Les implications relationnelles de la Tri-unité
par Reynald KOZYCKI
Nous pouvons nous demander pour quelles raisons Dieu nous révèle dans sa parole une certaine pluralité en son être. Est-ce une simple information pour nous confondre un peu dans notre logique humaine et nous dévoiler un aspect incompréhensible de son être ? Je ne pense pas, mais plus probablement, la réalité de la Tri-unité nous oriente sur le fait que nous avons été créés à l’image et la ressemblance de Dieu avec une dimension relationnelle forte.
Trinité et vie de couple
Dès le premier chapitre de la Bible, le ton est donné :
« Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance… Dieu (Elohîms) créa l’homme à son image : II le créa à l’image de Dieu, Homme et femme il les créa. » (Gn 1.26-27)
Ce texte dévoile l’unité et la pluralité d’Elohîms. Comme au verset 1, le mot Dieu est au pluriel, mais le verbe créer est au singulier. Si un pluriel de majesté peut se concevoir, en revanche l’utilisation du verbe faire au pluriel semble indiquer la présence d’au moins deux « personnes » en Dieu : « Faisons l’homme à notre image ». Le verset 27 nous apprend, qu’ensemble, homme et femme, il les créa à l’image de Dieu.1
Cette première description de l’être humain lève un peu le voile sur les mots « créés à l’image de Dieu ». Quelque chose d’incomplet apparaît en chaque être humain et appelle une relation avec au moins une autre personne, et, implicitement, avec Dieu lui-même. L’homme et la femme, dans le mariage, selon Gn 2.24, deviennent une seule chair. Le couple exprime ainsi, souvent même sans le savoir, une dimension divine, reproduisant quelque chose de l’unité en Dieu.
Les implications sont évidentes, mais tellement lourdes de conséquences. Les couples chrétiens, conscients de cette dimension, devraient, plus que les autres, manifester cette unité, cette recherche de communication vraie, d’écoute mutuelle, de cohérence, de communion, de liens profonds… Cette unité est appelée à se tisser et à se développer tout au long de la vie de ces deux personnes créées, ensemble, à l’image et à la ressemblance de Dieu.
En commentant Gn 2.24, Jésus dit : « Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » (Mt 19.6).
Trinité et vie d’Église
Le modèle de la Trinité ne s’applique pas seulement à la vie de couple. Dans sa prière sacerdotale prononcée le dernier soir devant ses disciples, un accent important est placé sur l’unité dans nos relations avec nos frères en la foi :
« Ce n’est pas pour eux seulement (ses disciples présents) que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un ; comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17.20-21).
L’unité parfaite qui existe entre le Père et le Fils (ainsi qu’avec l’Esprit, si nous lisons bien les chapitres 14-16 de Jean sert ici de modèle à nos relations entre disciples du Christ. Cette unité dépasse simplement la bonne entente entre chrétiens. Elle renvoie à l’union profonde que le Fils vit en son Père. Cette union est mise en parallèle avec l’union personnelle que nous avons en Lui (un peu comme les sarments sont unis au cep) et que nous avons avec les autres chrétiens authentiques.
De nombreux autres textes dans le Nouveau Testament insistent sur cette union ou communion à l’intérieur de la divinité qui devrait aussi exister entre les vrais croyants. Relisons simplement deux d’entre eux.
Pour l’apôtre Jean, le but de la vie chrétienne est de vivre en communion avec le Père et le Fils, ainsi qu’avec les autres chrétiens (1 Jn 1.3-7) : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils. Jésus-Christ… Si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché ».
Paul aussi accentue massivement l’importance de la communion entre frères et sœurs dans l’Église locale, et au-delà de l’Eglise locale, avec ceux qui professent et vivent cette communion avec la Trinité :
« Supportez-vous les uns les autres avec amour, en vous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous et en tous. » (Ep 4.2-6)
Donne-nous Seigneur de comprendre plus profondément cette communion intense qui existe à l’intérieur même de ton être, afin que nous grandissions dans l’unité et la communion dans nos familles et dans nos Églises ! Amen !
R.K.
NOTES
1. Voir l’article « Unité de Dieu – unité du couple » (page 21 de ce numéro) pour une interprétation originale de ce verset selon Karl Barth.