Editorial du n°2 Mars-Avril 2006
« Gestes symboliques et vie d’Eglise »
Par Jean-Pierre BORY
La cène, le baptême, l’onction d’huile, le lavement des pieds, le jeûne, la présentation des enfants, sont-ils des sacrements, des ordonnances, des commandements de Jésus ? Doit-on les pratiquer dans l’Église aujourd’hui ?
Au cours des 15 premiers siècles de son existence, l’Eglise romaine qui avait gagné toute l’Europe occidentale, avait établi sept « sacrements » : le Catéchisme de l’Église catholique rappelle qu’ils « donnent naissance et croissance, guérison et mission à la vie de foi des chrétiens ». « … ils signifient, par le moyen de choses sensibles, la grâce qu’ils produisent dans notre âme ».
Le Nouveau Testament rédigé en grec n’utilisait pas de mot ayant le sens que l’Eglise romaine a donné au terme « sacrement » tiré du latin. Les Eglises de la Réforme (avec diverses nuances), ont reconnu deux seuls gestes comme ayant été ordonnés par Jésus et confirmés par les apôtres : le baptême et la cène.
A leur tour, les Eglises nées des réveils successifs, et les Eglises Evangéliques aujourd’hui, ont considéré et reçu ces deux cérémonies comme des ordonnances, ou des ordres de Jésus à respecter sur le plan personnel et dans la vie de l’Eglise. Elles leur donnent un sens spirituel fort, symbolique (porteur de sens et de mémoire) ce que leur accorde l’Ecriture (voir les numéros de SERVIR 1/2003 et 4/2002).
Mais qu’en est-il des autres gestes que Jésus a accomplis ou que les apôtres ont ordonnés ? Jésus a lavé les pieds de ses disciples (« vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres », Jn 13.14) ; Jésus a béni des enfants en posant ses mains sur eux : Mc 10.16 ; Jésus, l’Eglise et Paul ensuite ont prié en jeûnant à bien des reprises ; Jacques a recommandé à celui qui était malade (Ja 5.13ss) d’appeler les anciens afin qu’ils prient avec lui en l’oignant d’huile… Et le baiser fraternel, la présentation des enfants..
Que faisons-nous dans nos Eglises de ces recommandations ? Les considérons-nous comme des ordres à respecter, des recommandations, des conseils à prendre en compte aujourd’hui, ou peut-être des gestes qui s’inscrivaient dans la culture du 1er siècle mais ne s’appliquent plus de la même manière au XXIe siècle ?
Les articles qui suivent vous inviteront à réfléchir à ces diverses actions, au sens qu’elles avaient hier et celui qu’elles peuvent avoir aujourd’hui, à partir de ce qu’en dit l’Ecriture.
Jean-Pierre BORY