Pas facile !
Par Catherine Dickson
Mon père ayant du mal à assumer la charge de ma mère malade Alzheimer nous avons décidé, mon époux et moi, de les faire venir dans notre ville. Après réflexion, il nous a paru que le plus pratique serait de trouver une maison avec deux appartements (une gageure en soi !). Dieu a pourvu et la « cohabitation » dure depuis six ans. Maman est décédée il y a deux ans, mais Papa reste encore avec nous ; il est devenu dépendant, lui aussi.
Ce n’est pas toujours facile, mais ce n’est pas non plus un cauchemar.
Pas facile d’abord parce que nos enfants ne supportent pas très bien les remarques de leur grand-père ni les demandes fréquentes de services.
Pas facile non plus pour moi qui essaie de temporiser entre ces deux générations. Je comprends les remarques de mon père et je me mets à la place de mes enfants.
Pas facile non plus parce que j’essaie de remuer mon père, de le pousser à sortir, à faire des choses, et lui, il résiste et dit aux gens que je « l’oblige » …
Pas facile de trouver le juste milieu entre le maternage et la responsabilisation du parent dépendant. Un lapsus amusant et révélateur : quand une nouvelle auxiliaire de vie s’est présentée un matin, elle m’a demandé qui j’étais, et moi j’ai répondu : « la mère de M. X ». On a tous bien ri, mais en fait c’est ça ! Je m’en occupe comme d’un enfant qui régresse au lieu de progresser. Et ce n’est pas mon enfant, mais comment trouver la juste mesure ?
Pas facile pour moi d’apprendre la patience. Papa prend son temps pour tout. Il n’est jamais prêt à l’heure où on lui demande et il fait tout au ralenti du fait de sa maladie de Parkinson. Il me demande mon avis pour chaque petite décision. Bref, c’est une bonne école de patience !
Pas facile, non plus, la culpabilité que je ressens parfois de ne pas en faire plus. J’essaie de prendre un après-midi par semaine pour lui, mais le reste du temps, c’est vrai que je passe en coup de vent trier le courrier, descendre les repas, mettre une machine en route, etc. Et lui, lance : « Tu n’as jamais le temps ! » C’est vrai que je n’ai jamais le temps entre mon travail, les enfants, mon mari, les activités de l’Eglise, et lui.
Quand, parfois, papa va chez mon frère, je réalise qu’un poids quitte ma poitrine. Donc je vis avec ce poids le reste du temps.
Mais je suis contente de faire ce que je fais. Je ne pense pas que je pourrais le faire sans l’aide pratique et le support moral de mon époux. Pour moi, il s’agit simplement de faire à l’autre ce que l’on aimerait qu’il nous fasse. Aimer son prochain comme soi commence par là pour moi.
C.D.