Qu’est-ce que la vérité ?
par Jean-Pierre BORY
Selon le Dictionnaire de la philosophie, la vérité se définit comme « l’accord de notre pensée (perception, jugement) avec le réel ». En mathématiques, il s’agit uniquement de « la rigueur interne du raisonnement, de l’accord de la pensée avec elle-même ». (définition de Kant). En histoire, Hegel propose une « conception dialectique de la vérité : l’accord de ce que nous pensons avec ce qui va venir ».1
La vérité exprimée par l’homme est donc plurielle, diverse, parce que l’homme lui-même évolue selon sa culture, sa réflexion, ses découvertes et l’histoire.
Biaise Pascal écrivait : « Un méridien décide de la vérité… Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».. Montesquieu, peu après, définit en une formule lapidaire la relativité de la vérité exprimée par l’homme : « Vérité dans un temps, erreur dans un autre. »2
Il y a 2000 ans, un homme enchaîné nommé Jésus, comparut devant Pilate le gouverneur romain de Jérusalem. En fin d’interrogatoire, ce prisonnier déclara être un envoyé divin venu « rendre témoignage à la vérité », La Vérité, l’unique. Pilate perplexe se détourna et dit en quittant la salle : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18.37-38).
Nul homme n’est capable de répondre à cette question de façon absolue. Le Bouddha lui même aurait dit « Je ne suis pas arrivé à découvrir la vérité. »3
Chacun se fait sa vérité. Car La Vérité n’est pas accessible à l’esprit de l’homme, elle ne peut nous être révélée que par Dieu.
Il fallut que Dieu se fît homme en Jésus, pour que l’homme puisse percevoir la vérité. A la fois homme et Dieu (homoousios, de même essence 4), il a pu légitimement dire « Je suis la vérité » car il était Dieu : le « seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu venu de Dieu, lumière issu de la lumière, vrai Dieu issu du vrai Dieu »5 L’unicité de Jésus-Christ (nul autre ne lui est semblable), le fait qu’il est le seul à réunir ces qualités, et le fait que la Vérité caractérisait son être à l’exclusion de tout autre homme, légitimait son expression de la Vérité.
L’unique Vérité en laquelle il est possible de se confier sans réserve parce qu’elle est attachée à un être transcendant. Calvin avait déjà compris que « la vérité de Dieu ne dépend point de la vérité des hommes. »6 « On ne peut concevoir Dieu sans son éternité, puissance, sagesse, bonté, vérité, justice… sa vérité est immuable. »7 « Tout ce qui procède de Dieu est vérité ferme et inviolable. »
La Confession de Foi de la Rochelle rédigée lors de la Réforme indique où trouver aujourd’hui cette vérité : « Nous croyons que la parole qui est contenue en ces livres (L’Ecriture Sainte) est procédée de Dieu… elle est règle de toute vérité. » 8
J.-P B.
NOTES
1. Edit. Larousse, sous la direction de D. Julia (1964), p. 311-312.
2. Blaise Pascal, Pensées, fragm. 56, édition de M. Leguern, Gallimard, 1971.
3. A. Lukasik, L’absolu, 1001 citations pour réfléchir (édit. Nouvelle Alliance, 1993), p. 29.
4. Affirmation du Symbole de Nicée, rédigé lors du 1er concile réunissant toutes les Eglises en 325 ap. J.-C.
5. id.
6. J. Calvin, Commentaire sur l’épître aux Romains (3.4), p.69, Labor et Fides.
7. Id., (1.20), p.39.
8. Confession de foi de La Rochelle, art.5 (en 1559).
Nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ. Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu. Par Jésus-Christ nous connaissons Dieu. Tous ceux qui ont prétendu connaître Dieu et le prouver sans Jésus-Christ n’avaient que des preuves impuissantes. Mais pour prouver Jésus-Christ nous avons les prophéties qui sont des preuves solides et palpables. Et ces prophéties étant accomplies et prouvées véritables par l’événement marquent la certitude de ces vérités et partant la preuve de la divinité de Jésus-Christ. En lui et par lui nous connaissons donc Dieu. Hors de là et sans l’Ecriture, sans le péché originel, sans médiateur nécessaire, promis et arrivé, on ne peut prouver absolument Dieu, ni enseigner ni bonne doctrine, ni bonne morale. Mais par Jésus-Christ et en Jésus-Christ on prouve Dieu et on enseigne la morale et la doctrine. Jésus-Christ est donc le véritable Dieu des hommes. Blaise Pascal, Pensées 189 |