’acceptation dans l’amour de la volonté d’un Père qui nous aime. Si nous l’aimons, nous garderons ses commandements et ce sera pour notre plus grand bien.
Il est vrai que le monde ne voit pas les choses ainsi, et qu’il y a beaucoup de forces rangées contre nous pour essayer de nous détourner de cette obéissance de coeur à notre Seigneur (1 Jn 2.16). Mais courage, nous sommes nés de Dieu, et tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde (1 Jn 5.4), et reçoit cette merveilleuse promesse : « le monde passe et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2.17).
A.K.