Gestion du temps et des priorités

 

 

par Pierre SOLODKY ₁

 

 

Notre monde est en perpétuelle agitation ! Les journées se succèdent sans répit. Alors que le progrès était censé apporter plus de temps libre à chacun, il semble au contraire que ce dernier manque de plus en plus.

 

Depuis 30 ans, les sondages d’opinions sont formels : le temps devient l’une des préoccupations majeures de nos contemporains, loin devant la satisfaction de besoins fondamentaux comme la nourriture et le vêtement ou même l’argent.

 

Le disciple de Jésus-Christ n’échappe pas à cette réalité : chaque jour, il est tiraillé par de multiples tâches qui l’assaillent comme un essaim d’abeilles. Comment choisir entre tel ou tel impératif ? Comment terminer la journée avec la satisfaction d’avoir fait ce qu’il fallait ? Comment distinguer l’urgent de l’important ? Comment, et surtout pourquoi, bien gérer son temps et ses priorités ? Tel est le but de cette réflexion.

 

Moïse écrivait : « Notre vie est courte, fais-nous comprendre cela. Alors notre coeur sera rempli de sagesse. » (Ps 90.12, PVV). En tant qu’enfant de Dieu, nous nous devons de bien utiliser le temps que Dieu, dans sa grâce infinie, a bien voulu nous accorder sur cette terre, car c’est une manière de glorifier notre roi. Notre vie sera mesurée, non par notre accomplissement ou nos résultats, mais par notre fidélité vis-à-vis de notre mission ici-bas, et le chemin que nous aurons parcouru pour ressembler toujours plus à notre Maître Jésus-Christ. A nous de choisir, en sachant qu’en définitive, nous aurons à en rendre compte au jour du tribunal de Christ. Alors, pourquoi ne pas se poser la question dès maintenant ?

 

Un rapide calcul montre que sur les 700.000 heures que dure, en moyenne, la vie d’un être humain à l’aube du 21e siècle, plus d’un tiers représente du temps dit « libre », une fois éliminées les activités fondamentales telles que sommeil, alimentation, hygiène, transport, étude, travail. Dans nos pays occidentaux, nous avons la (relative) liberté d’utiliser ce temps comme bon nous semble ; tant de choses sont faites pour nous faire gagner du temps… à condition de ne pas se laisser asservir par une foule d’activités créées pour « occuper » l’homme moderne. Le temps alloué chaque jour par Dieu est le même pour tout être humain, mais il peut être gaspillé futilement ou au contraire, employé de manière juste.

 

Avant de continuer plus loin, il est bon de regarder d’abord à Christ, notre Maître bien-aimé, pour voir si celui-ci était confronté à la même pression que nous (Hé 4.15).

 

 

Jésus toujours dans le temps de Dieu

 

De nombreux textes montrent que Jésus a été très sollicité durant son ministère terrestre (Mc 3.20 ; Mc 3.9 ; …). Il avait un temps limité pour réaliser la mission que le Père lui avait assignée, ayant déjà en ligne de mire le « tout est accompli » qu’il prononcera sur la croix de Golgotha. Il pouvait gérer l’imprévu avec une grande flexibilité (Mt 9.18-20) et savait s’accommoder de l’urgence (résurrection de Lazare) lorsque cela correspondait au plan de Dieu, Son Père. Il se reposait quand il le fallait et avait la sagesse de conseiller aux autres d’en faire de même (Mc 6.31). Il déléguait parfaitement les tâches qui pouvaient l’être en fonction des capacités de chacun (Lc 9.1).

 

Jésus était toujours dans le temps de Dieu, sachant dire non quand d’autres se plaisaient à vouloir gérer les priorités à sa place (Jn 7). De nombreuses fois, il disait à ses détracteurs que son heure n’était pas encore venue, jusqu’à ce magnifique tête-à-tête avec le Père dans le jardin de Gethsémané (Jn 17.1). Il représente pour nous un exemple de l’Homme équilibré. Ayant cet exemple devant les yeux, nous devons réaliser qu’il y a un temps pour toutes choses (Ec 3.1) et que nous avons besoin d’une communion intime avec Dieu pour comprendre ce que Dieu veut de nous, et à quel moment.

 

 

Urgent et important

 

L’apôtre Paul écrivait aux Philippiens (1.10) : « qu’ainsi vous sachiez apprécier ce qui est important, afin d’être sincères et irréprochables pour le jour de Christ ».

 

C’est un point clef que nous avons souvent du mal à faire.

 

L’urgence véritable est très rare et correspond à quelque chose dont le déficit de réalisation entraîne des conséquences irréversibles immédiates. Par exemple, un congélateur en panne non traité va entraîner l’avarie rapide des aliments. Malheureusement, pour la plupart d’entre nous, l’urgence est souvent due à nos difficultés d’organisation ou alors à notre entourage qui nous impose des pseudo-urgences. Dans ce dernier cas, c’est notre capacité à dire «non » qui est en cause. Cela ne veut pas dire que nous devons systématiquement refuser toute demande, loin de là, mais toute demande doit être filtrée au travers de nos priorités et de notre capacité à les assumer.

 

 

Qu’est-ce qui est important ?

 

La meilleure réponse à cette question est donnée par l’apôtre Paul en Colossiens 3. Pour un enfant de Dieu, l’important est de fixer les regards vers le haut en priorité. Est-ce à dire que nous devons nous retirer à l’écart pour mener une vie contemplative béate ? Probablement non, mais toutes nos décisions, toutes nos actions devraient avoir pour but, à divers degrés, de servir et de glorifier notre Dieu. « Quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le Père. » (3.17)

 

 

Comment s’organiser ?

 

Une fois les priorités et l’importance des choses bien établies, l’organisation est la base de toute gestion du temps réussie. Une bonne discipline est l’arme anti-stress par excellence pour augmenter l’efficacité quotidienne.

 

 

Voici quelques pistes de réflexions :

 

– Identifier les mangeurs de temps : télévision, idoles des temps modernes…

 

 

 

– Planifier son temps par écrit : utiliser des outils modernes de gestion : agenda, PDA (agendas électroniques)… selon la préférence de chacun

 

 

– Utiliser les temps morts (trajets bus, attente chez le médecin… )

 

– Choisir le bon moment pour telle ou telle activité en fonction du cycle de vigilance (intellectuelle intense le matin ou en début de soirée, manuelle juste après les repas…)

 

– Planifier sa journée le matin et s’y tenir au maximum : savoir perdre du temps au début pour en gagner ensuite. Faire le point en fin de journée et planifier alors la journée suivante. Prier auparavant.

 

– Accepter de ne pas tout faire : savoir dire non ou proposer à nouveau un délai aux sollicitations extérieures.

 

– Commencer d’abord par les tâches les plus importantes ou celles qui nous semblent les plus pénibles

 

– Si la journée apparaît chargée, décider de limiter ses ambitions, mais faire chaque tâche décidée à fond

 

– Se fixer pour chaque activité un temps limite de réalisation, mais achever ce qu’on a commencé

 

– Laisser de la place pour l’imprévu : ‘ accepter les contrariétés

 

– Suivre un plan personnel de lecture biblique régulier

 

– Savoir faire, mais aussi être avec le Seigneur

 

 

En conclusion

 

Notre Seigneur Jésus-Christ revient bientôt : il nous fait chaque jour un cadeau de 24h de temps qu’il nous demande d’utiliser avec sagesse. De nombreux textes du Nouveau Testament nous y exhortent. Une bonne gestion du temps se doit d’être à la gloire de Dieu : elle est un juste équilibre entre nos activités séculières et le service que nous devons par amour pour notre Seigneur, « à chacun selon sa capacité ». « Racheter le temps » implique parfois un prix personnel à payer : nous devrons rendre compte de la manière dont nous aurons géré notre temps et nos priorités. En sommes-nous bien conscients ?

 

 

« C’est pourquoi, bien-aimés, dans cette attente, efforcez-vous d’être trouvés par lui sans tache et sans défaut dans la paix » (2 P 3.14).

 

P.S.

---

NOTE

 

1. L’auteur de l’article travaille au sein d’une entreprise internationale dans le domaine de la santé. Il est aussi responsable dans une église CAEF à Grenoble. Le texte reprend en partie le contenu d’un atelier donné au Congrès de nos églises en mai 2004.