La paternité de Dieu
par Reynald KOZYCKI
« Personne n’a jamais vu Dieu. Dieu, le Fils unique qui vit dans l’intimité du Père nous La révélé » (Jn 1.18, Bible du Semeur).
Dans sa quête d’identité, l’être humain cherche à savoir qui il est, d’où il vient et où il va. En filigrane se trouve la question du « Père ». Qui nous a réellement désiré, qui nous a donné la vie ? Les propositions des courants de pensée sans Dieu (athéisme, néo-darwinisme, agnosticisme…) nous laissent dans une solitude absolue alors que la Bible apporte des réponses limpides. Elle nous ouvre notamment à l’une des expériences les plus bouleversantes de l’existence, à savoir : découvrir Dieu comme notre Père éternel et personnel. Jésus nous conduit à Celui de qui découle toute paternité, le Père des Esprits, le Père des Lumières.1 Il devient alors possible de dire : Notre Père qui est dans les cieux…
Qui sont Ses fils ?
Dieu est-Il le « Père » de tous les êtres humains ? Pas vraiment ! Jésus disait des chefs religieux endurcis qu’ils ont pour père le diable (Jn 8.44). Paul écrit qu’avant d’avoir été conduits à la vie par Christ, nous étions morts dans nos offenses, nous étions des enfants de colère.2 Il est vrai que Dieu est Celui par qui et pour qui tout existe (Héb 2.10). En un sens, comme dans la parabole de Luc 15, le Père attend le retour du fils, c’est-à-dire de chaque être humain éloigné de Lui. Mais dans un sens plus précis, Dieu est uniquement le Père de ceux qui Lui appartiennent volontairement. La nouvelle naissance et l’adoption nous font devenir « enfants de Dieu » et même appeler Dieu « Abba » ou « papa ».3
L’amour du Père
L’une des premières caractéristiques de Dieu le Père est Son amour. Non seulement II aime, mais II est amour (1 Jn 4.8). Nos clichés de « pères » sont souvent déformés, surtout dans une société où l’absence « de pères, de repères » se fait cruellement sentir.4 Néanmoins, il nous est possible à tous d’imaginer la tendresse d’un père parfait : Comme un père est plein d’amour pour ses enfants, l’Éternel est rempli d’amour pour ceux qui Le révèrent (Ps 103.13). Dieu fit entendre Sa voix au moment du baptême de Jésus : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui J’ai mis toute mon affection (Mat 3.17).
De toute éternité, l’amour du Père se centre sur Son Fils, Son Unique. Néanmoins, le salut accompli par Jésus nous ouvre à une dimension infinie de l’amour du Père : Je T’ai fait connaître à eux… pour que l’amour que Tu m’as témoigné soit en eux… (Jn 17.26).
Autorité
Une autre caractéristique du Père est Son autorité et Son souci d’éduquer. L’Esprit d’adoption que nous recevons nous presse à l’obéissance : Ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Ro 8.14-15). Les moyens de discipline (ou d’éducation5) que le Père utilise sont parfois douloureux, cependant, II ne se trompe pas. Certes, sur le moment, une correction n’a rien de réjouissant, c’est plutôt une expérience pénible. Plus tard, cependant, elle produit, chez ceux qui se sont ainsi laissé former, un fruit précieux : une vie juste, conforme à la volonté de Dieu et vécue dans la paix (Héb 12.11 PV).
Restauration intérieure
Nous connaissons tous les troubles de personnalité engendrés par des vies dans lesquelles les parents se sont montrés déficients, en particulier par l’absence de père : insécurité, addictions, dérives sexuelles et homosexuelles, violence… Chuck Colson relève que 60 % des violeurs, 72 % des meurtriers adolescents n’ont jamais connu ou vu leur père. Découvrir le Père céleste devrait produire tôt ou tard une reconstruction de notre vie intérieure (au moins en partie).
Son amour infini nous encourage à comprendre que nous avons du prix à Ses yeux. Son autorité pleine de tendresse, mais aussi de fermeté, nous stimule dans une vie plus disciplinée. La promesse d’un héritage immense où II nous fera participer à Son Royaume et à Sa gloire, nous donne une espérance vivante. Que le Père qui possède la gloire, vous donne, par son Esprit, sagesse et révélation, pour que vous Le connaissiez ; qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés (Éph 1.17-18).
R.K.
NOTES
1. Voir Éph 3.14-15 ; Héb 12.9 ; Jac 1.17.
2. Éph 2.1-5.
3. Jn 1.12, Un 3.1, Ro 8.15.
4. Voir par exemple les travaux de la sociologue protestante Evelyne Sullerot, Quels pères ? Quels fils ? , Livre de poche n° 13670.
5. Le mot grec paideo qui est employé environ 10 fois en Héb 12.5-11 et traduit par corriger ou châtier, a donné en français le mot pédagogie. 11 désigne un acte de discipline éducative.