Sept enfants à la maison
Jeannie et Jean Luc Tabailloux sont installés près de Grenoble.
Leurs 7 enfants ont de 3 à 18 ans.
Jeannie, quelle priorité, quels challenges pour vous dans l’éducation de vos enfants ?
D’après un sondage que j’ai lu, les enfants pensent que la réussite scolaire est plus importante que la santé. Pour nous, la vraie réussite est d’aimer Dieu. Quand nos jumeaux sont nés, nous avons reçu une carte où il y avait : « Qu’ils grandissent pour aimer et servir Dieu ». C’est notre désir et notre prière. Et je prie que je sois un exemple et non un obstacle.
Et avec les enfants, avez-vous des temps particuliers de prière ?
Je prie toujours avec les enfants au moment du coucher. Ce sont des instants privilégiés, où on peut se connecter l’un à l’autre et avec Dieu, et ça se passe au niveau individuel. Je remercie Dieu pour la manière dont ils ont réagi dans la journée, pour que Dieu leur donne de la patience envers la petite soeur… Mon deuxième fils, même plus grand, me demandait : « Prie pour moi ». Les enfants cherchent à ce que la bénédiction vienne sur eux. Même à 6 ou 7 mois, quand je priais pour mes enfants, ils étaient calmes, comme s’ils comprenaient que quelque chose se passait. Je pense qu’ils s’arrêtaient pour sentir la présence de Dieu.
Peux-tu nous parler d’une difficulté rencontrée avec l’un ou l’autre enfant ?
Certains de nos enfants sont dyslexiques. Or, en France, la réussite scolaire compte beaucoup. Notre fils aîné a rencontré des problèmes scolaires, et même à l’école du dimanche, certains moniteurs ont été très durs avec lui. Mais, petit à petit, on s’aperçoit que sa vie est une réussite. Avec les souffrances qu’il a connues, il est sensible à celles des autres.
En tant que couple pastoral, un mot sur la vie de famille et l’accueil ?
Aujourd’hui, on parle beaucoup de protéger la famille, de ne pas avoir trop de monde. Mais souvent, nos enfants demandaient : qui sera avec nous ce soir ? Et je me rends compte combien ils ont appris de choses en voyant les uns et les autres. Ils ont compris ce qu’il faut éviter par les témoignages en direct.
Au niveau de l’église, comment réagissent-ils ?
Les enfants nous ont toujours suivis à l’église. D’ailleurs, on ne leur pose pas la question d’aller ou pas à l’église. Maintenant, les enfants viennent d’eux-mêmes.
Et le fait de rester à la maison, est-ce frustrant parfois ?
Si j’étais obligée de laisser nos enfants pour aller travailler à l’extérieur, je serais très frustrée. Je penserais que je rate quelque chose avec eux. Ma mère allait travailler pour elle. Je sentais qu’elle avait choisi entre le travail et moi, comme si le travail était plus important que moi. Mais ma mère n’était pas moi, et nos choix dépendent aussi de nos personnalités. Pour moi, ma place est avec les enfants.
Les enfants sont rassurés quand ils téléphonent à la maison et voient que je suis là. J’ai constaté cela avec mes deux grands. C’est important d’être toujours là. Il m’arrive de rester à la table de la cuisine avec un de mes enfants. Parfois, les conversations prennent un virage spirituel.
(propos recueillis par Marie-Christine Fave)