Unité de Dieu, unité du couple
Françoise Lombet, d’après Henri BLOCHER et Joe KAPOLYO
« Dieu créa les hommes pour qu’ils soient son image, oui, il les créa pour qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme » (Gn 1.27). Karl BARTH en conclut que la création à l’image se réfère à la sexualité.1 « Non que l’image consiste en la sexualité ; on doit plutôt comprendre que la différence mâle/femelle appelle l’homme au vis-à-vis comme Dieu lui-même existe dans le vis-à-vis (c’est l’explication du pluriel divin : faisons)2 ».
Joe KAPOLYO explique également3 : Pour définir l’image de Dieu, BARTH estime que la comparaison qui convient le mieux était celle de l’institution du mariage dans laquelle s’exprime la capacité de l’homme à aimer et à établir une relation. En effet, l’image de Dieu ne réside pas tant dans l’être humain que dans sa capacité à établir des relations avec les autres humains. Pour BARTH, la relation en forme de dialogue a une importance vitale.
Lorsqu’il a créé l’homme, Dieu l’a doté de la capacité d’établir des relations. Cela se justifie sur le plan exégétique, car en Genèse 1.27, les mots « à son image » sont interchangeables avec « homme et femme » ou hétérosexualité. Notre sexualité humaine n’est pas qu’un arrangement accidentel de l’espèce humaine, une manière commode de perpétuer l’espèce. Non, elle est au centre de notre véritable humanité. Notre sexualité, notre capacité à aimer et à être aimé est intimement liée au fait d’avoir été créés à l’image de Dieu.
Nous avons été créés pour avoir des relations qui, d’une manière ou d’une autre, devraient refléter celles qui existent au sein de la Divinité, à savoir des relations d’amour, de confiance et d’harmonie. L’annonce toute particulière : « Faisons l’homme » qui diffère des plus classiques « Et Dieu dit » indique-t-elle qu’il y a eu réflexion et échange entre les trois membres de la Divinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ? Faut-il voir dans cette formulation quelque chose de la Trinité ? C’est l’avis de Francis SCHAEFFER et de Joe KAPOLYO.
De plus, il y aurait dans la procréation un reflet de la création divine. L’homme et la femme sont séparément images de Dieu, et ils le sont ensemble en procréant comme Dieu a créé. Eve s’émerveillera de ce mystère (Gn 4.1).
Après la chute, l’homme reste l’homme, un être à l’image de Dieu, mais cette image est déformée. En Jésus-Christ, cette image est redressée.
L’image de Dieu ne s’accomplit ultimement que dans le vis-à-vis du Christ et de l’Eglise. L’homme est l’image de Dieu « terrienne ». En Jésus-Christ, Fils et Image, c’est à notre humanité que nous sommes rendus, images véridiques de notre Créateur, et plus qu’images : fils dans le Fils, par le lien d’une Alliance nouvelle.4
Françoise LOMBET
NOTES
1. Karl Barth (1960) « Dogmatique III-1 », Labor et Fides, Genève.
2. Henri Blocher (1979) « Révélation des origines », PBU, Lausanne, p 74.
3. Joe M. Kapolyo « L’homme, vision biblique et africaine », Farel, p 51-54.
4. Henri Blocher, op. cit. p 88.