Et l’humanitaire ?
par Reynald KOZYCKI
Buts différents
Les buts divergent quelque peu entre le travail missionnaire et l’humanitaire. Dans le premier cas, l’évangélisation ou l’affermissement des églises est la priorité. Dans le second, c’est le social, le « secours humain » sans portée directement spirituelle qui est visé. Par exemple Médair, organisation non gouvernementale (ONG), spécifie dans sa charte qu’il « apporte son secours aux victimes de catastrophes naturelles, de situations de belligérance ou autres événements accidentels, sans aucune discrimination raciale, politique ou religieuse. »
Artisanat-Sel (une des branches du Service d’Entraide et de Liaison) a fait le choix d’apporter sa contribution au commerce équitable. Il aide certains artisans (parfois évangéliques) de pays en voie de développement, à écouler leur marchandise à un prix décent.
Il est vrai que nos sociétés « sécularisées » ont une estime beaucoup plus grande pour le travail humanitaire, et que la mission est souvent perçue comme une vulgaire propagande. A l’inverse nos églises évangéliques dévaluent parfois le travail humanitaire. L’enseignement de Jésus, tout en valorisant l’amour du prochain (par exemple dans le bon samaritain) accorde une priorité au « spirituel ». Pour ne pas entrer dans un débat stérile, nous pouvons discerner une sorte de complémentarité entre le social et le travail spirituel.
Présentation de deux organismes humanitaires
Le S.E.L.
Questions à Patrick Guiborat, directeur du S.E.L
1) Qu’est-ce qui vous a amené à travailler avec le S.E.L. ?
Très jeune, j’ai été bouleversé par les injustices et la souffrance dans ce monde. Cela me révoltait à tel point que Dieu m’a amené vers lui par ce moyen, en me montrant aussi le mal qui régnait en moi. Plus tard, la découverte du S.E.L. fut comme une révélation : on pouvait être chrétien évangélique et s’engager concrètement pour lutter contre les injustices. Puis, après des études supérieures, une formation biblique et 6 ans d’expérience professionnelle, une porte s’est ouverte au S.E.L. : je compris alors la raison de ces différentes étapes.
2) Si un jeune souhaite s’investir au moins ponctuellement dans une action humanitaire, quels conseils lui donneriez-vous ?
Je lui conseillerai d’abord de bien se préparer (lectures, rencontres, formation) et de sonder son état d’esprit : quelles sont ses motivations ? Est-il prêt à découvrir et à respecter une autre culture ? Si quelque chose le heurte, va-t-il essayer de comprendre avant de réagir ? Il ne doit pas partir dans le but de beaucoup donner, car il risque surtout de beaucoup recevoir.
Pour une action à plus long terme, la dimension professionnelle devient fondamentale. Le S.E.L. recherche des jeunes motivés avec des compétences à mettre au service de nos partenaires, là-bas ou ici (par un stage en développement, commerce équitable, mais aussi gestion, communication, informatique, etc…).
Site web du S.E.L. : www.selfrance.org
MEDAIR
Pour Olivier Laxenaire, membre d’une église CAEF à Palaiseau, le travail avec Médair est une expérience enrichissante : « Ce qui m’a incité à travailler avec eux, c’est leur désir d’excellence morale et professionnelle, ainsi que l’acceptation de personnes de qualifications diverses (je suis informaticien)… Depuis l’an 2001, je suis parti trois fois au Congo RDC pour un immense projet médical et je remercie Dieu de me permettre de répondre à cet appel et de mener aussi mon métier d’enseignant. Il est indispensable que des francophones s’engagent dans ce service, car les pays francophones ont bien besoin de nous et nous sommes peu nombreux. »
Questions à Eric Jaffrain, directeur de la communication de Médair
Quels conseils donneriez-vous à un jeune souhaitant s’investir au moins ponctuellement dans une : action humanitaire ?
Aujourd’hui, 3 aspects sont importants à considérer :
1. L’humanitaire a changé de mentalité : ce n’est plus une option exotique ni la démarche « du grand blanc qui va aider le petit noir ». L’européen ne peut plus aller comme « donneur de leçon » ou avec une réponse toute faite, mais bel et bien comme un partenaire à l’écoute du besoin émis par la victime.
2. L’aide s’est professionnalisée : la plupart des ONG internationales comme Médair, recrutent le plus souvent des personnes ayant une expérience professionnelle d’au moins un an. Nous recrutons des managers, des logisticiens, du personnel médical et technique ou encore administratif.
3. Evaluer sa capacité : suis-je prêt à m’adapter à une autre culture ? A vivre comme la population sur place ? A vivre en équipe ? A supporter le stress ? A m’absenter plus de 10 mois hors de mon pays ? etc… C’est pour cette raison que Médair propose une « formation – évaluation » de 10 jours avant de partir.
Site web de Médair www.medair.org
Propos recueillis par Reynald Kozycki