Etre famille d’accueil
Claude et Isabelle (CI. par la suite), et Savino et Philomène (S.P.), chrétiens de la région lyonnaise, accueillent depuis plusieurs années des enfants dont les parents ne peuvent pas s’occuper pour diverses raisons. Alain Kitt les a rencontrés et leur a demandé de partager leurs expériences avec les lecteurs de Servir en L’attendant.
A.K. Pourquoi avez-vous décidé d’accueillir des enfants chez vous ?
Cl. Nous aimons beaucoup les enfants, et ne voulions pas nous limiter à nos propres enfants.
S.P.. Nous croyons que c’est une manière de mettre en pratique l’exhortation biblique à exercer l’hospitalité. Nous avons voulu aussi soulager des enfants en détresse et leur donner un sens de la famille.
A.K. Comment vos propres enfants ont-ils réagi ?
S.P. Cela n’a pas posé de problème, ils nous ont encouragés à aller de l’avant.
Cl. Il nous est aussi apparu très important de prendre en compte l’avis de nos enfants : nous en avons discuté avec eux, et ils ont très bien accepté notre démarche.
A.K. Quels changements avez-vous constatés dans votre vie de famille ?
S.P. Les enfants que nous avons accueillis étaient déjà assez grands (parfois des enfants de 12 ans), avec un passé qui a pu être lourd et qui les a profondément marqués. Il a fallu s’adapter à ce passé. Nous avons dû apprendre à ne pas poser trop de questions et à ne pas porter de jugement sur leur éducation de famille d’origine.
Cl. Nous avons dû apprendre aussi ! Apprendre à accepter davantage de contraintes dans notre programme quotidien, qu’il s’agisse de nos propres enfants ou des enfants que nous accueillons. Il faut être prêt à l’accepter. Nous devons accepter des changements de dernière minute qui bouleversent notre planning, quand par exemple les parents des enfants ne peuvent pas, ou ne veulent pas, reprendre leurs enfants un week-end où nous avions prévu de partir en congé.
A.K. Est-ce que vous avez pu partager votre foi avec les enfants que vous avez reçus ?
S.P. Nous avons pu partager librement notre foi avec certains des enfants que nous avons accueillis. Ils ont pu nous accompagner aux réunions de l’église, et l’un d’entre eux s’est converti.
CI. Quant à nous, nous n’avons pas toujours été libres d’enseigner les enfants que nous accueillons (si leurs parents étaient musulmans, par exemple), et nous respections bien sûr les voeux exprimés par les parents dans ce domaine. Nous croyons pourtant que notre façon de vivre – notamment au niveau des relations au sein de la famille, et de la reconnaissance des bénédictions de Dieu dans notre vie – doit être en elle-même un témoignage qui fait réfléchir.
A.K. Faites-vous une différence entre vos propres enfants et ceux que vous accueillez ?
Cl. et S.P II est évident que les liens affectifs avec les enfants que nous accueillons ne sont pas les mêmes qu’avec nos propres enfants. Cela dit, nous nous efforçons de manifester le même amour pour tous, et d’établir les mêmes règles de discipline et de respect mutuel entre les membres de notre famille élargie. Pas de favoritisme dans un sens ou dans l’autre : les enfants s’en aperçoivent bien vite, et ils ont un sens aigu de la justice !
A.K. Pour terminer, avez-vous eu, dans votre expérience de parents d’accueil, des joies ou des souffrances particulières que vous aimeriez mentionner ?
Cl. La joie de voir des enfants qui sont arrivés chez nous très refermés sur eux-mêmes, et qui se sont épanouis petit à petit pour devenir capables de recevoir et de donner de l’affection. Malheureusement, cela n’arrive pas pour tous, et certains gardent un esprit dur et des attitudes néfastes hérités de leur passé.
S.P. Un des jeunes que nous avons accueillis s’est converti. Il s’est très bien intégré dans sa famille d’accueil, et il a voulu rester avec nous après sa majorité.
A.K. Merci beaucoup à tous les quatre d’avoir accepté de nous faire part de quelques aspects de votre expérience dans ce domaine.
Propos recueillis par Alain KITT