Editorial du n°6 Novembre-Décembre 1998

Le chrétien et la politique

Par Jean-Pierre BORY

M. Rocard se dit protestant, M. Jospin aussi, tandis que M. Balladur est catholique et suit régulièrement des offices. De plusieurs hommes et femmes politiques, « on dit » qu’ils sont chrétiens engagés, voire assidus à l’église.

Cela a-t-il influencé ou cela influence-t-il leur comportement de ministres, leurs propositions politiques ou les décisions de leur gouvernement ?

Mais, direz-vous peut-être, il faut distinguer religion et foi personnelle. La seconde ne s’accommode pas des compromis nécessaires de la grande politique. Et pourtant, il existe depuis peu au Parlement Européen un lieu de prière pour les parlementaires, au palais fédéral suisse plusieurs hauts fonctionnaires se retrouvent pour des moments de prière. Et certains chrétiens évangéliques sont des élus politiques.

C’est une question très controversée dans les milieux évangéliques que celle de la participation d’un chrétien à la vie politique du pays. A-t’il le droit, le devoir de s’en distancer, ou alors de s’y impliquer ? Dans ce cas, jusqu’à quel niveau: municipal, régional, national ? Les chrétiens devraient-ils rejoindre un parti pour que leurs voix soient entendues ? Mais s’engager, n’est-ce pas dangereux ? ne risque-t-on pas simplement de mettre le doigt dans un engrenage de compromissions dont ni l’individu, ni l’Eglise ne peut s’arracher sans dommage ?

Il est intéressant de remarquer que des points de vue apparemment opposés, disent trouver leur justification dans la Bible… On est souvent rapide pour énoncer un avis de façon tranchante ; et plus tard on découvre une autre perspective qui fait regretter certains propos.

Mais d’un autre côté, la Bible ne parle pas comme le monde « tolérant » qui dit: A chacun son chemin ; il suffit d’être sincère.

Et elle ne laisse pas sans réponse devant cette question : quelle est la légitimité de l’engagement chrétien dans la politique ? A nous de découvrir la richesse de la pensée biblique.

Jean-Pierre BORY.