La post-modernité
Extrait d’une conférence de Stuart MURRAY organisée par l’Alliance Evangélique 1
Notre société occidentale évolue. Elle passe par des mutations profondes, pas toujours perceptibles à première vue. Plusieurs observateurs, chrétiens ou non, le relèvent depuis des années. Stuart Murray met en évidence quelques caractéristiques de la post-modernité.
1. La spiritualité est bien vue, mais la religion est oppressante.
Il faut rechercher l’expérience mais l’engagement est perçu comme négatif. Vous avez toute liberté de parler de vos expériences, mais surtout pas d’imposer vos vues aux autres. Quantité de ces expériences n’ont rien à voir avec la foi chrétienne. Certains pensent que cet intérêt n’est que passager, ce ne serait qu’une façon de construire son style de vie. Retenons que la post-modernité ouvre un espace pour la spiritualité et s’oppose à la façon dont la modernité l’a rejetée.
2. Dans la post-modernité, évangéliser est plus facile, mais faire des disciples est plus difficile.
Il est facile de parler à des amis de notre foi, mais le défi de devenir disciple est plus difficile à faire passer.
3. Appartenir à une Eglise et s’y engager est plus difficile à communiquer aujourd’hui.
Pourquoi s’engager pour quelqu’un d’autre ? Pourquoi devenir membre d’une Eglise ? Plusieurs unions d’Eglises ont observé une augmentation de leur assistance mais une diminution du nombre de leurs membres. Beaucoup de gens considèrent que participer à la vie de l’Eglise est optionnel. Ils résistent à l’idée d’en devenir membre. Ils sont en quête de relations plus fluides.
L’auteur d’un livre sur ce sujet soutient l’idée que l’Eglise émergeante est une réalité plus fluide que solide (exemple de ces réunions de prière par des hommes d’affaires dans un wagon chaque semaine). Beaucoup considèrent aujourd’hui qu’avoir un réseau de relations est plus important que d’appartenir à une institution.
4. Recherche de communauté authentique.
La post-modernité est une culture fragmentée. L’accent porte sur beaucoup de petits récits et non sur un grand récit à valeur universelle (meta récit). La génération post-moderne se distingue par un désir de relations, d’amitiés, de vie en communauté. Cela représente une occasion à saisir pour l’Eglise. Spiritualité, amitié, communauté devraient être ce que nous offrons.
5. La spiritualité de notre culture est divisée en beaucoup de formes différentes.
La chrétienté était une culture unie. Elle pouvait être ressentie comme oppressive par ceux qui la rejetaient. Mais tout le monde regardait la vie du même point de vue. A l’inverse, notre société est multiculturelle et multireligieuse.
6. Dans le monde post-moderne, peut-on avoir une seule sorte d’Eglise pour tous ?
Le modèle de la chrétienté était celui de la paroisse. Tout le monde appartenait à la même communauté, même si à partir du 16e siècle, ce système est contesté par certains. Mais aujourd’hui, on assiste à une multiplication presque infinie des modèles. On est passé du « prêt-à-porter » (un type rigide d’Eglise) au « taillé-sur-mesure » (un type d’Eglises soucieuses de répondre aux besoins particuliers de ses membres). Dans la post-modernité, le client « dessine » son propre ordinateur (exemple de Dell). On est passé du produit de masse au produit personnalisé.
Est-ce que l’Eglise suit ce mouvement ? Suivons-nous notre culture ou y résistons-nous ? Savons-nous nous adapter pour communiquer l’Evangile éternel à nos contemporains ?
Note
1. : Paris, le 25 octobre 2003, organisée par le département Evangile et culture de l’AEF ; animée par Matthieu Glock (participant aussi à la CEIE). Ce texte a été légèrement adapté par la CEIE.