Sir John Laing : Chef d’entreprise et serviteur de Dieu
(1879-1978)1
Par Allan Kitt
Plusieurs églises et oeuvres chrétiennes en France bénéficient de dons en provenance de la « J.W. Laing Trust », en Grande-Bretagne. Quelles sont les origines de cette association caritative chrétienne ? John Laing and Co. est aujourd’hui une des plus grandes entreprises de bâtiments et travaux publics du Royaume-Uni, engagée dans divers grands projets dans le monde entier, mais il n’en a pas toujours été ainsi.
John Laing (plus tard, Sir John Laing) est né en 1879 dans une famille d’entrepreneurs du bâtiment dans la région de Carlisle, ville importante du nord-ouest de l’Angleterre, tout près de l’Ecosse. D’intelligence très vive, John a décidé de quitter l’école à l’âge de 15 ans afin de suivre une formation comme apprenti maçon, tout en continuant à s’instruire sa vie durant par la lecture et les études personnelles. Après cet apprentissage il s’est engagé dans l’entreprise familiale. A cette époque, le rayon d’activité de celle-ci était surtout local, tourné en grande partie vers la construction de maisons individuelles.
Les parents de John étaient des chrétiens engagés et John a grandi dans une atmosphère de respect pour Dieu et de service du prochain. En prenant petit à petit des responsabilités dans l’entreprise, jusqu’à en devenir directeur, il a cherché constamment à appliquer ses convictions chrétiennes dans la gestion et dans les relations commerciales et industrielles. En cela il a contesté la devise commerciale : « Acheter le moins cher possible, vendre au plus cher. »
Pour lui, une telle devise était contraire à l’enseignement du Christ : Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. Ainsi a-t-il figuré parmi les pionniers de certaines avancées sociales du XXe s. au Royaume-Uni. Deux exemples : l’instauration dans son entreprise de congés payés, bien avant le passage de législation à cet effet, et l’encouragement à l’épargne pour la retraite, avec une aide importante de la part de l’entreprise. Il a aussi devancé l’industrie du bâtiment en payant les heures perdues pour cause de mauvais temps, à une époque où, si un chantier était arrêté, les ouvriers n’étaient pas payés.
John Laing était rigoureux envers lui-même, exigeant envers ses employés, mais toujours profondément humain. Un matin, en visitant un chantier, il a vu un ouvrier qui avait l’air mal en point. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui a demandé le directeur. L’ouvrier a expliqué que sa femme était malade depuis plusieurs semaines, et qu’il devait s’occuper des enfants avant de partir au travail, et encore le soir. Sans rien dire, John est parti. De retour sur le chantier, il a retrouvé le même homme en lui disant : « Prenez deux semaines de congés payés, votre famille a besoin de vous. » Rentré chez lui, l’ouvrier a découvert que son patron était passé pour vérifier qu’il disait vrai, et qu’il avait laissé de l’argent sur la table de la cuisine avant de repartir au chantier !
Pendant la guerre 39-45 l’entreprise a participé à la construction dans l’urgence de pistes d’aviation, ainsi que d’une partie du port artificiel utilisé pour le débarquement des troupes alliées à Arromanches. L’expérience ainsi gagnée a ouvert la voie à l’expansion importante des années suivantes, avec des contrats comme la cathédrale de Coventry, construite sur le site de celle détruite par les bombes allemandes et la construction du premier tronçon important d’autoroute en Angleterre.
Sir John Laing était un homme ambitieux, mais ce qui le motivait n’était pas le désir de s’enrichir ou la soif du pouvoir. Il voulait plutôt faire du mieux qu’il pouvait dans les domaines où Dieu lui avait donné des compétences. Surtout, il n’a jamais tenu à l’argent, ni à un train de vie luxueux. Une partie très importante des bénéfices de son entreprise a toujours été consacrée à l’oeuvre de Dieu : construction à prix coûtant de lieux de culte, dons très importants pour soutenir des mouvements comme les GBU et les Sociétés Bibliques… A sa mort en 1978, cet homme qui aurait pu figurer parmi les personnalités les plus riches de son époque, a laissé comme toute fortune personnelle : £ 371… Tout le reste, il l’avait donné, et la fondation qui porte son nom continue à subvenir aux besoins de l’oeuvre de Dieu dans le monde entier.
A.K.
NOTE
1. Source de renseignements : « Laing », de Roy Coad, Ed. Hodder and Stoughton, 1979. Photo, avec l’aimable autorisation du John Laing Charitable Trust.