Connaissez-vous Jaebets ?
par David SUTHERLAND
« Qots engendra Anoub et Hatsobéba et les clans d’Aharehél, fils d’Haroum. Jaebets était plus considéré que ses frères, sa mère l’appela du nom de Jaebets en disant : C’est parce que j’ai enfanté dans la douleur. Jaebets invoqua le Dieu d’Israël en disant : Si tu me combles de bénédictions et que tu étendes mes limites, si ta main est avec moi, et si tu fais que, loin du malheur, j’échappe à la douleur !… Et Dieu accorda ce qu’il avait demandé ». (1 Ch 4.8-10)
Ce court récit au milieu d’innombrables listes de généalogies est remarquable et riche d’enseignements.
1. Le secret de Jaebets
Le nom Jaebets signifie : pénible, douloureux, souffrance, casse-pieds. Dans la culture Israélite, un nom et sa signification étaient très importants. Sa mère l’avait nommé ainsi 8 jours après la naissance, comme c’était la coutume. Ce qui veut dire qu’elle était encore loin d’oublier les douleurs de l’enfantement qui avaient inspiré ce prénom bizarre.
Porter un nom pareil n’était pas triste ! Imaginons comme on devait se moquer de lui à l’école, dans la ville où il habitait, au travail… Pensez-vous qu’une jeune femme aurait envie de se marier avec quelqu’un qui s’appellerait pénible, douloureux, souffrance, casse-pieds ? Jaebets aurait pu être fataliste en disant « puisque mon nom est pénible, ma vie entière est obligée d’être pénible et d’être une souffrance. Tout est prédestiné ! Tout est écrit d’avance ! Le destin veut qu’il en soit ainsi ; mon nom est pénible, ma vie le sera aussi… »
Or Jaebets avait un secret ! Il a su surmonter son handicap naturel car il savait que la signification d’un prénom donné à la naissance ne détermine pas le caractère de la personne qui le porte. Jaebets savait qu’il pouvait aimer et servir le Dieu de ses pères. En tant que membre de la tribu de Juda et comme tout juif, il savait ce qui avait été promis aux enfants de Juda par les Ecritures. Dans les dernières paroles de Jacob, il est dit que les descendants de Juda seraient forts comme des lions, et qu’ils remporteraient des combats (Gn 49.8-12).
Les dernières paroles de Moïse promettent également la force et des victoires aux descendants de Juda qui mettent leur confiance en l’Eternel. Ainsi Jaebets a surmonté son handicap et les moqueries dues à son prénom ridicule parce qu’il croyait aux promesses de Dieu dans les Ecritures. Il croyait et savait que Dieu lui donnerait les victoires nécessaires dans ses combats quotidiens même si certaines circonstances de sa vie ne changeaient pas, même s’il gardait le même nom de Jaebets !
2. La prière de Jaebets
II demande quatre choses :
Bénédiction : « Seigneur, bénis-moi ». En d’autres termes il dit : Seigneur, fais-moi beaucoup de bien, encourage-moi, rassasie-moi, rends-moi satisfait, donne-moi un esprit de contentement, s’il te plaît, bénis-moi ! Il n’est pas interdit à un chrétien de prier ainsi. Mais il y a plusieurs façons de le faire : « Vous ne recevez pas parce que vous demandez mal » (Jc 4.3).
Croissance : « Etends mes limites », donne-moi davantage de terres. Jaebets prie pour ses besoins matériels et en tant qu’agriculteur il demande plus de terres. Attention, cela se passait avant la P.A.C. ! Souvenons-nous que nous pouvons prier pour nos besoins matériels : Jésus nous le dit lorsqu’il enseigne cette prière à ses disciples : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ».(Mt 6.11).
Présence de Dieu : Il veut que la main de Dieu soit visible dans vie, comme elle était visible dans celle de Joseph par exemple (Gn 39.1-6). Dans l’Ancien Testament, il est question de la main de Dieu dans un livre sur deux. Que Dieu peut-il faire de sa main ? Il peut guider, porter, consoler, rassurer, retenir, protéger, discipliner, etc. Qu’il est important de vouloir que la main de Dieu soit avec nous et sur nous !
Protection : Puis Jaebets prie encore : « Fais que ma vie ne soit pas une vie de Jaebets (souffrance) ». Il fait un jeu de mots avec son propre nom, tout en priant ! Il demande la protection du Seigneur, étant conscient que des loups veulent l’attaquer, qu’un lion cherche à le dévorer chaque jour. Il sait que le Malin est très malin, et que tout seul il ne peut rien contre l’ennemi de son âme. C’est pourquoi il s’adresse au Dieu d’Israël (v.10), c’est-à-dire à celui qui est fidèle à ses promesses et à son peuple. Il implore : « Protège-moi, garde mes pieds de toute chute, de tout faux pas… » Nous trouvons le même principe dans les propos de Jésus : « Délivre-nous du Malin » (Mt 6.13).
3. La réponse de Dieu
Le Seigneur a-t-il dit : Jamais je ne répondrai à une prière si égoïste ? Décide-t-il d’envoyer un prophète chez Jaebets pour lui enseigner la théologie de la prière ? Bien sûr que non ! « Dieu accorda ce qu’il avait demandé » : quelle belle phrase ! « Oui, je te l’accorde, mon fils ! » Dans sa grâce et dans sa bonté infinies, le Seigneur répond de façon positive à la demande de Jaebets. il y répond car « la prière agissante du juste a une grande efficacité » (Jc 5.16), et parce que « l’Eternel est près de ceux qui l’invoquent… avec sincérité » (Ps 145.18).
Conclusion
Jaebets ne s’est pas laissé freiner dans sa vie avec le Seigneur à cause de quelque chose qui lui était arrivé des années auparavant. Refusant de traîner son passé comme un boulet, il a prié avec foi en faisant confiance au Seigneur pour ses besoins présents et futurs. Alors « Dieu accorda ce qu’il avait demandé » et « Jaebets était plus considéré que ses frères »
D.S.