Election et évangélisation1
Par Jean-Paul Rempp
« En lui (Jésus), Dieu (le Père) nous a élus avant la fondation du monde » Ephésiens 1.4
La réalité biblique de l’élection
Avant même que le monde et qu’aucun homme n’existe, alors que, seul, II existait dans la perfection de son être, Dieu a souverainement décidé de nous sauver et de faire de nous ses enfants d’adoption. La doctrine de l’élection prouve, on ne peut mieux, l’absolue souveraineté de Dieu…
De tout temps, on a cherché à opposer le fait de l’élection au choix de l’homme, autrement dit à opposer la souveraineté de Dieu à la responsabilité de l’homme, comme si, affirmer l’une de ces réalités excluait l’autre. A la question : « Comment comprenez-vous le mystère de la tension entre la souveraineté divine et la responsabilité humaine ? », Spurgeon répondait : « il n’est pas nécessaire de réconcilier des amis »2
Si Dieu nous a élus en Jésus, s’il nous a prédestinés par Jésus-Christ à être adoptés (Ep 1.5a), c’est « selon le dessein bienveillant de Sa volonté » (v. 5b). Dieu nous attire irrésistiblement à lui3, non pas en nous manipulant, ni en nous forçant la main, mais en nous permettant de répondre à son amour selon cette belle parole de l’apôtre : « Pour nous, nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jn 4.19). Le Dieu qui nous est « plus intérieur que le plus intime de nous-mêmes » (Augustin), est « capable, avec un tact infini, de susciter en nous le vouloir et le faire sans léser notre liberté : en nous faisant libres ! »4
Les conséquences de l’élection dans l’évangélisation
Une nouvelle motivation
La foi en l’élection et en la souveraineté de Dieu ne change rien à la nécessité d’évangéliser. C’est en effet généralement par la prédication de l’Evangile que Dieu a choisi de sauver les pécheurs5. En évangélisant nous entrons donc dans le plan de Dieu. Ainsi, c’est en réponse à l’Evangile annoncé par les membres du peuple de Dieu, tous appelés à être ses témoins, que les élus viendront au salut que Dieu leur a préparé.
Une nouvelle urgence
La foi en l’élection et en la souveraineté de Dieu ne change rien non plus à la nécessité pour l’homme pécheur de répondre à l’invitation de l’Evangile et de venir à Christ pour expérimenter sa miséricorde. Mais comment un homme corrompu par le péché pourrait-il comprendre la nécessité de la conversion et à plus forte raison la vouloir ? La réponse se trouve dans cette merveilleuse prière qu’Ephraïm adresse à l’Eternel : « Fais-moi revenir et je reviendrai » (Jr 31.18).
Le devoir de tout pécheur non-régénéré est de se tourner vers Christ dans le repentir et la foi pour être sauvé. Mais pour qu’il en vienne à crier : « Mon Dieu, je suis désespéré, sauve-moi par ta grâce », il doit au préalable se reconnaître incapable de se sauver et savoir, psychologiquement, que son salut dépend de Dieu. Tel est le moteur, la conviction qui le pousse vers Christ.
Une vie de prière renouvelée
Dans son fameux livre « L’évangélisation et la souveraineté de Dieu »6, J.I. Packer écrit : « La prière n’est pas une tentative faite pour forcer la main de Dieu, c’est un humble aveu de faiblesse et de dépendance. Quand nous sommes à genoux, nous savons que ce n’est pas nous qui contrôlons le monde… Chaque fois que nous prions, nous confessons à la fois notre impuissance et la souveraineté de Dieu. »7
La façon dont nous prions pour la conversion de ceux que nous avons à coeur témoigne également du fait que nous considérons en réalité Dieu comme réellement souverain en ce qui concerne le salut. Ne lui demandons-nous pas qu’il veuille lui-même les sauver ; qu’il veuille lui-même ouvrir les yeux de leur intelligence, rendre leurs coeurs moins durs, renouveler leurs natures et transformer leurs volontés, afin qu’ils puissent recevoir le Sauveur ? Ne demandons-nous pas à Dieu d’accomplir lui-même en eux tout ce qui est nécessaire à leur salut ?
Conclusion
Comme l’a bien résumé J.I. Packer, « la souveraineté de Dieu dans la grâce est le seul élément qui peut nous donner un espoir de succès dans l’évangélisation. .. Au lieu de rendre l’évangélisation inutile, la grâce souveraine de Dieu est justement ce qui, seul, l’empêche d’être inefficace »8
J-P.R.
NOTES
1. Cet article est un condensé très succinct d’un exposé d’environ 10 pages que vous trouverez sur le site internet www.caef.net (ressources CEIE).
2. Cité in BRINK Egbert, « La prédestination et la liberté humaine peuvent-elles faire bon ménage ? », La Revue Réformée, n° 244 – 2007/5 – Octobre 2007 – Tome LV11I, pp. 67-83, p. 83.
3. Voir Jean 6.44.
4. BLOCHER Henri, « Souveraineté de Dieu et décision humaine », Ichthus, Octobre-Novembre 1977, n° 71, pp. 2-9, p. 7.
5. Voir Rm. 10.12-17.
6. Edition Grâce et Vérité, Mulhouse, 1968, 127 p.
7. Ibid., pp. 9-10.
8. Ibid., p. 101.