Histoire des C.A.E.F.
Histoire des CAEF (1)
Les Frères : Coup d’œil sur leur histoire
Nos assemblées ne sont seules églises qui, dans l’histoire, ont désiré se constituer et vivre selon renseignement néotestamentaire ! Etre fidèle à l’esprit de la première église est un combat perpétuel contre toutes sortes de forces qui tendent à détourner les chrétiens de la simplicité évangélique, d’une stricte obéissance à l’Ecriture.
Définir le « modèle néotestamentaire » de l’église, l’église idéale, n’est pas chose aisée ! Ce qui s’est passé dans les premières semaines qui ont suivi la Pentecôte ne peut pas s’appliquer à une communauté dont la croissance et le fonctionnement doivent s’étendre sur des générations ; et les épîtres des apôtres ne décrivent pas une Eglise dotée de structures aux contours précis en vue de l’établissement d’une communauté type. Le Nouveau Testament ne nous annonce pas une nouvelle loi, mais une nouvelle alliance, celle de l’Esprit de liberté.
Toutefois cela n’autorise nullement l’anarchie, l’individualisme, le libre choix de fonctionnement et de discipline, à la manière de ce qui se produisait du temps des Juges, où chacun agissait selon ce qui lui semblait bon et juste. Des principes nous sont donnés, et nous sommes appelés à discerner l’esprit des enseignements scripturaires.
Tout au long de l’histoire, des points secondaires comme l’organisation, la direction, les cérémonies dans l’église, ont été compris et développés différemment par des hommes de Dieu à la personnalité et aux sensibilités diverses, mais dont la fidélité et la sincérité ne peuvent être mises en doute. Et à qui nous devons beaucoup, même si nous n’en sommes pas toujours conscients. C’est à leur suite, dans cette lignée de fidèles, que nous voulons résolument marcher.
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Sans entrer dans le détail, rappelons quelques grandes étapes capitales de l’histoire de l’Eglise, histoire dans laquelle nous nous inscrivons à notre tour :
L’EGLISE JUSQU’AU XVIème SIECLE
L’époque fondatrice, apostolique
De 40 à 70 après Jésus-Christ, les témoins directs du ministère terrestre de Jésus transmettent et transcrivent ce qui est nécessaire au développement de l’Eglise, ils rédigent le Nouveau Testament. C’est le temps où l’Asie Mineure et l’Europe du Sud sont évangélisées.
L’Eglise persécutée
De la fin du 1er siècle au début du IVe, les églises se multiplient et s’établissent tout en restant minoritaires dans la société. Les Pères définissent les fondements de la théologie chrétienne et réfutent les grandes hérésies surgies souvent du sein de l’Eglise elle-même (mise en question de la divinité ou de l’humanité de Jésus-Christ, doutes sur la personnalité de l’Esprit Saint) ; ils combattent aussi l’influence de pensées hétérogènes sur les convictions évangéliques qui sont tentées de s’amalgamer avec elles (rationalisme ou mysticisme ; philosophies et religions orientales).
L’Eglise dominatrice
A la suite de l’édit de Milan (313) proclamé par l’empereur Constantin, et sous ses successeurs, le christianisme devient religion de l’empire. Tout au long du Moyen Age, dans une des plus sombres périodes de l’histoire de l’Europe, l’Eglise s’impose comme une puissance religieuse et politique incontournable. Le christianisme devenu religion d’Etat, s’affadit, se corrompt par le pouvoir et l’argent (corruption du haut et bas clergé, attachement aux biens matériels, dépravation des moeurs, absence d’un enseignement biblique et de l’annonce du salut gratuit en Christ).
Toutefois il faut noter plusieurs essais de réforme intérieure, hélas sans lendemain (décrets pour la réforme des moeurs du clergé, création d’ordres religieux à la vie monastique sévère). La mission chrétienne porte l’Evangile en Europe du Nord, puis plus tard en Orient et jusqu’en Chine.
La Réforme
La redécouverte de la Bible par les LUTHER, ZWINGLI, CALVIN et autres réformateurs au XVIe siècle est à l’origine de la RÉFORME. Ce puissant mouvement, en divers pays, a tenté tout d’abord (comme son nom l’indique) de « réformer » de l’intérieur l’église (la catholique romaine, la seule existant alors en Occident). Rapidement rejetés et condamnés, ces hommes ont créé alors par la force des choses de nouvelles Eglises, luthériennes, réformées, surnommées protestantes, huguenotes, etc. Le l6ème siècle est un nouveau temps de persécutions, de souffrances, de deuils pour les croyants qui se heurtent à l’Eglise étatique et aux pouvoirs politiques qu’elle contrôle.
LES MOUVEMENTS EVANGELIQUES MODERNES
Dès la fin du XVIIème siècle, les églises nées de la Réforme doivent faire face à de nouveaux dangers : l’esprit critique, le libéralisme du Siècle des Lumières, qui mettent en doute les vérités révélées.
Au XVIIIe siècle, les Eglises protestantes sont devenues très formalistes, attachées à des structures, peu préoccupées de la prédication de la Bible, aussi bien en Angleterre que sur le continent. La philosophie s’est installée dans la pensée théologique ; les facultés de théologie donnent alors un enseignement marqué par une critique libérale négative mettant en doute l’authenticité et l’autorité des textes bibliques. « L’héritage des Réformateurs, plus ou moins sauvegardé dans les termes, était abandonné dans le fond » écrit un pasteur protestant, Jacques Courvoisier, qui va jusqu’à parler pour cette période de l’émergence d’une « civilisation a-chrétienne1 ».
Mais une succession de réactions évangéliques va secouer ces Eglises protestantes libérales.
Le piétisme
Au XVIIe siècle déjà, des hommes tels que SPENER, le comte von ZINZENDORF, prêchant une vie de piété personnelle renouvelée, ont créé de petites communautés en marge des églises protestantes officielles et parfois même dans leur sein (les « conventicules », les « petites églises » dans l’église). Ces petites églises moraves, attachées à l’Ecriture, cultivaient une vie de piété simple et vivante en accord avec leurs convictions. On les qualifiait de « piétistes ».
Au début du XVIIIe s., FRANCKE enseignait ce qui nous semble une évidence : « la nécessité d’une conversion radicale pour être chrétien2 ». ZINZENDORF fut le premier initiateur de la mission protestante parmi les populations non christianisées.
Cet homme de Dieu remarquable passa d’ailleurs quelques temps à Genève où son ministère donna naissance à une communauté morave qui rassemblait jusqu’à 600 personnes au milieu du siècle ! Cinquante ans plus tard, ce groupe de croyants, réduit à quelques dizaines de personnes, joua encore un rôle déterminant dans la naissance de la première Assemblée de Frères ! La fidélité de ces petites assemblées moraves eut des résultats que l’on oublie trop souvent : c’est aussi dans une de ces communautés à Londres que John Wesley, le père du méthodisme, s’était converti en entendant lire la préface de Luther écrite pour l’épître aux Romains3.
Les grands réveils du XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle toujours, en Angleterre, dans l’Eglise anglicane où la vie spirituelle est en sommeil, où l’on méconnaît la prédication de la repentance et de la grâce, les messages d’hommes de Dieu tels que George WHITEFIELD, puis John et Charles WESLEY, donnent naissance à un profond réveil4. Des centaines de communautés « méthodistes » se créent. Aux Etats-Unis, sur la côte Est (La Nouvelle Angleterre), ce sont les prédications de Jonathan EDWARDS, puis de Wesley encore, qui amènent à la conversion des milliers de personnes. Mais les autorités des Eglises officielles ne sont pas touchées. Pourtant, dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, naissent les missions étrangères qui connaîtront un développement extraordinaire tout au long du siècle suivant.
Nouvel affadissement de la foi
Au début du XIXe siècle, les Eglises méthodistes âgées de moins d’un siècle, délaissent déjà la prédication de la repentance. Quant aux Eglises protestantes traditionnelles, elles sont dans un triste état : devenues des organismes reconnus et bien établis, elles n’ont plus grande vie spirituelle. En France, « le rationalisme a gagné la partie5 », un libéralisme parfois dominateur les caractérise (A Paris, par exemple, on interdisait à la nouvelle Société des Missions Evangéliques créée en 1822 de tenir ses réunions dans les temples !).
Et c’est dans ce contexte-là, dans le premier quart du XIXe siècle, que surgissent de nouveaux mouvements de réveil, qui sont à l’origine des Assemblées de Frères et des Eglises Libres. Les Assemblées de Frères se situent dans la ligne de la Réforme calviniste. Pour respecter la chronologie, il nous faudra commencer par Genève.(à suivre6)
J.-P.B.
NOTES
1. Jacques Courvoisier, Brève histoire du protestantisme, (Delachaux-Niestlé, 1952), p.80-81.
2. Jacques Courvoisier, ibid, p.84.
3. J.-M. Nicole, Précis de l’Histoire de l’Eglise (Nogent : Editions de l’Institut Biblique), p.212.
4. cf J.M.Nicole, ibid., pp.218ss. ; voir aussi Paul Perret, Nos Eglises dissidentes, pp.21ss.
5. Jacques Courvoisier, ibid, p.99. 6. La suite de cène présentation de l’origine et de l’histoire de nos assemblées paraîtra dans les numéros suivants.