Quel Evangile pour aujourd’hui ?

 

 plante

par Frank HORTON

 

 

 

« Je vis un ange qui volait au milieu du ciel ; il avait un Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple. Il disait d’une voix forte : Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue et prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eaux » (Ap 14.6,7).

  

Quel évangile pour aujourd’hui ? La question peut paraître inappropriée aux yeux des lecteurs avertis, car Paul n’avait-il pas dit qu’il n’y a pas d’autre Evangile que celui qu’il avait prêché (Ga 1.6), mais qu’il existait des perversions de la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu ? Si, par conséquent, nous posons la question, ce n’est pas pour mettre en doute le message qui nous a été confié une fois pour toutes par Jésus-Christ et ses apôtres : c’est plutôt parce que le terme Evangile désigne divers aspects de la révélation divine, et qu’il nous est facile de privilégier un de ces aspects aux dépens des autres.

 

 

En voici trois :

 

1) L’Evangile de la grâce (Jésus-Christ mort à la croix pour les péchés du monde, ressuscité des morts et justifiant quiconque se repent et croit en lui – Rm 4.25 -5.1).

 

2) L’Evangile du royaume à venir, annoncé par le Seigneur au début de son ministère public (l’établissement sur la terre du royaume du Christ – Mt 5.3; 9.35).

 

3) L’Evangile éternel, selon le texte cité ci-dessus, qui appelle tous les hommes partout, en tout temps, à craindre et à glorifier celui qui est à la fois Créateur et Juge.

 

Avons-nous annoncé fidèlement ces trois dimensions d’une seule et même Bonne Nouvelle ? L’Evangile de la grâce, qui annonce le pardon de Dieu pour quiconque se repent et croit… en même temps que sa colère contre le péché et le jugement réservé aux impénitents, tend actuellement à céder la place à un « évangile » anthropocentrique conçu pour satisfaire aux besoins et aux aspirations des auditeurs tels que ceux-ci les ressentent et s’en préoccupent. Le désir, louable, de rencontrer l’interlocuteur « sur son terrain » peut avoir pour résultat d’escamoter l’essentiel du message qui nous a été confié.

 

L’Evangile du royaume nous gêne, car nous ne savons pas trop comment l’articuler avec l’Evangile de la grâce, surtout dans le temps présent. Une solution de facilité proposée par tel commentaire ou telle note en bas de page est de lui réserver un accomplissement futur, selon l’exemple suivant : « Quelle est cette bonne nouvelle ? Dieu se propose d’établir sur la terre le royaume de Christ, Fils de David, accomplissant ainsi l’alliance faite avec David » (2 S 7.16). Cela est vrai, mais est-ce suffisant ? Dans son enseignement Jésus a souvent évoqué le royaume, en lui donnant une réalisation actuelle…

 

Et que dire au sujet de l’Evangile éternel ? Faut-il le projeter lui aussi dans l’avenir en disant, par exemple, qu’il « se réfère à la proclamation des jugements divins sur les méchants pendant la grande tribulation à venir. Il sera une bonne nouvelle pour les croyants dans leurs souffrances, puisqu’il leur annoncera délivrance et récompense. Devant les jugements, les habitants de la terre sont exhortés à craindre Dieu et à Lui donner gloire » ?

 

planeteLe contexte de cet Evangile éternel, dans un chapitre « eschatologique »1 de l’Apocalypse, justifie cette interprétation. Mais devons-nous limiter son accomplissement à la fin des temps ? Nous pensons que non, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son label « Evangile éternel » indique, non seulement que son message est toujours vrai – que Dieu a toujours été et sera toujours Créateur et Juge – mais qu’il peut et doit être annoncé à toute époque. En deuxième lieu, ce message doit être annoncé « aux habitants de la terre, à toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple » et chacun est appelé à craindre Dieu, à le glorifier et à se prosterner devant lui (v 6).

 

Quoi de plus clair pour nous faire comprendre qu’il concerne l’humanité toute entière ? Troisièmement, cet Evangile saisit le temps par les deux bouts : par le début, où Dieu est le Créateur, et par la fin, où il sera Juge. Il fournit donc le contexte dans lequel s’inscrit l’Evangile de la grâce, à la manière d’une monture dans laquelle est enchâssé un diamant. Nous y reviendrons. Enfin, Paul nous donne un exemple magnifique de l’annonce de l’Evangile éternel dans son discours à l’Aréopage, devant un auditoire de choix :, les « europaïens » d’Athènes. Si ce message était approprié à ce moment-là devant cette société-là, à plus forte raison s’applique-t-il au monde d’aujourd’hui ! Nous proposons, donc, d’examiner ce texte de plus près.

 

 

Evangile pour les païens athéniens

 

Athéniens, je vois que vos êtes à tous égards extrêmement religieux. Car, en passant, j’ai observé tout ce qui est l’objet de votre culte, et j’ai même trouvé un autel avec cette inscription : A un dieu inconnu ! Ce que vous vénérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce.


Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n ‘habite pas dans des temples faits par la main des hommes ; il n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses. Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul (homme) habitent sur toute la face de la terre ; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure, afin qu’ils cherchent Dieu pour le trouver si possible, en tâtonnant.


Or il n’est pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : Nous sommes aussi de sa race… Ainsi donc, étant de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’imagination des hommes.


Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il va juger le monde selon la justice, par un homme qu’il a désigné, et il en a donné à tous (une preuve digne de) foi en le ressuscitant d’entre les morts… »


(Ac 17.22-31).

 

 

 

Paul adapte la présentation de l’Evangile – sa forme et le choix des aspects appropriés – à son auditoire. Dans la synagogue d’Antioche en Pisidie, il avait dit aux juifs que les prophéties messianiques de l’Ancien testament qu’ils connaissaient, avaient leur accomplissement en Jésus crucifié et ressuscité (Ac 13.16-41). Il a pu construire son message sur un fondement de connaissance préalable. A Athènes, par contre, il a dû tenir compte de l’ignorance totale en matière biblique de ses auditeurs, et leur donner le « b-a-ba » de la révélation divine. Et ce « b-a-ba », ce n’est rien moins qu’une initiation magistrale en théologie : la doctrine de Dieu !

 

Qui étaient ces stoïciens et ces épicuriens ? Les premiers, nous dit le Nouveau Dictionnaire Biblique, avaient hérité du fondateur du stoïcisme (Zenon de Citium) une philosophie essentiellement panthéiste : la matière et la force seraient des principes fondamentaux de l’univers. « Les stoïciens donnent les noms de raison, providence, Dieu, à une force agissant partout, consciemment et avec intelligence ; cette force, en même temps dépendante et impersonnelle, est un souffle ou un feu subtil, formant, pénétrant et vivifiant tout. Cet élément crée constamment et inexorablement des êtres et des mondes, puis les détruit. A la fin d’une période cosmique, l’univers est ramené à l’état de feu, puis reprend forme de monde. Le cycle se reproduit éternellement.2

 

Le philosophe Epicure, quant à lui, « attribue la nature à des transformations parmi les atomes, et enseigne que ces atomes sont éternels. Epicure ne reconnaît pas l’existence d’un Créateur ; mais par un étrange illogisme, il admet dans son système une multitude de divinités qui, jouissant d’un bonheur suprême, ne s’occupent pas des hommes 3. Dans une ville qui avait subi un long déclin depuis l’âge d’or de Périclès, la réflexion philosophique avait dégénéré en dilettantisme intellectuel : l’austérité stoïcienne, qui avait prôné la maîtrise de soi, produisait en fin de compte le désespoir ; l’absence de souffrance recherchée par les épicuriens aboutissait à la luxure et l’impudicité.

 

Ayant observé (et peut-être écouté) ces hommes, lu leurs auteurs, compris leur pensée et sondé leur superficialité et ignorance spirituelle, Paul accepte dans un esprit courtois et conciliant leur invitation de les rejoindre pour un dialogue à l’Aréopage (la colline du dieu de la guerre), à un jet de pierre de la célèbre Acropole avec ses monuments magnifiques. Inutile de sauter à pieds joints dans l’Evangile de la grâce pour lequel ils sont loin d’être préparés : il va d’abord fournir le contexte, faire de la « pré-évangélisation » en leur présentant ce qu’ils ignorent totalement : un résumé de la doctrine de Dieu ! Car il faut savoir qui il est, quels sont ses attributs et ses exigences avant de pouvoir apprécier le pourquoi de la repentance…

 

Il ne nous est pas possible, dans les limites de cet article, de faire une étude détaillée de l’ensemble du discours. Mais le lecteur attentif aura remarqué que Paul commence par la doctrine du Dieu Créateur et finit par celle du Dieu Juge : bref, il annonce l’Evangile éternel ! Avant d’examiner ces « deux bouts » de plus près, puis leur portée pratique, faisons un simple plan analytique du discours. Paul présente l’autorité et l’activité du seul vrai Dieu dans trois domaines :

 

1) le domaine matériel de l’univers créé (24,25),

 

2) le domaine moral des nations (26-29),

 

3) le domaine spirituel de la rédemption (30,31).

 

 

Dieu Créateur

 

Pour commencer, donc, Dieu est le Créateur de toutes choses : « le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve… » (24a). Sachons apprécier la clarté, la profonde simplicité de cette affirmation en contraste avec les spéculations nébuleuses des philosophes athéniens ! Mais revenons à notre époque, soumise comme elle l’est au panthéisme des religions orientales ou à l’évolutionnisme érigé en « science établie » qui ne tolère pas de mise en question.

 

Quelles sont les conséquences de ce néo-paganisme qui évacue Dieu et le remplace par une force évolutionniste impersonnelle ? L’origine et le développement de l’homme sont expliqués par le « hasard et la nécessité » ; l’histoire est vue comme un passage lent mais inévitable de l’inférieur au supérieur ; l’homme est libéré de toute responsabilité vis-à-vis d’un Dieu personnel… en même temps qu’il perd sa dignité et sa valeur d’avoir été créé à l’image de Dieu.

 

Où cela nous conduit-il ? Si Dieu n’existe pas, ou si la question de son existence est réduite à une considération non-scientifique et sans importance, alors l’homme est un accident du hasard, et ses lois et sa compréhension morale sont relativisées pour devenir, elles aussi, des accidents de l’époque et du lieu où l’homme se trouve. Sans un Dieu absolu, Créateur tout-puissant à qui l’homme, la créature, doit rendre compte, la loi et la morale perdent leur substance et leur autorité contraignante, et l’homme lui-même, sans parler de la culture et des nations, est en danger de disparaître à son tour. Comment expliquer autrement le désordre, la violence, le terrorisme, les meurtres et les massacres qui envahissent notre monde de plus en plus ?

 

Prenons le problème du SIDA comme exemple. Lors d’un programme télévisé consacré à la prévention de cette maladie redoutable, un croyant a proposé la fidélité conjugale comme protection plus efficace que l’utilisation du préservatif. La réaction ne s’est pas fait attendre : moquerie de la part des animateurs du programme, tollé et sifflements des nombreux assistants devant des dizaines de millions de téléspectateurs ! Parce que, voyez-vous, si Dieu est le grand Absent, l’homme ne veut admettre un frein quelconque à son comportement. Mais si Dieu existe, et s’il est le Créateur, entre autres choses, de notre sexualité, alors il a certainement des conseils à nous donner quant à la meilleure utilisation de ce don, et c’est dans notre intérêt de nous « conformer aux instructions du fabricant » ! Le monde d’aujourd’hui a désespérément besoin de réentendre l’Evangile éternel du Dieu Créateur.

 

Résumons les points essentiels de la suite du cours de théologie que donne Paul aux Athéniens :

 

– Dieu est suprême (24b)

– Il est transcendant (24c)

– Il se suffit à lui-même (25a)

– Il pourvoit aux besoins des hommes (25b)

– Il est souverain (26)

– Il est atteignable (27a)

– Il est immanent (27b)

– Il soutient toute vie (28)

– Il est esprit (29)

– Il est patient (30a)

– Il exerce une autorité légitime (30b)

– Il a fixé le jour du jugement (31a)

– Il est le Juge (31a)

– Il est le Dieu de Jésus-Christ (31b) à qui il a délégué le jugement et qu’il a ressuscité d’entre les morts.

 

 

Dieu Juge

 

tableau-jugementAprès avoir évoqué « la grâce commune » de Dieu dans ses oeuvres de Créateur et ses rapports avec les nations, et avant de pouvoir aborder le thème de « la grâce spéciale » de Dieu dans la Rédemption (l’écrivain a-t-il été interrompu dans sa rédaction ?), Paul annonce le jugement futur comme une certitude. C’est Dieu lui-même qui a fixé le jour du jugement et délégué son exercice à l’Homme qu’il a ressuscité d’entre les morts.

 

Au sujet de « Dieu : le Juge suprême », le Nouveau Dictionnaire Biblique donne ce résumé dense : « La première mention d’un juge dans la Bible s’applique à Dieu, le Juge de toute la terre (Gn 18.25). Il est le Juge des individus comme des peuples (Gn 3.14ss; 15.14; 16.5; 20.3; 31.53). Toute autorité judiciaire découle de lui (Mt 22.15-22; Rm 13.1-7; 1 Tm 2.2, 1 Pi 2.13ss). Dieu reprendra ses fonctions de Juge suprême lors du Jugement dernier (Dt 32.35ss; Mt 5.21-26; Rm 3.6; Hé 10.30; 12.23; Je 4,12; 5.9), mais déléguera le jugement à son Fils Jésus-Christ (Mt 25.31-46; Jn 5.22ss; 8.16; Ac10.42; 17.31; 1 Co 15.24-28; 2 Tm 4.1; 1 P 4.5)4.

 

Elément indispensable dans l’annonce de l’Evangile éternel, pour préparer, à l’annonce de l’Evangile de la grâce, des auditeurs qui ne savent rien au sujet du Dieu de la Bible : Le Dieu Créateur au début des temps et pendant tous les temps, à qui nous devons notre existence même, nous donne à tous, sans exception, rendez-vous à la fin des temps pour le jugement. Nous aurons à comparaître devant son Fils, établi Juge, pour lui répondre de notre écoute ou refus d’écoute, notre foi ou incrédulité, notre obéissance ou rébellion.

 

Voilà le contexte indispensable de l’Evangile de la grâce, la monture, comme nous l’avons déjà dit, dans laquelle doit être enchâssée, comme un diamant précieux, la Bonne Nouvelle d’un Dieu d’amour, de miséricorde et de grâce qui nous a visités en son Fils pour notre rachat. Passer sous silence ces vérités fondamentales – que Dieu est Créateur et Juge – c’est négliger une étape indispensable de « pré-évangélisation » sans laquelle nos contemporains ne s’intéresseraient pas à l’annonce que « Jésus les aime » ou qu’il « est la réponse à leurs problèmes » ; c’est, en somme, prêcher un message à l’eau de rosé… D’où, sans doute, la stérilité de tant d’activités qui passent pour de l’évangélisation !

 

 

La repentance

 

Quand Paul dit aux Athéniens que Dieu « annonce (litt. ordonne) maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils ont à se repentir » (30), qu’entend-il par la repentance ? Le verbe metanoeô, changer d’avis, a d’abord une résonance intellectuelle avant de trouver des expressions affectives et volontaires. Pour les hommes du premier siècle (comme pour nous), il s’agissait d’abord de corriger leur façon de penser, de les amener à admettre humblement qu’ils s’étaient trompés dans leurs spéculations philosophiques et religieuses, qu’ils avaient besoin de revenir au point de départ et se laisser instruire au sujet du seul vrai Dieu.

 

Cela ne devait pas être facile pour des hommes orgueilleux, enclins à mépriser ce « picoreur de graines philosophiques » qu’était Paul à leurs yeux. « L’appel à la repentance devait déplaire tant au stoïcien qu’à l’épicurien ; à celui-ci parce qu’il contredisait son refus de l’immortalité et sa conception des dieux ; à celui-là parce que le stoïcien croyait que l’homme sage se suffisait à lui-même, n’avait pas besoin de rédemption et aucune raison de craindre un jugement à venir. 5

 

Il en est de même aujourd’hui. Nous annonçons l’Evangile éternel pour corriger les fausses notions de nos contemporains, et nous les appelons à changer d’avis, à reconnaître la réalité de ce Dieu unique et redoutable, Créateur et Juge, à qui ils doivent leur existence et devant qui ils doivent comparaître un jour. Cela devrait les préparer ensuite à regretter leurs fautes à les confesser et les abandonner au pied de la Croix. Il n’y a pas de raccourci qui permette de contourner cette étape, indispensable préambule à l’Evangile de la grâce. Toutefois ne nous laissons pas surprendre par les réactions défavorables, voire violentes, que ce message ne manquera pas de susciter.

 

Paul a-t-il regretté, comme certains le pensent, son sermon à l’Aréopage ? A quelques rares exceptions près, ses auditeurs l’ont rejeté. Adversaires farouches de l’idée de la résurrection, les épicuriens se sont moqués de lui. D’autres, sans doute stoïciens, ont dit plus poliment : « nous t’entendrons là-dessus une autre fois » (32). Désillusionné par son « échec » à Athènes, dit un commentateur, il aurait eu le sentiment que sa tentative d’adapter la forme de présentation au climat philosophique avait produit peu ou pas de résultat. C’est pourquoi, dit-on, arrivé à Corinthe, il décide d’abandonner le style philosophique et de prêcher simplement « Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Co 2.2).

 

Nous ne sommes pas de cet avis, pour plusieurs raisons. D’abord, la rencontre avec les philosophes athéniens a porté du fruit (quoique modeste), car « quelques-uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent » (34), dont un homme influent. Les historiens de l’Eglise primitive ajoutent que l’église d’Athènes, dont nous voyons les modestes débuts ici, a été l’une des plus belles communautés chrétiennes du premier siècle. Ensuite, rien n’aurait empêché Paul, avant son départ d’Athènes – celui-ci n’ayant apparemment rien de précipité – de conduire ses nouveaux disciples plus loin en les instruisant dans l’Evangile de la grâce.

 

De même enfin, nous semble-t-il, arrivé à Corinthe et adaptant son approche à une nouvelle catégorie d’auditeurs, composée essentiellement de commerçants et autres classes moyennes, Paul n’aurait pas négligé de préparer l’annonce de la grâce de Dieu par des éléments appropriés de « pré-évangélisation » inspirés par l’Evangile éternel.

 

A notre tour, nous devons nous attendre à ce que nos affirmations concernant Dieu Créateur et Juge ne plaisent pas à la majorité de nos interlocuteurs. Qu’importe, pourvu que nous annoncions fidèlement « tout le dessein de Dieu » (Ac 20.27), et qu’ainsi le Seigneur atteigne par son Esprit ceux qui sont destinés au salut. Soli Deo gloria !

 

 

F. H.

 

 


 NOTES

 

1. Eschatologique : qui concerne les événements de la fin des temps.

 

2. Nouveau Dictionnaire Biblique, p.1239.

 

3. Nouv.Dict. Biblique, p.418.

 

4. Nouv.Dict.Biblique, p.714.

 

5. E.M.Blaicklock, Commentaire sur les Actes (Eerdmann), p.142.