Notes de lecture

 

L’Avortement : enjeux théologiques et éthiques1

 foetus

par Alain KITT

 

 

Ce livre, édité par James K. Hoffmeier, est une collection d’écrits de seize auteurs, tous spécialistes dans leur domaine (théologie, psychologie, éthique, biologie… ) et tous chrétiens convaincus. Bien que le livre soit écrit dans le contexte nord-américain, ses conclusions, et les raisonnements sur lesquels ces conclusions sont fondées, nous aideront dans la relation d’aide auprès de personnes qui envisagent d’avorter ou qui l’ont déjà fait. Ce livre sera utile aussi dans tout débat au sujet de l’avortement.

 

 

Ce que la Bible dit de l’avortement

 

Une première section traite du thème de l’avortement de manière théologique. Si la Bible ne parle pas de l’avortement sur demande tel qu’il est pratiqué de nos jours dans beaucoup de pays, dont la France, nous pouvons quand même nous forger des convictions bibliques sur le sujet ! Ce qui est en jeu, c’est notre respect pour la vie. Le texte d’Exode 21.22-25 parle d’accouchement prématuré provoqué de façon accidentelle, et non pas d’avortement délibéré. Néanmoins ce passage nous laisse entrevoir que la vie de la mère et celle du fœtus ont de la valeur aux yeux de Dieu. Partout la Parole de Dieu affirme que la vie, y compris celle de l’enfant à naître, est un don du Créateur, et qu’il est de notre devoir de protéger la vie, et non pas la détruire.

 

D’autres textes du Proche Orient ancien, par contre, condamnent explicitement tout recours à l’avortement délibéré. Des lois perses datant du 6ème ou du 5ème s. av. J.-C. parlent de « meurtre volontaire » dans ce contexte.

 

Le Nouveau Testament, qui ne mentionne pas non plus l’avortement délibéré, célèbre aussi ce don magnifique que représente la vie. Pensons par exemple à Jean-Baptiste qui a tressailli de joie dans le sein de sa mère quand Marie est venue la voir ( Luc 1.44 ). On peut croire que le silence du Nouveau Testament à l’égard de l’avortement est dû au fait que pour les premiers chrétiens, comme pour les Juifs de l’époque, ce n’était tout simplement pas une option à envisager. Il sera par contre fermement condamné dans des écrits chrétiens du 2ème siècle.

 

De manière plus générale, les auteurs soulignent que plusieurs idées bibliques militent contre l’avortement : l’image de Dieu en l’homme, la reproduction qui fait partie de la créativité humaine, et le fait que pour apporter le salut au monde le Fils de Dieu a choisi de naître par la voie humaine normale, à part sa conception miraculeuse. Le scandale de cette grossesse, et la honte que Joseph et Marie ont dû affronter, seraient probablement considérés de nos jours comme des motifs valables pour procéder à un avortement ! Les auteurs de ce livre cautionnent l’avortement seulement lorsque la vie de la mère est en danger.

 

 

Freiner une évolution sociale ?

 

D’autres thèmes sont abordés de manière très utile. Il y a par exemple la question de savoir dans quelle mesure les chrétiens peuvent s’attendre à ce que leurs convictions, et la volonté de Dieu révélée dans la Bible, soient reflétées dans les lois et dans les mœurs. Nous ne pouvons pas, bien sûr, imposer notre point de vue ; mais nous pouvons nous engager dans le débat public et essayer de démontrer pourquoi la législation permissive actuelle est si néfaste. Les auteurs parlent des souffrances de la mère, des risques d’infection etc., des conséquences sur la possibilité de concevoir d’autres enfants, de la culpabilité qui peut être ressentie longtemps après, des problèmes psychiques qui peuvent survenir suite à un avortement.

 

 

Informer, enseigner

 

Un des chapitres les plus intéressants, à mon avis, est celui consacré à l’enseignement : se lamenter sur la facilité de l’avortement ne suffit pas : nous devons nous demander pourquoi on en est arrivé là. Est-ce que nous avons su donner une idée assez élevée de la valeur de la vie et montrer par l’exemple que le chemin de la facilité est souvent contraire à ce qu’il y a de meilleur ? C’est un appel aux enseignants chrétiens : il leur faut non seulement inclure le respect de la vie dans les programmes d’enseignement, mais aussi montrer du respect pour la vie des jeunes dont ils ont la responsabilité.

 

 

Prévenir pratiquement

 

Autres points forts de ce volume : l’insistance sur le fait que lorsqu’on parle de l’avortement ou des moyens de l’éviter, une partie du mal est déjà faite. Ce sont des grossesses non désirées, souvent chez des adolescentes pour qui élever seule un bébé est impensable. D’où l’importance d’enseigner la possibilité d’une autre façon de vivre, où la gratification des désirs physiques ne prend pas le dessus sur la recherche de la volonté de Dieu.

 

 

Accompagner ensuite

 

Ce qui se passe après l’avortement n’est pas négligé, pas plus que l’accompagnement de celles qui décident de garder leur bébé. Celles-ci ont pu être rejetées par leur famille, être abandonnées par le père de l’enfant et vivre dans des circonstances matérielles très difficiles ; elles ont besoin du soutien et de l’amour de nos communautés chrétiennes. Pour celles qui ont décidé d’avorter et pour leur partenaire qui a peut-être poussé dans ce sens, nous devons, sans minimiser la gravité de ce qu’ils ont fait, montrer que le chemin de la repentance et du pardon est encore ouvert.

 

Sans avoir recours au sensationnel, ce livre donne de solides arguments à ceux qui croient que l’avortement « facile » pratiqué de nos jours est un mal grave. Espérons qu’il fera aussi réfléchir les autres. En même temps il nous invite à avoir de la compassion pour celles qui ont interrompu volontairement une grossesse, parfois sans avoir été bien informées des risques encourus et des possibilités alternatives qui se présentaient.

 

A.K.


NOTE

 

1. : L’Avortement : enjeux théologiques et éthiques, édité par James K. HOFFMEIER (Québec : Editions La Clairière).