Témoigner de la vérité en Europe au 21è siècle
John LENNOX traduit et résumé par Alan KITT.
Ce texte résume les points principaux d’une conférence donnée par John LENNOX au Congrès International des Assemblées de Frères en Allemagne en 2005.
On peut écouter la conférence en entier (en anglais) sur www.caef.net.
1. Etat de l’Europe contemporaine
Ces dernières décennies, notre continent a connu d’importants bouleversements dans plusieurs domaines qui nous touchent. En voici plusieurs, avec quelques commentaires :
– La chute du communisme en Europe de l’est. Il est à remarquer que malgré sa faillite, ce système n’a pas été dénoncé – par des responsables politiques occidentaux – comme étant injuste ou immoral. En même temps, l’influence du christianisme continue à diminuer. Les leaders intellectuels d’Europe sont majoritairement anti-chrétiens, comme en témoigne le refus de toute mention de l’héritage judéo-chrétien dans la constitution européenne.
– L’évolution de la notion de « famille ». Des styles de vie alternatifs sont de plus en plus acceptés, avec, par exemple, la reconnaissance aux couples du même sexe de droits jusque là réservés à des couples hétérosexuels (mariage, adoption d’enfants…).
– L’évolution dans le domaine éthique. L’homme est de moins en moins considéré comme étant différent des autres animaux. Le foetus ne serait qu’un « être humain potentiel » : on peut donc s’en débarrasser sans état d’âme.
– La puissance des médias. Au Royaume-Uni, chacun passe en moyenne 5-6 heures par jour devant la télévision, sans parler de l’internet.
– La notion de « tolérance ». Le mot change de sens : au lieu d’indiquer le droit de chacun à sa croyance, il en vient à signifier le refus de pouvoir dire que quelqu’un est dans l’erreur. Le cardinal Ratzinger parlait d’une «dictature du relativisme». Cela va de pair avec la perte de l’idée de vérité objective : ce qui compte, c’est ma propre perception de la réalité. En interprétation littéraire et en linguistique, on enseigne l’inutilité, voire l’impossibilité, de découvrir le véritable sens d’un écrit.
– Le développement de lois restreignant de plus en plus la liberté des chrétiens d’affirmer leurs convictions en public. La foi doit être confinée à la vie privée.
– La baisse de pratique et de conviction religieuses. Selon un sondage récent, 9% seulement des personnes interrogées pensent que leur religion est unique, tandis que 32% affirment que toutes les religions sont valables. En France, 7% de la population sont pratiquants, proportion la plus basse d’Europe. C’est le pluralisme religieux qui domine, et on peut dire que le monde occidental est « post-chrétien ». Le christianisme, par contre, devient un phénomène « post-occidental » : sa croissance se produit sur d’autres continents, notamment en Amérique latine et en Afrique.
2. Raisons du recul du christianisme en Europe.
Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce déclin :
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L’absence d’enseignement chrétien moral et doctrinal.
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Le manque d’insistance sur la sainteté de Dieu.
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La mise de côté des exigences de la foi dans la vie du croyant : on peut croire tout en continuant à vivre comme avant.
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L’adoration offerte à Dieu devient une sorte de divertissement.
Le christianisme perd de son influence surtout parce que les chrétiens ne répondent pas aux questions qui préoccupent leurs contemporains. Les gens autour de nous sont fascinés par les découvertes scientifiques et par les propos des experts dans les domaines de la physique, de l’astronomie etc. Nos journaux regorgent d’articles à portée éthique, et les gens sont prêts à parler de ces sujets. Malheureusement, à quelques exceptions près, les chrétiens semblent être absents de ces débats.
3. Comment réagir ?
L’Europe de nos jours ressemble, sur certains points, à celle que l’apôtre Paul a découverte au cours de ses voyages missionnaires. Philippes, Thessalonique, Athènes, Corinthe et Ephèse étaient des Iles marquées profondément par le pluralisme religieux. Les chrétiens qui voulaient annoncer l’Evangile dans ces cités ont dû se faire une place « sur le marché » parmi quantité d’autres croyances et visions du monde. A notre époque, après des siècles où le christianisme a pu se prévaloir d’un certain consensus au sein de la population d’Europe, nous devons aussi nous faire une place parmi d’autres pour partager notre foi.
Les visions du monde de nos contemporains ne sont pas tellement différentes de celle des « Européens » du 1er siècle. On peut parler de trois principales façons de voir le monde :
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La vision matérialiste. Seul le onde matériel existe, le spirituel n’est qu’illusion.
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La vision théiste. Le monde physique est réel, mais il n’est pas tout. Il y a un Dieu créateur, être spirituel et personnel.
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La vision orientale. Le monde matériel est une illusion, l’ultime réalité est personnelle.
Devant cette pluralité de religions et de visions du monde, les chrétiens du 1er siècle ont apporté avec une pleine conviction le message de l’Evangile. Deux points essentiels sont à retenir, si nous voulons profiter aujourd’hui de leur expérience : La vie de ces disciples avait été transformée par une rencontre personnelle avec le Christ vivant.
Les progrès de l’Evangile constatés par Luc dans le livre des Actes ne sont pas à mettre sur le compte d’une organisation puissante et performante, ou sur des connaissances humaines. On reconnaissait les disciples pour avoir été avec Jésus : leur autorité et leur puissance venaient de là. Pour être des témoins crédibles en Europe de nos jours, nous avons tout d’abord besoin de ce contact vital et constant avec le Seigneur Jésus-Christ ressuscité.
Ils ont aussi établi et maintenu un contact personnel avec leurs contemporains. L’apôtre Paul se rendait auprès des gens : dans les synagogues, dans la rue, sur la place publique, devant l’Aréopage – lieu de discussions philosophiques – à Athènes. Il engageait le débat avec eux, prenant en compte leur vision du monde et présentant en toute confiance la bonne nouvelle de Jésus-Christ, message pertinent pour tous, quelle que soit leur condition dans la vie.
Ce zèle et ce savoir-faire dans le témoignage étaient l’affaire de tous les croyants, et ont été pour beaucoup dans l’expansion de l’Eglise au cours des premières décennies de notre ère. Apprenons aussi à engager le débat avec nos contemporains là où ils sont. Parlons-leur de leur vision du monde – tout le monde en a une ! – et présentons-leur la nôtre. N’ayons pas honte de parler de Dieu qui a créé de façon intelligente le monde dans lequel nous vivons, et présentons-leur le message d’espérance de l’Evangile, avec une pleine confiance dans la puissance de la vérité, la Parole de Dieu, pour transformer les coeurs.