Editorial du n°4 Juillet-Août 2007

 

Vous avez dit : « Piété » !

 

Par François-Jean Martin


Jusque récemment la spiritualité évangélique individuelle se résumait essentiellement à deux pratiques : la lecture de la Parole et la prière. La famille assise autour de la table, avec le père lisant la Bible, la mère les mains jointes et les enfants tout oreille est presque une image d’Epinal de cette spiritualité. Aujourd’hui les pratiques foisonnent. Insatisfaits de la qualité de leur vie spirituelle, du peu de progrès dans leur sanctification, les chrétiens sont à la recherche de nouvelles méthodes, de nouvelles expériences, ils expriment ainsi un besoin de communion plus sensible avec leur Seigneur.
 

Bien des croyants vivent actuellement une recherche de pratiques spirituelles : « Aussi importante qu’ait pu être chacune de ces approches de la vie spirituelle, aucune n’était suffisante en soi. Il y a toujours plus.

 

Ce constat a été source à la fois de frustration et d’excitation. Source de frustration en ce sens que ma quête d’un système garantissant des résultats rapides, valable pour tous et dans tous les cas, ou d’une technique toujours parfaitement contrôlable, avait échoué. Source d’excitation, parce que je commence à entrevoir que nous n’en sommes qu’à effleurer tout ce que Dieu a fait pour nous et que de nouvelles surprises nous attendent constamment. » (Kenneth BOA).
 

Nous n’allons pas, dans ce numéro, évaluer toutes les pratiques spirituelles, ni même les énumérer. Mais nous vous proposons quelques réflexions et questionnements autour de ce foisonnement.
 

Tout d’abord le danger du déséquilibre si l’on se focalise sur une pratique et qu’on y voit la réponse à toutes nos aspirations et tous nos combats.

 

« Il est facile d’isoler un aspect de la spiritualité et d’en faire «la clef» de toute la vie spirituelle. Les modes risquent ainsi de se succéder, isolant un aspect – sonnent juste – de son contexte plus large et proposant des spiritualités parfois séduisantes, mais déséquilibrées. Car, comme bien des hérésies reposent sur une vérité isolée, ces spiritualités successives fragilisent souvent les chrétiens et les Eglises. » (Louis Schweitzer)
 

Mais il y a aussi des aspects positifs à ce foisonnement, dont le moindre n’est pas de redécouvrir un passé riche et des spiritualités vécues comme essentielles à certaines périodes de l’histoire du christianisme. Cette recherche rappelle que nous sommes entourés d’une nuée de témoins (Hé 12.1) et que la spiritualité chrétienne a vingt siècles d’existence auxquels on peut ajouter tous les siècles de la piété vétéro-testamentaire. Notre spiritualité est l’héritière de divers courants qui ont vu le jour à travers l’histoire.
 

Mais cela avertit aussi de ne pas tout prendre sans exercer un nécessaire discernement envers toutes les piétés aujourd’hui à la mode. Leur attrait, leur nouveauté ou leur présence dans l’histoire du christianisme ne doivent pas nous les faire accepter sans autre. Il faut que nous nous demandions : « Ont-elles un fondement dans la révélation biblique ? »

 

 

François-Jean MARTIN