J’étais homosexuel
par Peter HEROUX
« Pourquoi m’inquiéter aujourd’hui ? Il y a toujours du soleil après la pluie, il y a toujours des sourires après la douleur. » Avez-vous déjà eu l’impression que votre vie est remplie de pluie ? Toujours pleine de douleur ? Pendant la souffrance, avez-vous déjà espéré qu’un arc-en-ciel vienne enlever la pluie, la misère, la solitude ? Ressentez-vous toujours cette émotion aujourd’hui ?
Premières émotions
Il y a quelques années, ces mots décrivaient ma vie. Si vous m’aviez rencontré avant que je devienne chrétien, vous ne l’auriez pas deviné. J’étais un boute-en-train avec toujours une blague sur le coin de lèvres. Ma vie semblait remplie de joie, mais la nuit, j’étais seul, me sentant mourir à l’intérieur. J’avais un secret que seules quelques personnes connaissaient. J’étais un homosexuel. Je ne voulais pas de ces sentiments mais ils étaient présents dans ma vie.
Ils étaient présents lorsque j’ai commencé l’école, lorsque ma famille a déménagé en ville, lorsque j’ai débuté le secondaire, même lorsque je suis parti vivre avec mon amie. Je ne peux pas penser à un temps où ces sentiments n’étaient pas en moi. Ils ont toujours été une partie de moi ; alors, à l’âge de 24 ans, j’ai décidé de ne plus cacher ces émotions, de vivre ouvertement qui j’étais.
A cette époque, l’expérience semblait libératrice ; enfin je découvrais « qui » j’étais. Je me souviens d’être entré dans un bar pour homosexuels et de me sentir pour la première fois enfin accepté. Je n’avais plus à me cacher derrière une façade, je croyais avoir enfin trouvé la liberté. Maintenant que j’étais libre, j’avais besoin de trouver une personne qui aimerait mon nouveau « moi ». Alors que j’étais à la recherche de l’amour ultime, les années suivantes ressemblèrent à des montagnes russes : parfois j’étais en extase, parfois frustré jusqu’au désespoir de ne pas trouver un homme qui pourrait satisfaire tous mes besoins.
Malaise
Mais revenons aux raisons qui m’ont poussé à adopter une identité homosexuelle. Ces événements ressemblent à un puzzle comprenant plusieurs pièces. Chaque pièce est insignifiante en elle-même, mais lorsqu’elle rejoint les autres, on lit : « Peter est un homosexuel ».
La première pièce du puzzle se trouve dans les Ecritures. La Bible nous dit que tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rm 3.23), que chacun de nous a été conçu par des parents imparfaits (ps 51.1), élevé imparfait, que nous avons tous consciemment ou inconsciemment péché contre nos parents et contre les autres, défié la loi et les exigences de Dieu et avons choisi de nous rebeller contre lui (Es 53.6). Mais, gloire à Dieu, la Bible nous dit qu’il ne nous a pas abandonnés dans notre état de rébellion. Dans sa grâce et dans sa miséricorde, Dieu offre à chacun de nous un amour inconditionnel et son pardon en Christ. Un amour fondé sur sa perfection et non sur notre imperfection.
Etapes
La seconde pièce se retrouve dans ma jeunesse. Je suis le plus jeune de huit enfants. Mon père était ouvrier et les jours de travail de douze heures étaient fréquents pour lui. Le temps qu’il passait à l’extérieur ne m’affectait pas autant que celui où il était à la maison, trop épuisé pour s’impliquer dans ma vie. Il était trop fatigué pour me prendre, m’embrasser ou me dire qu’il m’aimait. Ma mère, par contre, nous inondait d’amour et d’attentions. Mes frères, plus âgés, ne voulaient pas être dérangés par un petit comme moi. Pouvez-vous imaginer mon besoin d’attention masculine ? Je ne veux pas blâmer mes parents. Ils m’aimaient vraiment et m’aiment toujours.
La pièce suivante implique un autre garçon. Nous nous cachions et expérimentions notre sexualité l’un avec l’autre. Je n’avais aucune idée que ces rencontres « innocentes » commençaient a cimenter la route qui me mènerait à l’acceptation de l’identité homosexuelle. J’agissais seulement selon mes émotions.
La chute
Une autre pièce a été ajoutée au début de mon adolescence. Mes parents possédaient un immeuble. Un été, un homme âgé a commencé à me porter une attention spéciale, qui a bientôt dégénéré en abus sexuels durant plusieurs semaines. Ces abus ne m’étaient pas imposés par la force. Je ne les ai jamais rejetés. Je crois qu’inconsciemment je recherchais cette attention masculine et que c’était ce sentiment qui nourrissait ma passivité pendant ces abus. Néanmoins, les abus devinrent plus graves et je finis par avertir mes parents de la situation.
En pleurs, je me souviens d’avoir raconté à mon père ce qui s’était passé. Il ne me dit pas un mot pour me réconforter. Je ne savais pas ce qu’il pensait. Etait-ce ma faute ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Mon père a flanqué à la porte cet individu le jour même, mais ne m’a jamais reparlé de cet incident. Plus tard ma mère m’a approché et m’a expliqué que cet homme était probablement très solitaire et qu’il ne voulait vraisemblablement pas me faire de mal. Jamais on ne discuta de ma douleur et de ma confusion.
Alors que l’image du puzzle commençait à prendre forme, il y entra encore une autre pièce importante. Vers la fin de mon adolescence, j’eus plusieurs rencontres sexuelles avec d’autres garçons de mon âge ; et même si la plupart d’entre eux devinrent hétérosexuels, mes désirs les plus intimes étaient comblés au travers de ces rencontres.
Pendant ce temps, je sortais aussi avec des filles, assez longtemps pour démontrer à mes parents que j’étais « normal ». Ce n’était que mensonge et déception.
L’impossible dilemme
Alors que la tension entre mes sentiments et la pression de mes proches grandissait, je réalisais qu’il me serait impossible de vivre le reste de ma vie entre ces deux mondes ; alors, comme mentionné plus haut, j’ai décidé à l’âge de 24 ans de vivre au grand jour. Après avoir cherché pendant deux ans l’homme qui allait satisfaire tous mes besoins, j’en vins à la triste conclusion que je ne le trouverais jamais, du moins pas selon l’idée que je m’en faisais.
Les événements qui ont suivi ne sont pas des miracles ; le Seigneur savait ce qu’il faisait. Le 15 juin 1985, deux de mes amis et moi avions décidé de faire une expédition en canoë quand au milieu du lac, l’embarcation s’est retournée. L’eau était extrêmement froide et sans l’aide de quelques personnes, qui avaient entendu nos cris, nous nous serions noyés. Ils nous ont ramenés à la rive et nous ont reconduits à notre campement.
Comme si cela n’était pas suffisant, le jour suivant, accidentellement, je me suis blessé à la main, me déchirant le tendon d’un doigt ; cela voulait dire que je ne pourrais plus jamais jouer de la guitare. Lorsque je suis revenu en ville, je ne me souciais plus de rien. Après plusieurs semaines de drogues et de rencontres d’une nuit, la soirée du 27 septembre 1985 a changé ma vie à jamais.
Un amour vrai
C’était lors d’un concert rock ; j’étais assis et j’écoutais les paroles suivantes : « Pourquoi m’inquiéter aujourd’hui ? Il y a toujours du soleil après la pluie, il y a toujours des sourires après la douleur ». Pour la première fois, j’ai vu ma vie telle qu’elle était : il pleuvait toujours à l’intérieur de moi, il y avait toujours de la douleur à l’intérieur. J’ai commencé à pleurer. Où se trouvaient mon soleil, mes rires ? Je me souviens avoir eu envie de courir, mais je savais qu’il n’y avait nulle part où aller. C’était la fin. Je haïssais ma vie et ne croyais pas qu’elle puisse changer. J’ai marché jusqu’à un parc et j’ai ressenti Sa présence.
C’est à ce moment précis que j’ai entendu Dieu me parler et voici ce qu’il m’a dit : « Je t’aime, Péter. Je t’ai toujours aimé. » Je me souviens de m’être agrippé à la clôture et d’avoir crié : « Mon Dieu, comment ai-je vécu si longtemps sans toi ? S’il te plaît, pardonne-moi ! »
Il ne m’a pas dit : « Peter, tu as été une personne remplie de péchés et je n’approuve pas ton homosexualité. » Il n’a pas eu besoin de m’en parler ; toute ma vie était mauvaise et je le savais, mais je ne pouvais rien y faire. J’avais besoin d’être aimé et accepté pour qui j’étais et cela semblait être la seule façon pour moi d’expérimenter l’amour. Il n’a pas pointé son doigt en direction de mon homosexualité, il a montré mon cœur. C’est à cet endroit que j’avais vraiment péché. Toute ma vie j’avais repoussé le seul qui pouvait me restaurer, m’accepter comme j’étais et me montrer l’amour véritable.
Nouvel horizon
J’ai pleuré longtemps, des heures me semblait-il. Après ces événements, je suis retourné chez moi, sachant que tout avait changé. J’aimerais pouvoir vous dire que mes difficultés se sont évanouies cette nuit, mais je suis réaliste, Jésus l’est aussi. Même si je suis sorti de la culture homosexuelle cette nuit-là pour ne jamais y retourner, je n’aurais pu le faire sans l’aide de chrétiens qui ont pris le temps de prier pour moi, de m’écouter lorsque je suis retombé, lorsque j’étais seul et dans la tentation. Je crois sincèrement que la plus grande part de ma guérison s’est déroulée à l’église. Les homosexuels qui sont en difficulté ont besoin de savoir qu’il y a des chrétiens qui croient que le même Dieu qui a ressuscité Jésus des morts peut et veut libérer les captifs de l’homosexualité de la même façon qu’il m’a libéré.
P. H.
Peter Heroux collabore dans une œuvre évangélique qui s’occupe d’homosexuels en recherche spirituelle au Canada. Il a passé quelque temps à Paris durant l’été 1995 chez Terry et Heather Smith et a très gentiment accepté d’écrire son témoignage pour « Servir en L’attendant ». Nous lui en sommes très reconnaissants.
L’homosexualité n ‘a rien de nouveau ! Sa pratique remonte aux temps anciens et se retrouve partout. Dans ce domaine comme en tant d’autres, nous avons besoin de réaliser devant Dieu nos responsabilités.
E.B.