Pourquoi avoir accepté d’être soutenu
pour travailler à plein temps dans les Assemblées ?
par Colin CROW
Dans les pages suivantes, quelques témoignages vous montreront des façons très diverses d’exercer une ministère utile, voire capital pour le développement d’une Eglise
Voilà déjà 30 ans que nous servons à plein temps dans des Eglises. Et dans trois situations différentes : tout d’abord dans un petit groupe, qui sollicita une aide pastorale, puis dans une Eglise déjà bien établie dirigée par un pasteur dont le principal don était celui d’évangéliste, et enfin en accompagnant une équipe pour établir une nouvelle Eglise par essaimage. Pourquoi avoir accepté ce ministère ?
Le Nouveau Testament nous montre qu’un ministère à plein temps dans l’Eglise est légitime !
Paul laisse Timothée à Ephèse pour affermir l’Eglise et les exhortations qu’il lui prodigue sont une source riche d’instruction pour ceux qui ont une tâche pastorale. Il envoie Tite en Crète pour exercer un ministère inter-Eglises de coordination, de formation et d’enseignement (Tt 1.5).
Il m’apparaît clairement que le « plein temps » est ancien parmi les anciens : ni plus ni moins. Paul enseigne que le « plein temps » peut ou même doit être rémunéré et donc libéré d’un travail séculier afin de se consacrer à l’oeuvre spirituelle de l’assemblée (1 Tm 5.17-18). Il utilise la même expression en 1 Co 9, pour dire qu’il avait le droit de s’abstenir d’un travail séculier et d’être rémunéré par l’Eglise également. Il a choisi simplement de faire autrement.
Au départ de notre ministère, nous avons simplement dit au Seigneur : « Si tu pourvois à nos besoins matériels, nous prendrons cela comme signe que tu veux que nous servions à plein temps » (Mt 6.33).
Quelle que soit l’option choisie par le serviteur et/ou l’assemblée qui lui reconnaît ce ministère, cela ne change en rien son statut d’ancien parmi les anciens sur un pied d’égalité.
Les raisons pratiques qui nous ont conduits à servir à plein temps
La première et principale raison est une question de disponibilité. L’ancien qui doit assurer un travail séculier et s’occuper normalement de sa famille (condition pour être un ancien…) ne peut pas disposer de toute évidence du même temps pour s’occuper de l’Eglise. Le monde moderne est souvent très exigeant au niveau du travail, surtout envers ceux qui sont cadres et exercent des responsabilités dans leur entreprise. Il est difficile de se rendre disponible pour l’œuvre de Dieu.
Deuxièmement, le rôle d’une personne à plein temps peut être très différent selon les cas. Il s’agit de savoir quel est son don : évangéliste, pasteur, enseignant (ce sont des dons et non des grades !). L’assemblée peut faire appel à un serviteur pour répondre à un besoin particulier (coordination, animation des jeunes, visites, évangélisation), besoins auxquels les anciens en place ne peuvent répondre.
Troisièmement, bien sûr, la présence d’un plein temps peut multiplier les possibilités et l’efficacité dans l’extension de l’oeuvre.
Notre expérience
Les situations dans lesquelles le Seigneur nous a appelés à servir étaient très diverses.
1. Le manque de main d’oeuvre disponible pour les visites et l’enseignement a poussé l’assemblée d’Orange à nous inviter à les aider. C’était à l’époque un petit groupe de moins de 20 personnes. Elles avaient une forte vision d’évangéliser. Et cela se fit avec l’ensemble du groupe. Il y avait une volonté de rechercher les dons de chacun et de les mettre en œuvre ; la présence d’un « plein temps » ne fut pas une source d’étouffement ou de frustration dans le groupe. Il n’était pas question de préséance, ni de la part du serviteur, ni de la part des anciens. Une collaboration harmonieuse vitale a prévalu. Quand le Seigneur permit une bonne extension de l’œuvre, nous avons eu la conviction qu’il fallait partir ailleurs.
2. Nous nous sommes dirigés vers Montpellier pour travailler dans une Eglise créée une dizaine d’années auparavant. Notre engagement a permis au fondateur de l’Eglise, Jack Mouyon, qui a un don d’évangéliste, de répondre à l’invitation d’autres Eglises pour des efforts particuliers d’évangélisation. Libérer un don latent ne pouvait qu’être positif. Il a fallu un esprit de soumission mutuelle pour que le ministère puisse s’épanouir entre les mains du Seigneur !
Il a permis ainsi que l’Eglise double de taille et démarre trois nouvelles implantations pendant une quinzaine d’années de collaboration.
Nous nous sommes engagés dans un travail universitaire lorsque le Seigneur montra qu’il y avait une possibilité de mieux utiliser les dons qu’il avait placés dans l’Eglise à laquelle nous nous étions rattachés.
3. Nous avons, dans le cadre d’une équipe à plein temps, contribué au lancement d’une nouvelle Eglise. Il s’agissait simplement de garder à l’esprit la nécessité de découvrir les dons et d’en encourager le développement afin que chacun y trouve sa place, de savoir se rendre discret et céder des responsabilités à ceux et à celles que le Seigneur suscite dans l’Eglise. La tentation de s’agripper à une place reste une réalité humaine. Il fallait encore conserver un esprit d’humilité et de soumission mutuelle, c’était essentiel : ce combat n’est pas lié à la présence d’un « plein temps » mais peut très bien exister là où le ou les anciens sont trop dominants…
Une constatation
Dans beaucoup de nos assemblées force est de constater que l’œuvre n’avance pas : soit parce que les anciens manquent de formation et il y a un problème au niveau de l’autorité spirituelle ; soit parce qu’ils n’ont pas le temps pour faire plus, pour développer de nouvelles initiatives, ou simplement pour suivre tous les membres de la communauté sur le plan pastoral. Et les difficultés ne tardent pas à se manifester.
Bien sûr, aucune Eglise n’est obligée d’avoir un « plein temps ». S’il y a suffisamment de dons pour assurer le travail et le développer afin qu’il y ait croissance et multiplication, tant mieux. Mais rares sont les communautés où cette situation existe effectivement. Il ne s’agit pas de nous priver par orgueil ou par manque de vision des possibilités que le Seigneur nous donne pour avancer et multiplier le témoignage à Sa gloire.
Alors pourquoi un « plein temps » ? Parce que c’est biblique, parce que les besoins de l’œuvre l’exigent, parce que cela multiplie l’efficacité lorsque les dons sont bien utilisés.
C.C.