Jésus-Christ ressuscité
Qu’est-ce que ça change pour ma vie ?
par Erik BENEVOLO1
Le rêve s’était brisé d’un coup. Dans les heures qui suivirent la crucifixion de Jésus, le désarroi des disciples fut complet. Deux d’entre eux décidèrent de revenir à leur vie précédente : ayant quitté Jérusalem, en partageant leur déception, ils s’acheminèrent vers le village d’Emmaüs. Luc nous relate le dialogue qui s’ensuivit : pour eux, comme pour nous aujourd’hui, il s’agissait de comprendre l’énigme de ce Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple… que nos chefs ont livré pour être condamné à mort et ont crucifié… et qui serait ressuscité…2
La mort de Jésus marquait la fin de l’espoir chez ceux qui avaient cru à la messianité de Jésus, et le retour à l’interminable attente d’un Messie qui n’arrivait jamais. Mais au moment même où toute espérance se mourait, celui dont ils parlaient se mettait à cheminer avec eux… Même s’ils ne le savaient pas encore, Jésus était vivant.
La renaissance de l’espoir
Voici comment un philosophe de notre temps décrit l’étrange rencontre du Ressuscité avec ses disciples désemparés : « Luc nous fait voir la renaissance de la lumière dans la profondeur de l’ombre. Au moment où le jour matériel décline, c’est une aurore pour l’esprit. Le mystère soudain présent, incompréhensible quoique non impensable, se propose. ?… Le temps continue, ce temps dont on sait bien, pour l’avoir éprouvé en un moment de plénitude, qu’il est déjà inséminé par un être éternel. »3
Etrange rencontre en effet, et beau symbole de l’influence profonde que la résurrection de Jésus devrait avoir sur notre vie de disciple. Plus rien ne devrait être comme avant : la mort ayant été tuée par la croix, et la vie ayant été mise en pleine lumière par la résurrection du Fils de Dieu, ceux qui sont en Lui ont désormais part à la Nouvelle Création, ils en font partie, ils la sont eux-mêmes !4
La résurrection est le centre de la Bonne Nouvelle
Si c’est à la croix que la défaite de Satan a été donnée en spectacle5 , c’est bien devant le tombeau vide que la mort a été réduite à l’impuissance6 . Le monde a été vaincu par celui qui est en nous, qui est plus grand que l’esprit qui est dans le monde7 . Désormais la mort n’est plus inéluctable : le Ressuscité va bientôt rentrer en possession de ses droits légitimes à hériter le Royaume. Dans tout le livre des Actes, la résurrection de Jésus demeure le noyau de la prédication apostolique : Jésus de Nazareth, cet homme approuvé de Dieu… vous l’avez fait mourir en le clouant à la croix… Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il soit retenu par elle…8
Elle change le sens de notre vie
Nous avons une fâcheuse tendance à vivre loin de notre espérance. Succombant trop souvent aux exigences de notre nature charnelle, nous nous enlisons dans le moment présent, oubliant d’ancrer notre âme dans le futur. Il est pourtant si proche ce retour du Roi, d’après les avertissements du Nouveau Testament… Pourquoi n’en parle-t-on plus que dans les films ? Ainsi nous risquons d’oublier notre avenir imminent, de perdre jusqu’au sens même de notre vie éternelle : si dans nos âmes la conscience de notre différence d’avec « le monde » s’efface, nous ne servons plus à rien.
En effet tout est mis en oeuvre pour nous en détourner. L’évangile devient effort de solidarité ; le salut, assurance sur la mort ; le Seigneur, la version évangélique du Génie de la lampe d’Aladin. Face au relativisme ambiant, le radicalisme du message de Christ dérange : celui qui doute paraît toujours plus intelligent que celui qui construit sa vie sur des certitudes. Dans le « post-modernisme » étouffant actuel, celui qui affiche une position nette et absolue, qui se situe sur un axe de rupture avec le « le monde présent, dominé par le mal9 » , est considéré comme ringard, déconnecté de sa génération, et intolérant.
Si vous affirmez autour de vous que « Christ est vivant », on vous supportera avec suffisance ; même le Bouddha est vivant, dans le sens où les gens de notre génération aiment entendre ce mot – car « vivant » est devenu un attribut, non de ce à quoi il se réfère, mais de notre façon de le vivre. En effet il suffit de penser très fort à l’une de nos représentations, pour la rendre « vivante en nous »… C’est bien à la mode.
Et pourtant… si le Christ n’est pas ressuscité, nous n’avons rien à prêcher et vous n’avez rien à croire… et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est une illusion et vous êtes encore en plein dans vos péchés.
Mais, en réalité, le Christ est revenu d’entre les morts, en donnant ainsi la garantie que ceux qui sont morts ressusciteront également… 10
Preuve de victoire
La résurrection de Jésus contient ses propres preuves, au point que Paul présente aux philosophes d’Athènes la résurrection elle-même comme preuve du prochain retour du Ressuscité pour établir son règne11 . Le fait historique de la résurrection de Jésus de Nazareth d’entre les morts était une preuve en soi de son droit à régner sur le monde à venir : la prophétie s’était accomplie jusqu’ici, le Seigneur s’était assis à la droite de Dieu attendant le temps où il régnerait de plein droit sur les nations des hommes12 – ce droit découlait directement de sa résurrection.
Elle est aussi la base de notre identité en tant que disciples de Jésus : être disciple du Ressuscité ne peut pas ne pas changer notre conduite.
Elle est la démonstration officielle de la glorification de Christ, déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts13 . Le titre de «Fils de Dieu» est officiellement attribué à Jésus après sa résurrection seulement. Pour nous, il en sera de même : enfants du Père maintenant, lorsque nous ressusciterons nous aurons part à la gloire même du Fils de Dieu, étant rendus conformes à Lui, présentés nous aussi comme « fils de Dieu14 » . La manifestation de notre véritable état aura lieu à sa venue, mais d’ores et déjà, la résurrection de Christ en est le gage certain.
Source de fermeté pour une vie pure
En ressuscitant son Fils d’entre les morts, Dieu a paraphé son oeuvre : ceci nous donne maintenant une pleine certitude d’être, nous aussi, agréables à Dieu, grâce à Christ.
Elle est la plus puissante source d’énergie pour vivre une vie pure, et pour s’abstenir de tout ce qui voudrait la souiller, car la promesse de la résurrection donne au chrétien une nouvelle vision de la vie, du monde : elle le pousse à rechercher une vie pure à l’image de celle du Christ .15
Preuve et gage de notre PROPRE résurrection
Abolissant le mensonge gnostique qui sépare le corps de l’esprit au profit de ce dernier, la bonne nouvelle de la Vie Eternelle promet au corps la même vie de résurrection que celle qui a été communiquée par la foi à l’esprit du racheté16 . Le corps ressuscité sera « spirituel », sur lequel régnera l’Esprit de Dieu, incorruptible, plein de force et glorieux17 , où la matière elle-même sera spirituelle et où les mystères de l’Esprit auront été rendus manifestes aux nouveaux sens des créatures qui l’habiteront18.
Elle est le gage et la preuve de notre future résurrection corporelle19 et la base même de notre espérance – car chaque fois, que, dans le N.T., une allusion est faite à la dimension de l’espérance, la résurrection de nos corps est rappelée comme une certitude acquise et immuable20 . Nos corps ressusciteront, par l’effet de la même puissance qui fit sortir Jésus de sa tombe : cela place devant celui qui souffre, ou même celui qui meurt, un objectif certain et glorieux.
Nous vivons dans une société sans espoir, puisque l’idée même d’un Dieu unique et personnel, externe à l’homme et au-dessus de lui, a été soigneusement éliminée de la conscience collective. L’homme contemporain en est donc réduit à rechercher en lui-même la vérité et le sens de l’existence. Mais puisque l’âme humaine ne trouve la paix que là où elle peut s’appuyer sur d’autres que sur elle-même – comme un navire qu’on ne peut stabiliser qu’en jetant l’ancre hors de sa cale – il en résulte que seuls ceux dont la foi peut se baser sur des certitudes tangibles ont accès à l’espérance, vraie ancre de l’âme21 … sans laquelle notre génération, plus que jamais abreuvée de néant, est condamnée au désespoir de l’absence de Dieu.
Mais la résurrection est un fait historique et concret.22
Que la réalité de la résurrection de Jésus le Christ, soit la source de l’énergie de notre engagement dans la sainteté, le fondement de notre paix avec Dieu qui nous déclare justes, et notre capacité d’espérer, même contre toute espérance ! Que les paroles de l’ange puissent encore avoir en nous l’effet qu’elles eurent dans le cœur des femmes devant le tombeau vide : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?…
E.B.
NOTES
1. Erik Benevolo est ancien dans l’Eglise de Cannes, évangéliste et formateur. Il fait de nombreux voyages en Italie.
2. Lc 24.19-24
3. Jean Guitton, «Jésus».
4. 2 Co 5.17
5. Col 2.15
6. 2 Tm 1.10
7. 1 Jn 4.4
8. Ac 2.22-36
9. Gal 1.4
10. 1 Co 15.14-20
11. Ac 17.30-31
12. Ps 2.7-8 ; 110.1 ; Ac2.34-36 ; Hb l.5,13…
13. Rm l.4 ; voir Mat 17.5, 9
14. Rm 8.16-19
15. Phil 3.7-14, 20-21 ; 1 Th 1.9-10 ; 1 Jn 3.2-3
16. Ep 2.4-7 ; Col 2.12 ; 3.1
17. 1 Co 15.42-44
18. Ap 22.3-5
19. Rm 8.11 ; 1 Co 5.14 ; 2 Co 4.14
20. 1 Pi 1.3, 21
21. Hb 6.18-19
22. Lc 24.36-40 ; Ac 1.1-11