Les fiançailles

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par Gérard DUCROZET 1

 

 

Le développement de la cohabitation dans notre société a modifié la nature des fiançailles qui ont aujourd’hui quelque chose d’un peu désuet, et il faut le regretter. En effet, les fiançailles correspondent à une phase particulièrement importante du processus d’édification du couple.

 

 

Qu’est-ce que les fiançailles ?

 

Elles sont comme un premier acte posé l’un vis-à-vis de l’autre et une affirmation de l’existence réelle du couple aux yeux des familles. Dans la tradition les fiançailles se caractérisent par des signes qui ont déjà valeur d’engagement. Le repas de fiançailles marque la rencontre des familles qui témoignent de leur approbation pour le projet de mariage. L’échange de la bague symbolise la promesse des amoureux de s’engager l’un envers l’autre dans la perspective du mariage.

 

Néanmoins, il ne faut pas confondre cet engagement avec l’alliance du mariage. La loi elle-même ne reconnaît pas de valeur juridique à une cérémonie de fiançailles qui n’offre pas de cadre protecteur pour les fiancés. Seul le « oui » du mariage scelle l’alliance devant Dieu et devant les hommes. Cette affirmation est importante pour au moins 2 raisons :

 

– La première est que les fiançailles, contrairement au mariage, laissent la porte ouverte pour une rupture toujours possible. Cette rupture, bien que douloureuse et psychologiquement difficile à assumer est néanmoins beaucoup moins traumatisante qu’un divorce.

 

– La deuxième est que l’engagement des fiancés ne légitime pas, aux yeux de Dieu, des relations sexuelles avant le mariage. Un certain nombre de jeunes chrétiens aujourd’hui prennent comme prétexte leur « statut officiel » de fiancés pour justifier des relations pré-conjugales. Le récit évangélique sur la naissance de Jésus, nous rappelle que les fiançailles, qui pourtant à cette époque avaient quasiment valeur de mariage, n’autorisent pas les relations sexuelles.

 

Bien que l’abstinence et la virginité avant le mariage semblent d’un autre âge, les fiancés doivent savoir que ces temps de fréquentations vécus dans la pureté morale sont un trésor d’une valeur inestimable dans le mariage. Ne pas s’engager ensemble dans ce que l’on sait contraire à la volonté de Dieu, c’est témoigner de la valeur de sa foi et donner à l’autre une preuve de l’amour et du respect qu’on a pour lui. Attendre, malgré la force du désir, pouvoir dire « on a lutté et gagné ensemble », quel capital de confiance dans le mariage !

 

 

Comment mieux vivre les fiançailles ?

 

Les fiançailles sont un temps particulièrement propice au partage et à la confrontation des valeurs, des attentes et des objectifs de vie. Comment conçoit-on le mariage, le partage des tâches, la gestion de l’argent, l’éducation des enfants, l’engagement dans l’église…? Ces échanges sont indispensables, riches et fructueux.

 

Aborder toutes les questions sur la vie commune future permet d’anticiper sur les inévitables tensions et conflits des premières années de la vie conjugale. Cet échange dans la transparence est la condition du « oui » conscient et responsable que l’on se donne le jour de son mariage. J’aimerais suggérer quelques domaines et poser quelques questions à ne pas négliger.

 

 

Dialoguer sur vos familles respectives.

 

On entre dans le mariage avec les modèles parentaux sur le couple, son fonctionnement… Connaître sa future belle-famille est un merveilleux moyen de mieux connaître et comprendre son(sa) fiancé(e). Quels rôles nos parents jouaient-ils respectivement dans leur ménage ? Y a-t-il des modèles de couples que nous aimerions imiter (parents, parents de mon(ma) fiancé(e), autres) ? Comment concevons-nous les rapports avec nos familles ? … Il est important de pouvoir exprimer dans l’amour et le respect, comment on « ressent » la famille de son futur conjoint.

 

 

Apprendre à communiquer à un niveau profond

 

dialogue-2Apprendre à communiquer à un niveau profond est nécessaire pour construire l’intimité du couple. Suis-je capable d’exprimer à mon (ma) fiancé(e) mes sentiments ? (peur, tendresse, colère). Y a-t-il des questions que j’ai peur de poser ? Quels sont les sujets que je n’aborde pas volontairement avec lui (elle) ? Quand nous rencontrons un obstacle dans la communication, quelles sont nos réactions ?…

 

Que faire avec ce que je n’aime pas chez mon (ma) fiançé(e) ?

 

Le temps des fiançailles est souvent celui des premières disputes et contrariétés. On découvre davantage les défauts de l’autre. Il faut bien accepter que l’on va épouser quelqu’un d’imparfait. Il y a toujours des concessions et des frustrations dans le mariage. Mais il y a un degré « d’acceptabilité » de l’autre et de compatibilité dans la différence des caractères et des valeurs. Il est dangereux de penser : « Je vais le (la) changer ». Le mariage nous change mais on n’entre pas dans le mariage pour changer l’autre.

 

Ça ne marche pas. Parfois certaines choses peuvent déranger au point d’introduire le doute sur l’opportunité du mariage. Beaucoup de fiancés se sont posés un jour la question de savoir si c’était vraiment « la personne » que Dieu leur destinait. Les fiançailles sont aussi un temps de questionnement

 

Parfois on n’ose pas aborder les questions susceptibles de remettre en cause le projet de mariage. Pourtant ce sont celles qu’il ne faut surtout pas occulter. En parler honnêtement avec l’autre et avec des personnes dignes de confiance est nécessaire. Souvent les doutes sont levés et on peut s’engager rassuré sur la voie du mariage.

 

 

Que faire avec ce que je n’aime pas chez moi ?

 

La Bible dit que pour vivre dans la communion, il faut vivre dans la lumière (1 Jean 1.7). Les fiançailles sont faites pour se connaître et se révéler l’un à l’autre tel que l’on est. Y a-t-il des choses que mon (ma) fiancé(e) est en droit de connaître sur moi ? Quels sont les problèmes non résolus dans ma vie que je garde secrets ? Quel effet ces problèmes auront-ils sur le couple ? Ce sont des questions que l’on ne peut pas fuir avant d’entrer dans la vie commune.

 

Parfois certains ont honte d’eux-mêmes et, par peur de compromettre leur mariage, ils n’osent pas révéler une partie de leur personnalité ou de leur passé. Mais on n’entre pas dans le mariage avec des mensonges ou des zones d’ombre sur sa propre vie. Tout ce qui n’est pas dit avant le mariage sera beaucoup plus difficile à dire plus tard et lorsque le conjoint le découvrira, le couple sera ébranlé sur les fondements de la confiance.

 

Il y a encore beaucoup d’autres choses à faire dans ce temps merveilleux des fiançailles. Prier et lire la Bible ensemble pour apprendre à fonder sa vie personnelle et sa vie commune sur la personne de Dieu. S’engager ensemble dans des activités telles que camps de service, d’évangélisation, afin de mieux se connaître et discerner un projet de couple au service du Seigneur. Que Celui qui a conçu le mariage pour le bonheur de l’homme et de la femme soit Celui qui guide les fiancés sur le chemin de l’amour.

 

G.D.

 


NOTE

 

1. Conseiller conjugal et familial, Famille Je T’aime. Site web : www.famillejetaime.com