L’église locale : une communauté ?

 

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par Marie-Christine FAVE


 

La solitude s’incruste dans divers paramètres de vie ; on pensera naturellement aux célibataires, aux conjoints devenus seuls par veuvage ou par divorce, aux personnes âgées souvent isolées pour raison de santé, sans oublier les personnes souffrant d’un handicap. L ‘église locale ne peut ni ne doit rester insensible à ces situations.

 

Que proposer ?

 

A chacun de voir, bien sûr. Les lignes suivantes font simplement part de quelques témoignages recueillis auprès de Jean-Luc Tabailloux (CAEF Grenoble, rue Germain), Reynald Kuffer (CAEF Grenoble, rue Casimir Périer), et Christiane Wanner (CAEF « La Bonne Nouvelle » Strasbourg).

 

 

Pas encore au top, mais…

 

Tout d’abord, comme le souligne Jean-Luc, « on n’est pas parfait sur la question ». Peut-être auriez-vous envie de répondre : nous aussi ? Récemment, une personne m’expliquait sa difficulté pour trouver quelqu’un qui puisse amener au culte une dame qui a du mal à marcher, et pourtant son assemblée est grande … On ne peut regarder les besoins sans se sentir parfois découragé devant l’ampleur, ou encore déçu par un manque de réponse, et constater alors : il reste du chemin à parcourir…

 

Toutefois, « ceux qui sont dans l’église sont un peu moins seuls que ceux qui n’y sont pas. » assure Jean Luc. « Quand je suis arrivée à Grenoble, se rappelle Brigitte, handicapée suite à un accident, c’était une ville inconnue pour moi. Avec les voisins, on se croisait : un bonjour mais sans plus. S’il n’y avait pas eu l’église, j’aurais erré. Pour moi, assister au culte, c’est un rayon de soleil. Pendant deux heures, on se sent aimé, entouré. Il y a toujours quelqu’un qui me sourit, des personnes avec qui parler. On sent l’amour de Dieu à travers les chrétiens. »

 

 

Faire sa part comme on peut, quand on peut…

 

« On recommande de participer à une activité de l’église ou à un groupe de quartier, si c’est possible » affirme Jean-Luc. Pour Martine, veuve, maman seule, « le week-end avec les rencontres en petits groupes et le culte, c’est mon ressourcement, je refais le plein. » Jean-Luc soulève ainsi « la responsabilité de la personne seule : elle a le choix de s’enfermer ou d’aller vers les autres ». « Certains sont seuls, ajoute Reynald, parce qu’ils ont créé le vide autour d’eux, par l’amertume par exemple. ».

 

On ne peut évidemment pas généraliser, et malgré les efforts, il peut rester un poids et un sentiment de solitude. « La solitude est un état qui par définition isole, reconnaît Christiane. Elle enferme quelquefois, ce qui accroît le sentiment d’abandon. D’où la difficulté d’intégration et de participation ‘active’ à la vie de l’église ».

 

repas-2Pour Reynald, « certains ressemblent davantage à ces ‘pauvres’ que le Seigneur nous envoie ». Ils se débattent avec leurs difficultés, divorce, famille monoparentale… « On visite, on aide, ajoute Reynald. On essaie de prendre soin des solitaires. Il faut l’avoir vécu pour comprendre ce que c’est que de rentrer seul après le culte. Les familles ne s’en rendent pas toujours compte. Dans notre assemblée, nous organisons un repas en commun environ une fois par mois. Chaque famille apporte une, deux ou trois parts en plus pour les étudiants ou les personnes seules et invite à sa table dans l’église. Cela permet des échanges. Et pour les autres dimanches, les familles essayent d’inviter. »

 

 

Tisser de nouveaux liens…

 

« Les responsables du domaine ‘Action Pastorale’ dont je fais partie, explique Christiane, invitent à titre personnel les membres de l’Eglise pour partager un repas 2 ou 3 fois par an. L’objectif est de tisser et de renforcer les liens fraternels, d’approfondir les relations ébauchées lors du culte du dimanche matin et ainsi de développer le tissu fraternel en favorisant de nouveaux contacts entre les personnes.

 

Les initiatives sont basées sur une observation attentive et un contact fraternel soutenu qui m’aident à discerner les besoins. Ces repas réunissent en moyenne 20 à 30 personnes chaque fois. Ce nombre volontairement limité permet la qualité des échanges. Ces repas deviennent un lieu de vie où s’articulent nos différentes sensibilités et où s’établit la confiance.

 

Nous portons aussi une attention particulière à l’accueil et à l’intégration des personnes nouvelles qui fréquentent l’Eglise. Nous organisons à leur intention des rencontres autour d’un repas. C’est là que s’offre la possibilité d’échanges sur le plan relationnel et sur la vie de l’église et ses multiples facettes. Différents lieux de rencontres sont proposés : réunions d’études bibliques, de prières, groupes de quartier, de jeunes, de dames, de personnes âgées, chorale…, et chaque année une veillée pour Vivre Noël ensemble’.

 

Les visites aux personnes isolées sont régulièrement faites et une petite équipe s’y engage fidèlement. »

 

 

Les petites attentions…

 

« Je veille à manifester de l’affection aux personnes, souligne Christiane, et j’encourage les uns et les autres à construire des passerelles par le biais de petites attentions : cartes d’anniversaire, cartes de soutien et d’encouragement signées collectivement lors de rencontres, appels téléphoniques, courriels, sont autant ‘d’outils’ pour construire et maintenir les relations dans une confiance réciproque. »

 

 

Donner envie…

 


Pour en revenir à la question de l’aide dans ces divers services, Christiane se rappelle de l’une ou l’autre personne qui, à la suite d’un repas, lui déclare : « Je voudrais t’aider ». « Si une personne reçoit quelque chose, conclut Christiane, elle aura envie de reproduire. Il faut donner envie, faire goûter les avantages et les joies dans le service. Cela stimule. »

 

 

Trouver sa satisfaction en Dieu…

 

fille-lit-bibleSi nous devons veiller à ce que nos assemblées ressemblent de plus en plus à des communautés, à des familles, nous devons également « enseigner à trouver sa satisfaction en Dieu dans les temps de solitude » comme le souligne Jean-Luc.

 

M-C.F