La première épitre de Jean

 

(1ème partie)

 

 commentaire Bible

par Alain KITT

 

 

Introduction

 

Les trois documents intitulés Lettres de Jean qui sont situés vers la fin du Nouveau Testament nous rappellent en bien des points l’évangile du même nom, et il n’a jamais fait de doute que ces documents, lettres et évangile, proviennent de la même personne, l’apôtre Jean, surnommé avec son frère « fils du tonnerre » (Mc 3.17), mais devenu par la grâce du Seigneur « l’apôtre de l’amour ».

 

Une lecture comparée de l’introduction de cette lettre et du prologue de l’Evangile de Jean fait apparaître immédiatement des similitudes de style qui sont le fait, soit d’un seul et même auteur, soit d’une imitation délibérée. Nous optons pour la première possibilité.

 

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1. Points communs entre l’Evangile de Jean et les trois lettres de Jean

 

a) L’importance des contrastes

 

Lumière / Ténèbres : 1 Jn 1.6-7 ; 2.10-11 ; Jn 8.12 ; 9.4-5

 

 

Mort / Vie : 1 Jn 3.14-15 ; Jn 5.24

 

Mensonge / Vérité (ou justice) : 1 Jn 2.4, 21 ; 5.10 ; Jn 8.44

 

Avoir / Ne pas avoir la vie étemelle : 1 Jn 5.13 ; Jn 3.16, 36 ; 5.24

 

b) L’insistance sur le lien entre l’amour et l’obéissance aux commandements du Seigneur et sur l’importance de l’amour dans nos relations les uns avec les autres. Lire 1 Jn 2.7-11 et comparer :

 

1 Jn 3.11-24 et Jn 13.34-35 ;

 

1 Jn 4.7-12 et Jn 15.12-17.

 

(Le but de la première lettre de Jean est différent de celui de l’Evangile, mais il est exprimé dans des termes presque identiques — voir 1 Jn 5.13 et Jn 20.31.)

 

 

2. Il est aussi important de souligner combien « absolus » sont les contrastes à l’intérieur de la première lettre de Jean

 

a) On est soit dans la lumière, soit dans les ténèbres : 1 Jn 1.5-7 ; 2.9-11.

 

b) Si on n’est pas enfant de Dieu, on est enfant du diable : 1 Jn 3.10.

 

c) L’amour du monde est incompatible avec l’amour du Père : 1 Jn 2.15.

 

L’auteur veut transmettre des certitudes, permettre à ses lecteurs de savoir qu’ils sont passés de la mort à la vie : 1 Jn 2.21 ; 3.14 5.13.

 

 

3. La première lettre de Jean veut donner les moyens de distinguer le vrai du faux

 

A l’arrière-plan de la lettre se profile l’activité de faux docteurs enseignant des doctrines aussi fausses que destructrices. Ce n’est pas encore le gnosticisme, développé au IIème siècle, mais les germes de cette hérésie sont là :

 

  • on minimisait la gravité du péché (1 Jn 1.6 ; 3.4)

 

  • en niant son existence (1 Jn 1.5-10)

 

  • en essayant de séparer « le Christ » et « l’homme Jésus » (1 Jn 4.2-3 ; 5.6)

 

  • en niant le Père et le Fils (1 Jn 4.1-3, 14 ; 5.9-12 ; 2 Jn 7.9).

 

Ces faux docteurs avaient fait partie de l’église, en se faisant passer pour de vrais chrétiens ; mais ils en étaient sortis (peut-être parce que l’ensemble de l’église ne les avait pas suivis) démontrant ainsi qu’ils ne faisaient pas partie de la famille de Dieu (voir 1 Jn 2.19 et 4.4).

 

Mais comment distinguer le vrai du faux, quels critères appliquer pour éprouver la véracité des enseignements qui sont proposés ? La question est aussi actuelle de nos jours que lorsque l’apôtre a écrit aux chrétiens de son époque.

 

 

4. Jean propose trois « tests »

 

a) L’amour envers les chrétiens : 1 Jn 2.9-10 ; 3.18-19 ; 4.7-8, 11

 

b) L’obéissance aux commandements du Seigneur : 1 Jn 2.3-4 ; 3.24

 

c) La fidélité à l’enseignement apostolique : 1 Jn 1.1-3 ; 2.24 ; 4.14

 

La majeure partie de cette première lettre consiste en l’énoncé, l’application et l’approfondissement de ces trois tests. Parfois ils apparaissent seuls, parfois ils sont entremêlés : en effet, tous trois sont indispensables, il n’y a pas de « note moyenne globale » qui nous permettrait par exemple d’exceller dans l’amour tout en échouant dans l’obéissance aux commandements.

 

Dans les études qui suivront nous examinerons, Dieu voulant, de plus près ces trois tests de la vie chrétienne.

 

A.K.

 

Lecture recommandée : Les Epîtres de Jean de John Stott, aux éditions Farel/Sator, 1984 (malheureusement épuisé, mais on le trouve toujours en anglais : Epistles of John, Editions IVP, 1964).