Tous parents, tous différents

 planete

par Françoise LOMBET

 

 

Regardez-les ! Comment peut-on être comme eux ? Ils sont tout noirs, ou tout jaunes, ou tout blancs. Ils sont trop grands ou trop petits. Quant à leurs façons de se comporter… Décidément, ils sont insupportables. Comme je suis naturellement bon et tolérant, je serais prêt à les traiter en égaux, mais… la seule solution est de les éloigner ou de les dominer…

 

 

Ainsi se manifeste le « racisme », cette peur de l’autre qui entraîne sa mise à l’écart. Cette attitude a entraîné tout au long de l’histoire, les pires atrocités. Durant la seconde guerre mondiale, les nazis ont affirmé que les Juifs et les Tziganes étaient des êtres inférieurs. Ils ont alors entrepris de les exterminer jusqu’au dernier. Aujourd’hui encore, il est nécessaire de lutter de toutes nos forces contre le retour de telles abominations, contre tous les racismes.

 

 

Qu’est-ce qu’une race ?

 

Le dictionnaire définit la race comme étant la famille, la lignée, mais aussi le groupe ethnique qui se différencie des autres par un ensemble de caractères physiques, héréditaires (couleur de peau…) représentant des variations au sein de l’espèce.

 

Rappelons que l’espèce humaine est unique : Homo sapiens sapiens et que chaque individu est, lui aussi, unique. Que faut-il pour faire un homme ?

 

Tout individu est le résultat de la rencontre de 2 gamètes, c’est-à-dire un spermatozoïde de l’homme et un ovule de la femme fournissant chacun la moitié de leur collection de gènes.

 

Même si l’humanité durait des milliards d’années, jamais deux êtres humains ne seront génétiquement identiques (à l’exception des vrais jumeaux). L’homme, grâce à l’ensemble de ses gènes, possède de multiples capacités, mais il ne peut en profiter que s’il vit en communauté. Autrement dit, pour faire un homme, il faut d’autres hommes autour de lui.

 

 

Que disent les scientifiques à propos des races humaines ?

 

Les êtres humains ne sont pas tous pareils. D’où viennent les différences ? Peut-on parler de races ?

 

D’une part, des scientifiques, tel François Jacob, prix Nobel de médecine, affirment : « le concept de race est, pour notre espèce, non opérationnel ».

 

Par contre, la revue scientifique de pointe « La Recherche », dans son numéro de Juillet-Août 2004, nous propose un article intitulé « Les races humaines existent-elles ? » Nous lisons : « contrairement à l’idée défendue depuis le milieu du 20e siècle, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine, essentiellement un regroupement selon les zones géographiques d’où les personnes sont issues. »

 

Mais si on peut déterminer avec une forte probabilité l’origine géographique d’une personne par certaines fréquences de gènes, comme la couleur de la peau, la morphologie du visage ou la texture des cheveux, ces gènes ne sont pas typiques du génome humain en général.

 

L’article dénonce la confusion entre race et ascendance. L’existence d’une ascendance bien précise est une donnée extrêmement utile en médecine, pas la race.

 

 

Et pourtant le racisme existe !

 

Les racistes parlent de races mais en fait, ce n’est qu’un prétexte. Leur mépris a une cause profonde : la peur de se trouver devant quelqu’un qui ne leur ressemble pas. La différence a toujours été une source de peur : beaucoup d’hommes savent dépasser cette peur et la transforment en curiosité puis en amitié. D’autres la transforment en agressivité et en haine. Ainsi naît le racisme.

 

La méfiance est certainement un réflexe qui remonte à nos origines, méfiance d’autant plus vive que l’autre est différent de nous et que nous le connaissons mal. Ainsi chez les humains, le geste de tendre la main à l’autre correspond au désir de montrer que l’on ne tient pas d’arme et de vérifier aussi qu’il en est de même en face. La plupart des groupes d’hommes ont utilisé la force pour faire triompher leurs idées ou pour acquérir rapidement de nouvelles richesses. Qu’il s’agisse de nations ou d’individus, chaque victoire obtenue par la violence est une défaite pour tout le monde.

 

Une autre voie existe. La « différence » peut être une source d’enrichissement. Une opinion différente de la mienne, une façon de se comporter opposée à la mienne m’obligent à réfléchir. L’autre me fait progresser et m’aide à me construire. Il s’agit de s’ouvrir au monde extérieur, de rester attentif aux autres : bref, d’être prêt à comprendre, réagir, construire. Le racisme ne sera vaincu que si nous savons dire à l’autre un « merci » d’autant plus grand qu’il est plus différent de nous.

 

F.L.