Editorial du N°5 Septembre-Octobre 1998

 

CARPE DIEM ou une génération teuf1

 

Par François-Jean MARTIN 

 

 

Alors que les joies festives de la victoire de la France au Mondial de football ne sont plus que des souvenirs, notre pays s’est redécouvert un tempérament propice à la fête. Dionysos semble de retour et intime l’ordre de jouir du moment présent. On se bouscule dans les fêtes celtiques,on transpire dans les raves, on festoie dans les repas de quartier, on guinche dans les ferias, on défile dans les love parades, on se noie dans la bière à la Saint-Patrick, on se grime pour Halloween…

 

Peu importe le flacon, drapeau tricolore, rayon laser ou citrouille, pourvu qu’on ait l’ivresse de la fête. Un seul mot d’ordre : « carpe diem » comme disaient les Latins, profite du temps présent.

 

Après la « bof génération », la « teuf génération », la fête est comme une fuite en avant, une façon d’échapper à la réalité puisque Dieu et Marx sont morts aux yeux de notre société. La fête apparaît comme un produit de substitution à la réalité. Il n’y a plus d’illusion sur la transformation de la société. La fête fabrique du consensus. Elle ne fait pas de débat. C’est une tentative pour reconstruire une vie plus fraternelle. La fête est parée de toutes les vertus. Une potion magique pour faciliter la coexistence entre les communautés, lutter contre la violence dans les banlieues ou briser la solitude des citadins.

 

Mais ce Dionysos n’est jamais vierge d’arrière-pensées. Ce n’est pas un pur esprit. L’idole barbue joue les mercenaires pour toutes sortes de maîtres. Il participe au grand endormissement des consciences.

 

Face à un monde sans valeurs, sans avenir, nous ne pouvons dormir à fond de cale, alors que le bateau de notre société prend l’eau dans la tempête. Les chrétiens doivent témoigner que Dieu existe et qu’il y a en Jésus-Christ la réponse aux angoisses, aux questions qui sont celles des êtres humains.

 

Il y a un aujourd’hui et un futur en Jésus-Christ.

 

La fête peut ne pas être négative : Dieu nous invite à la vivre à cause de l’oeuvre du Christ, non avec du vieux levain (1 Co. 5.7-8).

Ne vous coulez pas simplement clans le moule de tout le monde. Ne conformez pas votre vie aux principes qui régissent le siècle présent, ne copiez pas les modes et les habitudes du four.Laissez-vous plutôt entièrement transformer par le renouvellement de votre mentalité. Adoptez une attitude intérieure différente. Donnez à vos pensées une nouvelle orientation afin de pouvoir discerner ce que Dieu veut de vous. (Rm 12.2 – dans Parole Vivante).

 

François-Jean MARTIN

 


Note

 

1. Teuf = fête en verlan.