Et Joseph dans tout ça ?
par Françoise LOMBET
Si je vous dis que nous allons nous pencher sur le personnage de Joseph, vous ne penserez peut-être pas directement à l’époux de Marie, sauf en période de Noël. En effet, la Bible nous parle beaucoup plus longuement de Joseph, le fils préféré de Jacob, de ses multiples aventures et de sa foi. Néanmoins, le Nouveau Testament avec l’évangile de Matthieu, après une longue généalogie nous dit : « Jacob eut pour descendant Joseph, l’époux de Marie… » (Mt 1.16)
II n’est pas très courant dans la Bible, pour un homme, d’être nommé en référence à sa femme. Et les articles de ce numéro de Servir montrent bien qu’il y a plus de commentaires sur Marie que sur son époux.
Alors, Joseph était-il important, voire nécessaire ? A-t-il quelque chose à nous apprendre par sa présence et son rôle tout d’abord comme fiancé de Marie puis comme père de Jésus ?
Joseph fiancé de Marie
« Marie était liée par fiançailles à Joseph » (Mt 1.18)
En Israël, à cette époque, les fiançailles constituaient un engagement précis, formel avec déjà des conséquences légales. Si la fiancée se laissait séduire, la loi juive était très sévère. Elle devait être lapidée ainsi que son séducteur. (Dt 22.23-24)
Nous ignorons si à l’époque cette disposition était encore appliquée dans toute sa rigueur. Les Romains qui dominaient le pays s’étaient réservé le droit exclusif de procéder à une exécution capitale (Jn 18.31). En tout cas, Marie risquait d’être gravement compromise. Aussi Joseph voulut rompre les fiançailles secrètement pour éviter un scandale public. « Joseph était un homme bon et droit. Il ne voulait pas la livrer au déshonneur. » (Mt 1.19)
Notons que Joseph aurait pu se sentir bafoué, trahi et en vouloir à sa fiancée. Or, c’est sa bonté qui est mise en avant, il fait passer l’honneur de Marie avant le sien. Le verset suivant (Mt 1.20) nous précise aussi qu’ « il réfléchissait à ce projet quand… ». Combien de fois n’agissons-nous pas sous le coup de la colère, de la surprise, avec un jugement hâtif envers autrui et des décisions trop précipitées ? Laissons-nous Dieu intervenir pendant le temps de la réflexion ?
Quoi qu’il en soit, Dieu veillait. En temps opportun et avant d’avoir entamé les démarches envisagées, Joseph a fait un rêve. Lange lui apprit que l’enfant avait été conçu miraculeusement par le Saint-Esprit (Mt 1.20). Joseph se souvint de la prédiction d’Esaïe : le Messie naîtrait d’une vierge. Il se conforma donc à l’ordre divin et prit sa femme avec lui (Mt 1.24-25). Ce mariage protégera Marie et sauvegardera son secret. L’enfant eut Joseph pour père légal et devint ainsi héritier de David.
Joseph, comme Marie, se montre soumis à la volonté de Dieu. Il accepte le rôle effacé, quoique essentiel, que le Seigneur lui confie. Par sa modestie, son abnégation et son obéissance, il nous donne une précieuse leçon. Il est à l’écoute de Dieu, humble et disponible. Notons qu’aucune parole de Joseph ne nous a été transmise mais son comportement est un exemple pour nous.
Joseph père de Jésus
Comme Joseph descendait de David, il dut aller dans la ville de ses ancêtres avec sa femme car César Auguste avait ordonné un recensement. Jésus devait naître à Bethléhem. C’était écrit, cela devait se réaliser. Là il pourrait sans difficulté, sans médisance du voisinage, être enregistré comme fils de Joseph et Marie.
Quarante jours plus tard, au moment de la présentation au temple, les parents de Jésus étaient toujours à Bethléhem et ainsi jusqu’à la fuite en Egypte. Après la mort d’Hérode et son remplacement par Archélaus, Joseph et Marie sont retournés à Nazareth. Jésus avait déjà plusieurs mois et sa présence n’avait rien qui puisse éveiller les soupçons. La Parole nous dit : « Après avoir accompli tout ce que la loi du Seigneur ordonnait, Marie et Joseph retournèrent en Galilée à Nazareth. » (Lc 2.39). Guidés par l’Esprit et par la Parole, ils se sont acquittés des devoirs qui leur incombaient. Ils avaient reçu des révélations surnaturelles avant et après la naissance de Jésus.
Ensuite la Bible ne nous dit rien sur son enfance. Mais nous pouvons facilement penser que Joseph a veillé à la sécurité, au bien-être, à l’éducation de Jésus, comme un père, même adoptif. Joseph de son métier était charpentier, il a appris à son fils à travailler de ses mains dans son atelier. Il lui a transmis ce qu’il savait faire. Joseph et Marie étaient soumis à Dieu et l’on apprend que Jésus était soumis à ses parents (Lc 2.51) obéissant à ceux que Dieu avait choisis pour le guider dans son enfance.
Joseph, homme pieux, avait l’habitude d’aller chaque année avec sa femme célébrer la Pâque à Jérusalem, il y emmène Jésus, alors âgé de 12 ans (Lc 2.41-50). Sur le chemin du retour, Jésus n’était pas avec eux, mais ses parents pensaient qu’il devait être en route avec d’autres membres de la famille. Le voyage de Jérusalem jusqu’en Galilée prenait plusieurs jours. A la première étape, ils cherchent Jésus et ne le trouvent pas. Ils retournent à Jérusalem, très inquiets, et le retrouvent au temple, trois jours plus tard. Ils s’étonnent alors de le voir en conversation avec les docteurs, à l’aise parmi eux.
Lorsque Marie dit à Jésus : « ton père et moi nous étions très inquiets et nous t’avons cherché partout » (Lc 2.48), elle fait allusion à Joseph son père adoptif. On comprend la réaction de cette mère. La réponse de Jésus peut sembler sévère à l’égard de ses parents car il corrige en soulignant que son véritable père n’est pas un homme mais Dieu. Remarquons au passage que c’est la première parole de Jésus qui nous ait été transmise et elle atteste qu’il savait dès son enfance qui il était. Jésus a toujours eu conscience d’être le Fils de Dieu. Joseph et Marie le savaient aussi. Et Jésus leur fait remarquer que, sachant cela, c’est au temple, maison de Dieu son Père, qu’ils auraient dû le chercher en premier lieu. La Bible nous dit que Joseph et Marie ne comprirent pas ce qu’il leur disait (Luc 2.50).
Que pouvons-nous en retenir ? Nous voyons un décalage entre leur vue des choses et celle de Jésus. Cela nous rappelle les paroles de l’Eternel dans Esaïe 55.8 « Car vos pensées ne sont pas mes pensées… »
« Jésus repartit donc avec eux et retourna à Nazareth. Et il leur était obéissant. Sa mère gardait précieusement dans son coeur le souvenir de tout ce qui s’était passé. » (Lc 2.51). Pas de dispute, de discorde ! Dans sa soumission, Marie et sans doute Joseph méditaient les événements et apprenaient à connaître Jésus.
Quel exemple pour nous ! Au lieu de nous insurger quand nous ne comprenons pas, soumettons-nous au Seigneur, cherchons ses pensées pour nous y conformer. Ce que nous ne savons pas maintenant, nous le comprendrons plus tard. « Ce que je fais, tu ne le comprends pas pour l’instant, tu le comprendras plus tard. » (Jn 13.7)
Qu’advient-il de Joseph ensuite ? Il est probable que Joseph est décédé avant que Jésus ne commence son ministère public. Sa mère est mentionnée, pas «ses parents». En tout cas, comme il n’est pas question de lui au moment de la crucifixion, on peut penser qu’il mourut auparavant. C’est sans doute pour cette raison que Jésus du haut de la croix, confia Marie sa mère à l’apôtre Jean. Il ne l’eût probablement pas fait si Joseph, son protecteur naturel avait été encore vivant. (Jn 19.26-27)
Quel enseignement pour nous aujourd’hui ?
Malgré le peu de sa vie qui nous est relaté et bien qu’aucune parole de Joseph ne nous soit rapportée, les quelques éléments dont nous disposons sont déjà des exemples pour nous.
Les promesses de Dieu relatives au Messie ne dégageaient pas son père adoptif de sa responsabilité vis-à-vis de l’enfant. Joseph a accompli son devoir de père avec soumission et humilité. Son rôle effacé a quand même été essentiel. Il a eu le privilège de recevoir les instructions et les directives directement par les anges de Dieu. Son obéissance est un modèle pour nous.
Joseph a donné à Jésus le nom qu’il fallait : L’Eternel sauve. Par l’incarnation, Jésus est vraiment Emmanuel : Dieu avec nous. Réellement Dieu puisqu’il a Dieu seul pour Père et réellement homme puisqu’il a une mère humaine. Joseph aura été le père adoptif qui assure à Jésus un statut légal, tout en étant soumis lui-même au Père Eternel 1.
F.L.
Note
1. : Cet article est basé en grande partie sur l’ouvrage « Marie » de Jules-Marcel Nicole, collection les Témoins, Editions LLB (1996)